Plus haut, plus fort, plus beau

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Jumping higher, better and further - Jumping indications
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Les aiguilles avancent lentement. On dit qu'elles sont trainantes. Sauf quand elles sautent et ouvrent le champ des possibles

Lancés ces dernières semaines, deux modèles braquent les projecteurs sur une spécialité horlogère très particulière, les heures sautantes. La Chopard L.U.C Quattro Spirit 25 d'une part et la Reverso Tribute Nonantième de l'autre, réactivent le principe de l’heure digitale, qui ne bouge pas pendant une heure.

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En effet, l'heure sautante bondit d'un coup, après être restée en place pendant 59 minutes et 59 secondes...enfin, 55 minutes dans le cas de la Reverso qui glisse discrètement pendant 5 minutes car elle est en réalité semi-sautante. De son côté, la L.U.C apporte son lot d'originalité avec une durée de marche de 8 jours, ce qui est particulièrement rare dans le domaine, et une fenêtre d'affichage décalée à 6 heures, alors que la tradition veut qu'elle soit plutôt à midi.

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L'indication qui est le plus souvent sautante est en réalité la date. Mais on ne le remarque même plus tant le fait est évident. Non, pour entrer dans le vif du sujet, il faut arriver à l'étage du dessus, l'heure sautante. Sa popularité fluctue mais sa longévité est indéniable et le regain d’intérêt de 2021 n'est ni le premier, ni le dernier.

Mais les heures ne sont pas les seules à bondir. En réalité, on peut remplacer n'importe quelle indication trainante par son équivalent sautant. Pour ceux qui l'ont choisi, la moisson de louanges est potentiellement énorme. Il suffit de voir l'importance qu'a pris la A. Lange & Söhne Zeitwerk, qui affiche heures et minutes (et maintenant, la date) sur des disques sautants. Elle est proportionnelle aux moyens déployés pour réaliser cette montre qui n'a plus d'équivalent (ses homologues de chez Journe et DeWitt sont hors catalogue).

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La troisième indication au palmarès est un autre tour de manche. La seconde morte, ou seconde vraie, remplace l'avancement régulier de la trotteuse par un saut net de seconde en seconde. En réalité, cette aiguille effectue, sur les montres mécaniques classiques, un grand nombre de petits sauts ,proportionnel à la fréquence du mouvement. Un calibre à 4 Hz fera sauter sa trotteuse 8 fois par seconde, ce qui crée une quasi fluidité.

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Pour sauter à chaque seconde, l'aiguille centrale a besoin d’être fixée sur un dispositif qui la retient, et la relâche 60 fois par minute. Arnold & Son avec sa DSTB et Jaquet Droz avec sa Grande Seconde Morte l'ont mise en oeuvre. Plus récemment, Ferdinand Berthoud l'utilise dans son Chronomètre FB2RE, selon la modalité du triangle de Reuleux.

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Mais n'oublions pas la grande famille des rétrogrades, à mi-chemin entre le trainant et le sautant. Pendant toute la durée de leur cycle (jour, date, seconde, mois, semaine, on en passe et des meilleures), ils avancent lentement. Et à la fin de leur parcours, ils sont ramenés en arrière d'un coup d'un seul pour reprendre leur course. C'est ainsi que l'Octo Finissimo Perpetual Calendar donne la date.

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En trame de fond de ces questions esthétiques et du plaisir qu'elles offrent, les indications sautantes sont aussi un enjeu technique, centré sur la question de l'énergie. En effet, pour sauter, il faut prendre de l'élan et ensuite, ralentir. Cela commence au moment dit et s’arrête dès que la position suivante est atteinte. Pas de tremblement, pas de décalage, le geste doit être propre, net, maitrisé.

Cela signifie armer un ressort pour propulser, lentement pour ne pas confisquer de la force aux autres organes du mouvement (l’échappement en particulier), puis le relâcher et enfin, utiliser un autre ressort pour stopper. Comme en athlétisme, le saut est une question d'élasticité, de timing et de spectacle. Et il est un gros consommateur de force.