L'art du temps long

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The Art Of Patience - Trilobe
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Trilobe ne présentera rien aux Geneva Watch Days. Gautier Massonneau le revendique...et s'en explique

Quoi de neuf chez Trilobe ? « Rien », éclaire Gautier Massonneau. L’homme sait ce qu’il fait : pas comme tout le monde. Comme bon nombre d’indépendants qui, depuis une quinzaine d’années, fustigent en coulisse le nombre croissant et dorénavant effréné des salons horlogers : avec deux éditions de Watches & Wonders et son parallèle Time to Watches, la Dubai Watch Week, JCK, parmi d’autres (LVMH Watch Week), les marques n’ont pas le temps de poser leurs collections. Trilobe ne fait pas exception. 

Objectif production

Pour une marque qui revendique « prendre son temps », il va donc falloir s’armer de patience. La nouvelle création de la marque, Une Folle Journée, n’a aucune difficulté à convaincre. « Nous avons une forte demande mais, comme bon nombre de confrères indépendants qui ont le vent en poupe, nous avons-nous aussi du mal à produire », explique Gautier Massonneau. « La pièce est assez complexe, et il y a évidemment des tensions chez les fournisseurs, ce n’est un secret pour personne. Nous livrons, mais au compte-goutte ». 

Cette séquence ‘annonce – commandes – livraisons’ est incompressible si l’on n’a pas sous la main son propre appareil de production 100% intégré. Ce qui est le cas de Trilobe, qui fait appel à un réseau de sous-traitants. La marque est de surcroît exigeante envers eux : malgré ses faibles volumes, elle leur adresse bon nombre de demandes de personnalisation. « Cela fait partie intégrante de Trilobe », explique Gautier Massonneau. « Nous racontons une histoire. Une gravure ou un bracelet, c’est la base de la personnalisation. Nous le faisons d’office. Trilobe va plus loin, notamment avec notre collection Secret qui reproduit le ciel étoilé au moment et lieu de son choix. Et nous étudions encore beaucoup d’autres pistes ». 

Trilobe : L'art du temps long

Une question de rythme

On l’aura compris, les annonces Trilobe des Geneva Watch Days, ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui, mais ce qui se passera demain. En termes de matériaux, Gautier Massonneau veut explorer au-delà de l’or et de l’acier. « Nous pensons à des alliages, au saphir ». L’homme reste évasif et s’explique par une étonnante métaphore électrique : « nous montons nos projets en parallèle. Chacun avance à son rythme. L’horlogerie est une industrie perpétuellement en retard ! Les projets aboutissent suivant la cadence qui est la leur, et nous communiquons quand ils sont mûrs. Vouloir séquencer ses projets en série, c’est la certitude d’aller dans le mur ». 

Trilobe : L'art du temps long

Bientôt une nouvelle complication

Autre conviction que partage Gautier Massonneau : Trilobe n’augmentera ses volumes que très progressivement. « Nous avons de la demande, mais commander les pièces par centaines ou milliers d’avance, c’est se condamner à faire des avances de trésorerie massives sur le long terme pour lancer la production, avant même de pouvoir vendre. Nous trouvons qu’il y a des manières plus ciblées d’investir dans l’avenir ». 

Parmi les pistes, outre les matériaux déjà évoqués, Trilobe travaille sur une nouvelle complication. Elle serait attendue pour Watches and Wonders 2023, soit dans à peine six mois. « Nous finalisons une complication qui offre un affichage différent », glisse Gautier Massonneau. Trilobe privilégiant le temps long, on exclut le chronographe...au profit d’une phase de Lune ? D’un calendrier ? Les paris sont ouverts. 

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