Les bandes bleues et la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes

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Blue stripes and the Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes - Why not...?
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Notre collectionneur vous emmène faire un tour dans l'univers des courses automobiles aux codes couleurs si emblématiques.

Pacific Coast Highway, direction Newport Beach. Samedi 29 juillet. Le trafic est dense mais tolérable. À ma droite, de superbes maisons accrochées à la falaise ; à ma gauche, un enchaînement de petits restaurants qui donnent sur la baie. On peut apercevoir quelques paddles, de frêles voiliers qui côtoient de gros yachts amarrés aux pontons de l’île du Lido. Et soudain, un bruit rauque, venu d’une mécanique pas forcément subtile, mais certainement puissante. Dans le rétroviseur, je distingue sa forme particulière et le serpent sur le capot. Une Mustang Shelby !

Si la région d’Orange County est riche en belles voitures, on croise rarement des Shelby. Celle-ci est ma préférée, blanche avec des « Racing Stripes » bleues.

Dans mon siège passager, Gabriel - avec qui on joue souvent à celui qui trouvera la plus belle voiture – m’annonce ma victoire. J’ai crié le nom Shelby avant lui ! Et puis, il pose une question qui sera à l’origine de cet article : « Papa, pourquoi elle a des bandes de couleur ? »

C’est vrai. Bonne question ! Pourquoi donc ces bandes ? Et pourquoi sont-elles particulièrement associées aux voitures de sport américaines ?

Avant de chercher la réponse, je regarde passer la Ford. Pour je ne sais quelle raison, elle me fait penser à Michel Vaillant, ma BD favorite. En quelques secondes, je visualise le pilote héros français, son ami Steve Watson et toutes ces Vaillante blanches ou bleues que j’admirais quand j’avais l’âge de Gabriel ! J’adore les Vaillante et particulièrement celles des années 60 et 70, avec leur livrée bleue et leurs bandes blanches !

Mais revenons à nos bandes de couleur. L’origine vient d’une régulation de la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) qui attribua dans les années 1950 des couleurs aux voitures de course : rouge pour les italiennes, vert pour les britanniques, jaune pour les belges et argent pour les allemandes. Quant aux françaises, elles avaient droit au bleu et les américaines au blanc. Cependant, les américaines avaient droit à une légère exception : si le châssis de la voiture était visible (ce qui était le cas à l’époque), ce dernier pouvait être peint en bleu.

C’est au moment de courir les 24 Heures du Mans en 1950 que Briggs Cunningham, un pilote – et propriétaire d’une écurie de course - eut une idée pour différencier ses Cadillac de compétition. Les peindre en blanc et rajouter deux bandes bleues allant de l’arrière à l’avant de la voiture. Les « Racing Stripes » étaient nées ! Elles devinrent même les « Cunningham Stripes ».

Étaient-elles magiques ? Probablement que non. Briggs Cunningham ne gagna jamais les 24 Heures du Mans, mais enchaîna les victoires aux USA. Mais selon la légende, certains pilotes auraient reconnu que les bandes leurs permettaient de mieux suivre la trajectoire de la piste lorsque le temps était mauvais !

Cependant, il fallut attendre encore un peu pour que ces « stripes » conquièrent le monde.

C’est là que notre histoire nous ramène à la Ford Shelby qui vient de nous doubler…

La Mustang fut lancée en 1964. Elle connut rapidement le succès et Ford souhaita vite rajouter un modèle « gonflé »   à sa gamme. Les équipes du Texan Carroll Shelby furent associées à ce projet et développèrent une Mustang surpuissante : la 350 GT dotée d’un moteur de plus de 300 CV.

Mais encore fallait-il que cette voiture soit reconnaissable et se différencie des autres Mustang. Il y eut bien sûr le rajout de quelques appendices sportifs, mais un designer fan de voitures vint avec une idée qui allait changer la face du – petit – monde de la voiture de course : il suggéra de peindre la Shelby en blanc avec des bandes bleues !

Ça y est ! Les « Racing Stripes » venaient de quitter la piste pour rejoindre les concessions automobiles. La tendance n’allait que s’accélérer.

