L’exercice impossible ?

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An impossible exercise? - Moon phase
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La pleine Lune, c’est aujourd’hui, 18 août ! Exercice de style depuis le XVIIe siècle, la Phase de Lune peine (parfois) à se renouveler. Malgré tout, quelques audacieuses maisons en proposent des interprétations remarquables.

On peut inventer des montres rondes, carrées, rectangulaires ou de n’importe quelle forme. Une phase de lune, c’est plus compliqué : qu’on le veuille ou non, notre Lune est ronde et suit un rythme immuable dans un ciel qui – espérons-le ! – ne changera lui non plus jamais. La marge créative est donc pour le moins réduite.

Pourtant, les horlogers rivalisent de talent pour renouveler cet exercice avec toujours plus d’ingéniosité. Au rythme des brevets qui tombent dans le domaine public ou de matériaux nouveaux, certains modèles offrent une vue rafraichissante du sujet. Comment ?

Lune baladeuse
Première variable : l’emplacement. L’immense majorité des phases de lune la situent à 6h, mais quelques rares maisons la déploient majestueusement à midi, au centre du cadran. Perrelet a défriché la voie avec la bien nommée « Grande Phase de Lune centrale ». Sa cousine L. Leroy, liée à elle par IMH, a d’ailleurs proposé en son temps une Osmior agencée sur le même principe. L’idée d’une Phase de Lune à midi n’était pas nouvelle (Cartier en 1987 avec la Pasha), mais une telle ouverture sur le cadran fut une réelle nouveauté.

Dans le même sillage, Harry Winston a dévoilé dernièrement un Premier Moon Phase de 36 mm qui place la Lune véritablement au centre géométrique du cadran – un exercice aussi audacieux qu’esthétique. Plus abordable, Baume & Mercier a effectué le même exercice sur sa Classima Femme Phase de Lune.

Harry Winston Premier Moon Phase Baume & Mercier Classima Femme Phase de Lune

Enfin, on note quelques emplacements plus exotiques, principalement en horlogerie alémanique. Pourquoi ? Nul ne le sait ! On découvre toutefois le cas chez IWC (Portofino 5251, à 3h), chez A. Lange & Söhne (lune à 7h sur la Lange 1 Tourbillon Calendrier Perpétuel Handwerkskunst, à 5h sur la Grand Lange 1 Moonphase), ou chez Glashütte Original (à 10h sur la Senator Panorama Date Moon Phase).

Glashütte Original/A. Lange & Söhne phases de lune

Lune cosmique
Deuxième variable, les matériaux. Louis Moinet est passé maître dans l’art des cadrans interstellaires. Sur sa Stardance, la lune est composée de fragment de météorite, une Enstatite EH3, naturellement riche de nano-diamants. La maison a réédité l’exercice avec l’AstroMoon, dont la complication éponyme est là encore composée de véritables fragments de météorite lunaire. Poétique et unique !

Louis Moinet Stardance

En marge, on note la très réussie « Phase de Lune » de Lebeau-Courally, qui est à ce jour la seule de ce type réalisée intégralement en émail grand feu. Un exercice délicat pour surface très réduite mais qui reproduit à merveille le caractère irrégulier de la Lune.

De retour sur Terre, les lunes minérales sont plus fréquentes. On regarde du côté de Piaget (mouvement 640P, en lapis-lazuli), Chanel J12 Moonphase (aventurine) ou encore Omega (Speedmaster Moonphase, aventurine et nacre).

Inclassable Lune
Dans une troisième catégorie, on trouve des développements plus audacieux, qui n’entrent dans aucune case. Par exemple, Cartier, avec sa « Lune à la demande ». Le principe est le suivant : sur sa Rotonde de Cartier Terre et Lune, c’est l’utilisateur qui choisit lui-même de faire apparaître la phase de lune en actionnant un poussoir qui vient déplacer un disque au-dessus du tourbillon, qui figure la lune. Ingénieux et créatif !

Chez Bovet, la Shooting Star offre deux cercles fixes (hémisphères Nord et Sud) sous lesquels se déplace la Lune telle que l’on la voit depuis ces points. Enfin, chez Jaquet Droz, on note une lune fixe au dessus de laquelle se déplace un cache qui vient progressivement la masquer. Un point de vue original, mais en réalité le plus conforme à ce que nous voyons depuis la Terre !

Jaquet Droz Eclipse Aventurine & Bovet Shooting Star