L’héritage de Pallweber

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Pallweber’s legacy - Digital-display watches
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Coup d’oeil sur la “Tribute to Pallweber” d’IWC et quelques autres montres semblables.

Josef Pallweber était un horloger autrichien qui fit breveter en 1883 un affichage digital des heures sautantes pour montres de poche. Il vendit ses licences à Cortébert Watch, qui furent les premiers à le mettre en œuvre dans une montre de poche, et à IWC, dont les montres de poche à affichage numérique eurent le plus de succès, avec quelque 20’000 exemplaires produits à partir de 1885. Le succès fut toutefois de courte durée, car l’engouement pour ce type de montres (peut-être en avance sur leur temps) s’estompa peu à peu. Cette année, IWC introduit pour la première fois cette fonctionnalité unique dans une montre-bracelet avec heures et minutes digitales. Réalisée à l’occasion du 150ème anniversaire de la marque et disponible en éditions limitées en platine (25 pièces), or rouge (250) et acier inoxydable (500), elle porte le nom de «Hommage à Pallweber», les droits au nom Josef Pallweber appartenant à une autre marque suisse qui fabrique des montres avec un design similaire à celui de Pallweber, mais sans toute leur complexité technique.

L’héritage de Pallweber

Les mécanismes sautants sont de gros consommateurs d’énergie, et inclure trois disques différents dans un même mouvement est risqué. IWC a toutefois amélioré la technique brevetée originale de Pallweber en utilisant un rouage séparé incluant son propre barillet pour alimenter le disque des minutes. Un mécanisme de déclenchement relie ce dernier au barillet principal du mouvement toutes les minutes, pour faire avancer le disque des minutes. Une démultiplication simple est ensuite mise en oeuvre pour entraîner le disque des dix minutes et la roue des heures (disque de 60 minutes). Avec ce nouveau système, l’énergie du mécanisme principal de la montre n’est pas entamée par celui des roues alimentant les disques.

L’héritage de Pallweber

Il existe deux autres montres antérieures à la Hommage à Pallweber, qui lui ressemblent esthétiquement, mais pas fonctionnellement. La WW1 Heure Sautante de Bell & Ross, lancée en 2012, était également proposée en platine. Les heures y sont aussi indiquées à midi, mais c’est le seul point commun avec le design de la Pallweber, car les secondes sont affichées de manière traditionnelle, par une aiguille centrale, et il y a un indicateur de réserve de marche à 6 heures. À l’époque, Bell & Ross avait choisi de montrer l’indicateur de la réserve de marche précisément à cause de la grande énergie nécessaire à l’alimentation du disque des heures sautantes.

L’héritage de Pallweber

Pour son tout premier calibre interne de montre pour homme, Chanel a choisi quelque chose de similaire et n'a pas hésité à accumuler les difficultés. Son bien-nommé Calibre 1 offre un indicateur des heures sautantes inhabituellement situé à 6 heures, un sous-cadran central des secondes tout aussi singulier, et au-dessus, un compteur des minutes rétrogrades excentrée se déployant sur 240 degrés, qui nécessite également beaucoup d'énergie pour le saut de 59 minutes à 0. La finition du mouvement porte la griffe Chanel, avec des revêtements noirs sur la platine et tous les ponts, et des composants mobiles rhodiés. Deux barillets montés en série garantissent à la montre Monsieur de Chanel équipée de ce mouvement une autonomie de 72 heures.

L’héritage de Pallweber

Ces trois montres me font un peu penser au tourbillon central. Non pas par leur design, mais à cause de leur rareté. Le brevet du tourbillon central n'a expiré que relativement récemment, alors que celui de Pallweber date de la fin du 19ème siècle. Pourtant, il n’existe qu’une petite poignée de montres de ce type. Dans les deux cas, je me demande dans quelle mesure les raisons de leur rareté sont dues à leur complexité technique et/ou au manque d'intérêt des consommateurs.

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