Deux pièces de haut vol pour collectionneurs avertis

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Two High-Calibre Watches for seasoned Collectors - H. Moser & Cie.
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La manufacture de Schaffhouse dévoile une Pioneer et une Endeavour pour public averti – l’une par son esthétique, l’autre par sa technique

Il y a des montres pour le grand public, et il y a des montres pour connaisseurs. La Pioneer Cylindrical Tourbillon Skeleton de H. Moser & Cie appartient définitivement à la seconde catégorie. Outre son aspect sculptural qui exige une certaine maturité esthétique, la pièce emporte un tourbillon cylindrique...qui mérite quelques précisions. 

Il est inventé par Georges Graham vers 1720. L’homme est horloger autant qu’astronome, proche de John Harrison, et spécialiste des échappements. Le spiral cylindrique sera son grand-œuvre, même si l’on lui prête également l’invention de l’aiguille indépendante des secondes. 

Deux pièces de haut vol pour collectionneurs avertis

Spiral cylindrique : de quoi parle-t-on ? 

Le spiral cylindrique, comme son nom l’indique, se déploie dans un volume vertical, comme un ressort que l’on tiendrait par le haut et dans le vide. Il ne fonctionne donc pas comme un échappement traditionnel qui se déploie à plat, dans un plan à deux dimensions. 

En pure théorie, le spiral cylindrique efface donc par nature le problème d’excentrisme qui handicape le spiral à plat – le fait que son centre de gravité se déplace constamment, pour simplifier. Mais là n’est pas l’essentiel : le spiral cylindrique se déploie surtout de manière concentrique et parfaitement symétrique. 

Il est donc en théorie facteur d’une plus grande précision. Mais dans les faits, de nos jours, la différence d’isochronisme entre un spiral traditionnel « à plat » bien réglé et un spiral cylindrique, est quasiment imperceptible. Et il y aurait même un inconvénient au second et que le premier n’a pas : dès que la montre prend de l’angle, ses spires peuvent se mettre à reposer les unes sur les autres, à se toucher, et donc à en dégrader les performances. Raison pour laquelle le spiral cylindrique se trouvait essentiellement...dans des horloges, tenues le plus à plat possible. 

Dispensable, mais impressionnant

Aujourd’hui, sa valeur ajoutée chronométrique dans une montre-bracelet est donc discutable – du moins dans des marges qui ne concernent pas le collectionneur lambda. On en a vu battre au sein de la Montblanc Collection Villeret 1858 (Tourbillon Bi-Cylindrique, en l’occurrence), comme au sein du Calibre 995 de chez Jaeger-LeCoultre (Master Grande Tradition). 

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En revanche, son impact visuel reste détonnant. Et la maison la plus récente qui en a fait usage est...H. Moser & Cie, avec son Endeavour Cyindrical Tourbillon, co-créée avec MB&F. Aujourd’hui, la marque le présente dans une boîte Pioneer. L’entrée dans cette collection signe une montre plus moderne, plus robuste – d’où une boîte acier et une étanchéité de 120 mètres. H. Moser & Cie a accentué ce parti pris contemporain en lui offrant une exécution squelette, impressionnante sous un verre saphir légèrement bombé, auquel répond le sous-cadran également incurvé et rehaussé de monolithes de Globolight. Le fait d’avoir squeletté son mouvement permet également à la manufacture d’en accroître la dimension spectaculaire, au sens propre – qui offre un véritable spectacle – avec une mention spéciale pour la masse oscillante, d’une finesse rarement atteinte. 

Un dernier vert pour la route ? 

En parallèle, H. Moser & Cie offre une variation inédite de son cadran fumé. Ce qui pourrait n’être qu’un détail pour la plupart des marques ne l’est pas pour Moser, elle qui l’a remis sur le devant de la scène horlogère, entrainant derrière elle la quasi-totalité du reste de l’industrie. 

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Avec le modèle Endeavour Centre Seconds Concept Lime Green, on retrouve la signature esthétique de la maison : pas de marque, pas de logo, trois aiguilles centrales et une boîte de 40 mm, en l’occurrence en acier. Mais l’essentiel est ailleurs : dans le procédé de fabrication de cette finition Lime Green. H. Moser & Cie en explique le procédé, qui repose sur le principe de l’émailllage : « Partant d’une base en or sur laquelle un motif est grené, comme martelé, trois couleurs différentes de pigments (...) très finement broyés sont appliqués en dégradé. Il faut environ une heure à l’artisan émailleur pour déposer délicatement les pigments, les disposant un à un de manière à ce que les couleurs s’oxydent et fusionnent, sans toutefois pixelliser, lors du passage au four. Au total, douze cuissons sont nécessaires pour obtenir un cadran en émail grand feu translucide ». 

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Le résultat est unique. On retrouve la sensation du « Frosted Gold » d’Audemars Piguet, mais avec un rendu bien différent propre à l’émail grand feu. Le cadran est texturé, offre un léger volume de surface, et la couleur est très...Moser ! Une pure incarnation de ce que la manufacture aime être : de la belle horlogerie créative et décalée, pour initiés. 

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