Il y eut ensuite les Shelby Cobra blanches et bleues, mais aussi bleues et blanches, les « Martini Racing » ou les Porsche « Gulf ». Le gentil monstre mécanique Bumblebee se transforma en Camaro jaune à bandes noires. Dans une pub de 1967, c’est une Jaguar Type E bleu pétrole qui affiche des bandes blanches. Certaines versions de course seront vues avec une couleur « British green » et des stripes blanches.

La France n’est pas en reste.

Vous vous rappelez des Gordini, ces Renault modifiées par le préparateur Amédée Gordini ? Un modèle tient une place particulière dans ses créations : la R8. Elle allait s’imposer au Rallye de Monte-Carlo, mais aussi en Australie, en Espagne ou en Afrique du Sud. Dans de nombreux pays, ses fans ont pu admirer ses couleurs particulières : bleu de France avec deux fines bandes blanches !

Quand Ford gagne enfin le Mans face à Ferrari, c’est avec une GT 40 bleu ciel aux rayures Gulf Orange ! Et lorsque la même marque relance sa supercar GT 40, elle sera rouge, grise ou jaune… avec des « Racing Stripes ».

Voilà, vous savez maintenant pourquoi un petit coup de peinture a changé l’allure de nos bolides. Mais il a aussi inspiré les horlogers, particulièrement friands de belles mécaniques.

On pense naturellement aux bandes présentes sur les cadrans des TAG Heuer Monaco, mais j’ai choisi de parler aujourd’hui d’une marque qui aime vraiment les « bagnoles ». D’une marque qui s’investit depuis plus de 30 ans dans les courses de modèles vintage et dont le propriétaire est un grand collectionneur de Porsche. Son garage abrite quelques joyaux comme une Speedster de 1954, une 911 de 1973 ou une Carrera RS de 1974.

Voici donc la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes, un modèle réservé au marché américain, mais qui parlera à beaucoup !

Pourquoi Chopard ?

J’ai une relation particulière avec cette marque. Il y a de très nombreuses années, j’ai eu le privilège de rencontrer l’ensemble de la famille Scheufele, alors qu’elle recrutait un Directeur des Ressources Humaines pour Chopard. Finalement, ils ne m’ont pas retenu, mais je ne leur en veux pas (enfin, un peu quand même).

À l’époque, j’étais déjà passionné d’horlogerie et j’ai appris à connaître Chopard, que je voyais avant tout comme un joailler.

L’histoire de la marque basée à Meyrin est bien connue. Fondée en 1860, elle est depuis 1960 la propriété de la famille Scheufele. C’est Karl-Friedrich Scheufele qui va mettre la marque sur orbite en la transformant en une success-story hollywoodienne, ou plutôt cannoise !

La marque connaît un énorme succès, grâce autant à ses créations joaillères qu’horlogères. On pense bien sûr aux collections Happy Diamonds, mais aussi aux montres sportives Mille Miglia, fruit d’un partenariat entre l’horloger et la légendaire course italienne.

La Mille Miglia fut une course sur route qui couvrit une période de 30 ans, entre 1927 et 1957. Il y eut 24 éditions de cette compétition d’endurance qui emmenait les coureurs de Brescia à Rome et retour. Le fait qu’elle se dispute sur des routes ouvertes, qu’elle attire toutes les plus grandes marques automobiles de l’époque et qu’elle soit plutôt risquée, contribua à sa légende.

L’association entre Chopard et Mille Miglia a certainement contribué à donner à la marque de Meyrin une forte image automobile. Depuis plus de 30 ans, Chopard propose des montres au design fortement marqué par les voitures anciennes et c’est logiquement qu’elle devait un jour rendre hommage aux « Racing Stripes ».

Voici chose faite et bien faite !

La Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes : Stripes for Stars!

Le chronographe tricompax Chopard Mille Miglia Classic Racing Stripes reprend le design classique et sérieux propre aux modèles de la collection Mille Miglia.

Nous voici donc en présence d’une montre en acier de 42 mm, montée sur un bracelet noir doté de surpiqûres bleues. Son cadran est blanc et arbore bien sûr les fameuses bandes bleues. À l’instar des voitures de Briggs Cunningham, elles sont deux, mais placées sur la gauche du cadran. Elles peuvent ainsi laisser place au logo Chopard, mais aussi à celui – rouge – de la Mille Miglia.

