Comme elle est loin, l'année 2013. Le calendrier traditionnel chinois célébrant alors l’année du Dragon d'Eau, la créature mythique avait envahi les cadrans. Puis doucement, la bête était retournée dans sa tanière. En volant, en nageant, avec ou sans ailes, dans une rivière, vers une montagne d'or ou près de la perle du savoir selon les interprétations.
Aujourd’hui, si le dragon a perdu de sa présence, il n'en est pas de même pour sa superbe. Créature majestueuse, puissante, complexe, prestigieuse, il reste LA bête par excellence dans le champ graphique horloger. Mais quand il s'agit de regarder qui continue à élever le grand serpent, les options se font rares. Breguet a bien tenté une série limitée de sa Reine de Naples Camée, avec un modèle gravé d'un dragon en 2019. Chopard en a gravé un sur la boite de sa L.U.C Perpetual T Spirit of the Dragon and the Pearl. Mais à part ces rares apparitions, il faut essentiellement compter sur deux marques.
La première en a fait un de ses atouts. Jaquet Droz l'avait peint sur sa Petite Heure Minute Dragon et pas n'importe lequel : son dragon a été dessiné par John Howe, directeur artistique de l'hexalogie du Seigneur des Anneaux et donc, créateur de l'infâme Smaug.
Plus récemment, la marque qui s'est entre-temps repliée sur des pièces uniques, a fait la démonstration d'un dragon animé très poussé, nommé Dragon Automate. Echine, queue, œil, mâchoire, langue, crête et griffes de cette créature articulée sont mouvants selon une séquence aléatoire tandis qu'une perle est en rotation constante. Ce qui fait de cette pièce l'un des automates les plus aboutis jamais installés dans une montre de poignet.
Mais le roi du dragon, c'est Jacob & Co. La marque en a produit plus de vingt interprétations différentes, généralement sous la forme de pièces uniques, toutes d'un niveau de sophistication très poussé. Le véhicule de choix de la marque est son modèle Astronomia, dont le calibre normalement rotatif est bloqué pour accueillir le long corps du serpent. Il circule entre les organes verticaux de la montre. Son dragon d'inspiration asiatique est long, sinueux, sans ailes et à barbillons, généralement en or sculpté et gravé, parfois peint à la main, parfois passé au traitement DLC et toujours minutieusement exécuté. Une autre modalité esthétique, elle aussi tridimensionnelle, met en scène son affrontement avec un tigre. Le tout se déroule dans une grande boite à carrure et verre en saphir, très panoramique, surtout quand elle n'est qu'en saphir, transparente de tous côtés.
Les options sont donc limitées, quoique pas par leur richesse. Malgré tout, des commandes en pièce spéciales sont toujours possibles auprès des spécialistes du genre, en particulier sous la forme de peintures miniatures. Mais que les amateurs de dragon se rassurent. A l'année chinoise qui vient de débuter, celle du Lièvre d'Eau, va succéder une autre bien plus redoutable. 2024 sera l'année du Dragon de Bois. Et là, les dragons reprendront leur envol.
