Diriez-vous que l’évolution de la Dubai Watch Week va de pair avec celle de Czapek ?
Absolument ! Je dirais qu’il y a 50% de gens en plus ici aujourd’hui que lors de la dernière édition. Il n’y a pas eu d’arrêt. Il y a deux ans, c’était le début de l’engouement pour Czapek. J’utilise ce terme parce qu’il est à la fois négatif et positif, car ce qui se passe avec les montres indépendantes est positif, mais aussi dangereux. Le succès est comme le feu : il peut vous cuire un repas et vous réchauffer, mais il peut aussi vous brûler. Donc c’est ce que j’ai appris pour canaliser le succès en une croissance progressive.
Comment restez-vous du côté positif des choses ?
La clé est de ne pas exagérer l’engouement, de jouer la carte de la sobriété, de ne pas lancer trop d’Antarctiques par exemple. Nous avons effectué des lancements dans d’autres domaines, avec la Quai des Bergues, la Complicité et la Place Vendôme, et nous conseillons aux gens de prendre leur temps.
Lors de l’introduction de l’Antarctique à la dernière Dubai Watch Week en 2021, nous produisions 150 montres, puis nous sommes montés à 1'000, puis 2'000. Je discutais avec un de mes contemporains d’une autre marque indépendante qui m’a recommandé d’être prudent, il m’a raconté qu’il avait vu 2'400 commandes disparaître du jour au lendemain. Et il avait raison. C’est comme traverser l’océan sur un petit bateau. Il faut surfer sur les vagues, vous ne pouvez pas lutter contre le courant. Tout ce que vous pouvez faire c’est de gérer le vent et les vagues de façon qu’ils ne vous brisent pas.
Est-ce important pour vous de rester petit et agile pour pouvoir changer de direction si nécessaire ?
Exactement. Par exemple, le meilleur nombre d’employés pour l’entreprise se situe entre 30 et 35. Cette année nous finirons l’année avec 25 collaborateurs, nous savons exactement ce qui nous manque et nous engagerons ces talents-là, mais lentement.
Vous disposez d’une communauté incroyablement forte et nombre de ses membres sont ici à la Dubai Watch Week. Vous aident-ils à obtenir un important feedback ?
Oui, on apprend beaucoup grâce à eux. Le jour où j’arrêterai de venir à la Dubai Watch Week ce sera un très mauvais signe pour Czapek. Ici c’est un marché rapide, c’est un marché qui aime les nouveaux produits, où le consommateur final est au centre des choses. C’est pourquoi nous tous qui sommes chefs de produit, directeurs artistiques, CEOs, etc., qui concevons des montres pour les consommateurs, nous devons être ici.
Voyez-vous des tendances émerger ?
Des tendances émergentes et c’est très intéressant. Parfois cela ressemble un peu à la haute couture, parce que cela change constamment. J’ai travaillé dans la haute couture avec Cifonelli, du côté masculin, qui est plus cool, moins dur et plus relax. Du côté féminin, c’était juste, wow ! A mon avis, c’est ce qui est en train de se passer. Le marché se dirige vers ce niveau de rapidité, de créativité, de fantaisie et de liberté, c’est vraiment bien. C’est pourquoi il faut que nous soyons présents ici.
Allez-vous dévoiler de nouvelles montres ?
Oui, nous lançons l’Antarctique Royal Onyx avec un cadran en onyx noir et des index en saphir naturel bleu, ce qui est assez unique et rare. Les gens adorent. Ce modèle vient de Mohamed chez Mansour Jewellers. Nous étions juste en train de discuter et nous étions très ouverts. Nous avons ce slogan « Collecting rare people » (collectionner des personnes rares). Mais nous ne voulons pas dire qui est assez rare et qui ne l’est pas. Nous ne sommes pas ici pour juger. C’est un voyage, ceux qui veulent monter dans le train sont les bienvenus. S’ils respectent nos collaborateurs, notre transparence, notre intégrité, etc. alors travaillons ensemble. C’est un état d’esprit. Alors Mohamed était là et il a dit : « Pouvons-nous faire une montre ? » et j’ai répondu : « Génial, allons-y », et nous avons créé quelque chose de vraiment extraordinaire.
