Le grand verdict du Grand Prix

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Grand Prix: the verdict - Editorial
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La 18e édition du Grand Prix d'Horlogerie de Genève (GPHG) a montré à nouveau son indépendance et affirmé la nature assumée de ses choix. Il s'agit de détecter et récompenser l'excellence.

Le 18e Grand Prix d'Horlogerie de Genève a décerné ses aiguilles et prix (voir le palmarès complet ici). Ce qu'il en ressort ne sera pas du goût de tout le monde et pour cause. Le Grand Prix d'Horlogerie de Genève n'est pas fait pour plaire à tout le monde. Il n'est pas fait pour être représentatif de l'industrie horlogère, mais de son excellence. C'est sa force, c'est sa raison d'être, et surtout c'est le produit de son indépendance. S'il fallait lui trouver un équivalent, allons le chercher du côté du cinéma. Il n'est pas les Emmy Awards, ni les Oscars, et encore moins le box-office. Il est en réalité le Festival de Cannes, dont il partage les aspirations, l'enracinement et le glamour.

A Cannes, le jury ne juge que sur la qualité cinématographique. Elle est subdivisée en catégories, mais ce que les membres recherchent est une forme d'excellence. Et peu importe si le film se transforme en succès populaire, comme Pulp Fiction, s'il devient une légende du 7é art, comme Apocalypse Now, ou s'il fait un four, comme Oncle Boonmee. Peu importe encore si le public comprend, si les producteurs applaudissent, si les distributeurs achètent. Il s'agit de discerner le meilleur. 

Alors quel est donc ce meilleur de l’horlogerie millésime 2018? Plutôt que de regarder chaque catégorie en détail, concentrons-nous sur quelques récompenses révélatrices. Commençons par la Palme d'Or, c'est-à-dire le Grand Prix de l’Aiguille d’Or, décerné à la Récital 22 Grand Récital  de Bovet. Ce qui y est récompensé est une adhésion sans relâche aux principes de l'inventivité et de la bienfacture horlogère. Cette montre est la suite logique de trois autres modèles, lancés au rythme d'un par année par Bovet, qui explorent les complications astronomiques avec une recherche d'affichage sans cesse renouvelée et dont Récital 22 est le point culminant.

Le grand verdict du Grand Prix

Le Prix de la Montre Homme, décernée au Chronomètre Contemporain d'Akrivia, récompense l'excellence de la démarche artisanale d'un horloger jeune et respectueux des standards les plus élevés de finition. En termes de style, le Chronomètre Contemporain n'est pas un Ovni, mais une pièce raffinée, masculine sans être macho, qui se regarde à l'endroit et à l'envers.

La catégorie Complication pour Dame est remportée par la Lady Arpels Planétarium de Van Cleef & Arpels. Même si le principe d'affichage des orbites des planètes du système solaire n'est pas inédit pour la marque, elle a réussi à y insuffler la part de narration qui distingue la création Van Cleef & Arpels. La complication mise au service d'une histoire féminine, féerique et astronomique, est un haut fait.

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Car les prix de complications ne sont pas faits pour récompenser les plus grandes complications. La question est plus complexe. C'est pourquoi le Prix de la Complication pour Homme a été décerné à Laurent Ferrier et sa Galet Calendrier Annuel Montre Ecole. On pourrait dire que c'est seulement un calendrier annuel. Mais derrière, on retrouve la profonde démarche horlogère de Laurent Ferrier. C'est beaucoup son opiniâtreté qui est récompensée, lui qui creuse son sillon de haute horlogerie indépendante en toute sobriété et discrétion.

Le Prix de la Montre Chronographe s'explique certainement le plus aisément de tous. Le chronographe est un domaine sur lequel l'innovation est pauvre dans l’industrie actuelle. La Singer Reimagined Track1 sort tellement du lot, par son apparence, par sa construction, par son fonctionnement, qu'elle tombait presque sous le sens. 

Pour le Prix de la Chronométrie, il faut regarder la chose sous le même biais. De Bethune est un vrai laboratoire d'innovation technique. Que la DB25 Starry Varius Chronomètre Tourbillon soit d'une précision exceptionnelle n'est pas tant la question. Il s'agit plutôt de regarder les moyens mis en œuvre. Dans cette montre, ils sont nombreux, imaginatifs, innovants et des principes fondateurs du style horloger De Bethune.

Greubel Forsey ne tutoie que les sommets. Alors quand la marque s'est mis en tête de créer sa Grande Sonnerie, qui est la complication la plus extrême de tout le registre horloger, le résultat ne pouvait être qu'exceptionnel. C'est donc un sommet de complexité horlogère doublée d'une qualité d’exécution rarissime qui a reçu le Prix de l'Exception Mécanique. 

Il y avait du monde au portillon pour le Prix de la Montre Sport. En récompensant Seiko, le jury a su lire la richesse de l'histoire de la montre de sport japonaise. En particulier, Seiko livre avec constance des montres de plongée à tous les niveaux de gamme, de profondeur, de technicité. La Seiko Prospex 1968 Diver's Re-creation est une parfaite synthèse de la production actuelle de la marque japonaise et de sa force. 

Le grand verdict du Grand Prix

Le Prix de la Montre Joaillerie est allé à la Van Cleef & Arpels Secret de Coccinelle. C'est une scène de campagne, mais en lieu et place de végétation et de coccinelle, ce sont des rubis, des émeraudes et des tsavorites qui composent ce brin d'herbe. A nouveau, derrière l'objet se niche une histoire, faite de symboles et de détails, racontée avec un vocabulaire propre, un style lisible. 

Le Prix de la Petite Aiguille a pu en surprendre plus d'un, tant Habring2 est une marque petite et fréquemment présente dans le palmarès du Grand Prix. Mais un peu de recul suffit à comprendre : un chronographe à rattrapante, de dimensions totalement portables, avec un mouvement maison, à ce prix-là... Pas besoin d'en dire plus sur la Doppel-Felix.

Le Prix Challenge est en quelque sorte la petite petite aiguille. Il récompense une montre qui en fait beaucoup en facturant encore moins. C'est le credo que Nomos a chevillé au corps. La Tangente Neomatik 41 Update a aussi reçu ce prix au nom d'autres gammes très très abordables et toutes avec des calibres faits par la marque.

Le Prix Spécial du Jury, prix libre, hors nominations, est décerné à une personne ou une institution, et il est allé à M. Jean-Claude Biver. En quasi-retraite, l'homme a contribué par sa vision à la relance de l'horlogerie mécanique haut de gamme et a posé les jalons de l'horlogerie moderne telle qu'elle s'exprime depuis 20 ans. Il l'a fait sur un créneau très haut de gamme, essentiellement avec Blancpain et Hublot. A nouveau, le Grand Prix a montré son attachement à l'excellence horlogère...

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