Les bandes bleues et la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes

D’imposants chiffres arabes viennent renforcer le côté sportif de cette montre. Elle est également dotée d’une couronne « oignon » et de poussoirs de chronographe plutôt imposants. On oublie trop souvent que l’équilibre entre la taille des poussoirs et le style de la boîte contribue au style général de la montre. Chopard a parfaitement compris ce détail et cela mérite d’être noté.

Les aiguilles sont également larges et celle des secondes se termine par une pointe rouge, en accord avec le logo Mille Miglia. Entre 4 et 5 heures se trouve la date, dont nous reparlerons dans la partie consacrée à l’avocat du diable.

Les bandes bleues et la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes

Côté mouvement, une montre qui rend hommage aux belles mécaniques se doit d’en avoir une ! Nous sommes donc en présence d’un mouvement automatique, certifié chronographe et visible – partiellement – à travers un fond saphir. Je dis partiellement, car ce fond est aussi décoré d’un logo bleu « Racing Stripes ». On trouve aussi la mention Limited Edition et le numéro, sachant que cette pièce est réservée au marché américain et disponible uniquement dans les boutiques de la marque – et en 50 exemplaires.

Si les « Le Mans Racing Stripes » (autre nom donné aux « Cunningham Stripes ») ne vous satisfont pas, Chopard propose aussi une édition California Mille sur la même base, mais cette fois-ci, avec une bande rouge qui traverse le chronographe horizontalement. Attention, elle n’est disponible qu’en 29 exemplaires.

Les bandes bleues et la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes

Si vous souhaitez célébrer les autres couleurs évoquées au début de ce « Et pourquoi pas… ? », vous pouvez vous orienter vers les Chopard Mille Miglia Racing Colours, lancées l’an dernier et encore disponibles. Vous aurez le choix entre des cadrans rouges, argentés, bleus, jaunes ou verts.

Les bandes bleues et la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes

Qu’en pense l’avocat du diable ?

Sa voiture est la Camaro Red Devil de 1969, qu’il aimerait bien voir concourir avec la Shelby Racing Stripes ! Mais en attendant, voici quelques détails qui pourraient rendre cette Chopard encore plus sympathique.

D’abord, la date. Elle vient alourdir le cadran et son emplacement ne me plaît pas. Restons simples et, même si c’est une demande des clients, pourquoi ne pas essayer de la supprimer sur une des prochaines éditions limitées ? Ensuite, les fameuses bandes bleues. J’aurais bien imaginé ces bandes verticales au centre de la montre en non pas sur le côté.

Les bandes bleues et la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes

Enfin, pourquoi ne pas avoir poussé l’analogie avec les voitures de Cunningham encore plus loin et osé un bracelet… blanc ?

Comment porter la Chopard Mille Miglia Classic Chronograph Racing Stripes avec style ?

Dans sa présentation de la Racing Stripes, Chopard évoque les gentlemen drivers.

Commençons – une fois n’est pas coutume – par les souliers, qui seront forcément des driving shoes de Tod’s. Le choix est tellement vaste que je vous laisse le faire !

Ensuite, le pantalon. Il faut un modèle souple, si possible infroissable et pas trop serré pour se glisser dans le cockpit des bolides vintage. Le Cargo d’Eleventy coche toutes ces cases et la version blanche est de toute beauté.

Il faudra ensuite enfiler un polo, ou plutôt un popover. Mon choix s’est porté sur celui de chez Suitsupply, notamment en version chambrai.

Pas de veste, mais plusieurs autres options : soit un bomber Loro Piana (la version orange en Storm System est superbe), soit une veste à manches courtes en suede beige de Zegna.

Enfin, un accessoire à ne pas oublier : les gants ! Honnêtement, je n’en ai jamais porté pour conduire, donc le choix sera difficile. Mais j’ai entendu parler des Stringback proposés par Autodromo et ils semblent plutôt sympathiques.

Vous voici fins prêts pour sauter dans le bolide de votre choix !

Après un petit arrêt chez Ford pour admirer la 350 GT Shelby, je suis finalement rentré chez moi avec une idée…

Je profite de ces lignes pour adresser un petit message à M. Scheufele : pourriez-vous faire un chronographe Michel Vaillant ou Vaillante ? Boîtier mat, cadran bleu France, tachymètre blanc, compteurs noirs et numéro 11 mis en valeur comme sur la Vaillante Commando de 1975, ma préférée ! Je suis à votre disposition, vous savez où me trouver !

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