Elle nous manque : Zenith Espada

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The one that got away: Zenith Espada - Zenith
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Une Zenith à 5 Hz qui n'est pas un chronographe ? Un calibre El Primero déchronographié ? L'Espada était aussi 70's qu'impossible à valoriser. Portrait d'une montre géniale, mais condamnée d'avance

Il y a longtemps, bien longtemps, Zenith avait lancé un objet intermédiaire entre chronomètre et chronographe. Chronomètre beaucoup, parce qu'elle était simple et précise, à trois aiguilles. Chronographe un peu, parce que son mouvement était une version simplifiée de son calibre phare, incontournable, El Primero. Je m'explique.

Ce qui rend El Primero spécial a d'abord été qu'il s'agit, à son lancement en 1969, du premier calibre de chronographe automatique intégré. C'est à dire qu'il n'est pas constitué d'un mouvement de base sur lequel s'ajoute une plaque fonctionnelle qui accomplit les fonctions de chronographe Avec le temps, les calibres de chronographe automatique se sont multipliés, dont certains sont intégrés. Ce qui est resté comme caractéristique saillante du El Primero est sa fréquence d'oscillation de 5 Hz. Il est resté des décennies seul à fonctionner à 36 000 alternances par heure. Puis il a été rejoint par une petite poignée de mouvements, dont le plus connu aujourd’hui est la famille des Hi-Beat de Grand Seiko.

La marque a décidé, en 2012, de s'en servir pour inventer autre chose : une montre haute fréquence qui n'est pas un chronographe. Ce sera donc l'Espada. 

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L'idée était bonne sur le papier, mais ce fut un échec commercial. En 2014, elle sera rebaptisée Synopsis et gagnera au passage un cœur ouvert sur l'échappement, comme Zenith le pratiquait alors encore. Cette seconde version, plus Zenith dans l'âme mais moins belle, était la preuve que l'originale n'avait pas fonctionné. Elle-même ne restera pas longtemps au catalogue, même si elle rappelait sur son cadran le nom El Primero, ce qui ajoutait certainement à la confusion. La preuve était faite, par l'absurde en quelque sorte, que El Primero est un chrono et c'est tout. Les amateurs n'en voulaient pas autrement.

Elle nous manque : Zenith Espada

Mais au fait, comment avaient-ils fait ? Un mouvement intégré peut-il se désintégrer ? Oui, et en l'occurrence cela l'avait fait exploser en plein vol. Pour réaliser le calibre 4650B, Zenith avait pris les bases du El Primero sans lui mettre les composants qui le rendent chronographe. Simplifié, repensé partiellement, il s'agissait d'un calibre de 5,58 mm d'épaisseur, 30 mm de diamètre, à 50 heures de réserve de marche et toujours à 5 Hz. Un El Primero déchronographié, ou non-chronographié, selon que l'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide. Il avait même une ancre en silicium, alors une vraie rareté. Et une très grande trotteuse centrale qui pointait vers une échelle des secondes à la très fine graduation, lecture du 10e de seconde oblige.

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En termes de style, j'avoue avoir eu un faible pour cette montre. Pas seulement pour ses capacités techniques. L'Espada était une bête de course en habit de soirée. Elle était la résurgence d'un modèle des années 1970, un style qui n'avait pas encore fait son retour sur la scène horlogère, trop occupée alors à regarder du coté des années 60. Ses index rectangulaires en applique, son guichet de date en applique biseauté et asymétrique, sa minuterie séparée de l'échelle des secondes, tout cela avait un air nostalgique qui n'était hélas pas le bon. L'Espada se plaçait sur un créneau intelligent, assez sophistiqué, que Zenith a essayé de prendre, sans succès.

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