Cartier Dans l'atelier de...

Une âme séculaire et trois étages pour pérenniser des savoir-faire, échanger, innover

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Cartier compte en Suisse cinq unités de production dédiées à l’horlogerie qui emploient 1400 personnes, dont 900 uniquement dans l’imposante manufacture de La Chaux-de-Fonds. Plus de 5000 machines-outils les aident au quotidien, dont 200 pour l’usinage. Depuis quatre ans, des processus décisionnels et d’échanges d’informations à tous les niveaux de la hiérarchie favorisent la productivité et l’innovation, tout en divisant par trois les retours de montres en SAV. Un géant agile! Le CEO Cyrille Vigneron a par ailleurs exigé que Cartier réduise de moitié son empreinte carbone en dix ans. Un défi incontournable dans le luxe aujourd’hui.

© Cartier

À quelques pas de ce bâtiment ultra-performant, un corps de ferme tricentenaire a été complètement rénové par Cartier, conformément à la certification LEED la plus élevée pour les bâtiments durables, qui en a fait sa Maison des Métiers d’Art. Sa vocation repose sur la préservation et la renaissance de métiers d’art parfois oubliés, et leur partage en vue d’innover. On y croise par exemple d’anciens ébénistes, qui ont créé leur propre outil de micro-découpes de bois pour la marqueterie (qui ressemble à un métier à tisser !), ou des artisans revenus du Louvre pour redonner vie à l’art étrusque. Ce laboratoire de haut vol se nourrit de la puissance de Cartier, tout en apportant une créativité exacerbée. Ses équipes se plongent dans l’histoire, mais puisent également leurs connaissances dans la culture de grandes civilisations, chinoises ou indiennes, qui partagent leur savoir-faire séculaire à l’occasion de la création de pièces uniques. Cette soif d’échanges et d’apprentissages permanents permet de se surpasser. 

© Cartier

Concevoir l'impensable 

Ainsi, l’étonnante montre Coussin au boîtier serti mou doit son existence à cette plateforme de savoirs interactifs. Le département design souhaitait une montre de haute joaillerie capable de refléter plusieurs savoir-faire et de transmettre une émotion par la vue, mais aussi par le toucher. Comment créer une boîte souple, et comment la sertir ? Il a fallu innover. Cartier avait certes déjà créé une montre gant en cotte de mailles. Poussant le principe à l’extrême, la cotte de mailles a été fermée sur elle-même, et rendue vivante par un effet de rebondissement. Afin qu’elle revienne à sa position initiale, un amortisseur en élastomère a été conçu par fabrication additive (impression 3D). Il en a été de même pour la cotte de mailles, composée de mille mailles qu’il a fallu modéliser et imprimer en une fois. Cela nécessite une mémoire vive d’ordinateur telle que la puissance a dû être augmentée avant de lancer l’impression! Impossible de sertir sur une surface molle puisque le sertisseur prend normalement appui dessus pour fixer les pierres. Avec le même procédé, des échafaudages ont donc été construits et placés à l’intérieur de la cotte pour éviter qu’elle s’affaisse, puis coupés une fois la cotte parée de son sertissage quatre grains. Une prouesse artistique et technologique, pour un rendu incomparable… toutes les personnes qui ont pu toucher une montre de cette série limitée s’en souviennent encore. 

© Cartier

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GMT Magazine n° 80 © GMT magazine