Elle nous manque : la Carl F. Bucherer Patravi EvoTec de 2008

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The one that got away : the 2008 Carl F. Bucherer Patravi EvoTec - Carl F. Bucherer
« Elle nous manque » retrouve ces montres qui ne se font plus, et c'est bien dommage. La série aborde les Patravi EvoTec au boitier d'une ergonomie surprenante et aux mouvements géniaux

2021 : toutes les montres Carl F. Bucherer sont rondes...en tout cas celles pour hommes. Pourtant, la marque avait commencé à émerger comme un acteur très sérieux de l’horlogerie autour de 2008 grâce à un double lancement: celle de son mouvement A1000 et de la montre de forme qu'il équipait, la Patravi EvoTec.

Parlons d'abord de la seconde. Sur le papier, cette montre est presque carrée et très imposante, avec 43,7 par 44,5 mm de côté et la bagatelle de 14 d'épaisseur. Le format carré n'est pas le format rond et une montre de 44 mm de côté occupe plus le bras que son homologue du même diamètre. Malgré cela, cette montre était géniale au poignet, et par cela, je veux dire mon petit poignet de 17 cm (c'est à dire vraiment petit pour un homme).

Malgré ses cotes, elle tombait juste, sans déborder, sans rouler, bien ancrée sur le bras contrairement à bien des mastodontes de cette époque folle. Tout était une question de galbe : celui de sa lunette, bombée, et celui de ses flancs, qui lui ont donné cette forme qu'on appelle carré TV en hommage au téléviseurs à tubes cathodiques que certains de vous ne connaissent même pas de nom (bande de millenials!). Ajoutez à cela des cornes plongeantes et courtes pour bien adhérer au poignet et un épaulement de couronne pour donner encore un peu plus de rondeur et on finit avec une montre contre-intuitivement très seyante au poignet.

Elle nous manque : la Carl F. Bucherer Patravi EvoTec de 2008

Bon, il se trouve que cette gamme n'a pas survécu longtemps à la malédiction des montres de forme, notoirement difficiles à vendre à part pour Cartier, Jaeger et Richard Mille. Rapidement, les Patravi EvoTec ont cédé la place à des homologues parfaitement circulaires et bien moins amusantes. Ce d'autant plus qu'elles avaient gardé l'épaisseur et perdu l'ergonomie... Ce qui a perduré dans ces modèles, par contre, est le calibre. Et lui aussi était un trait de génie.

Elle nous manque : la Carl F. Bucherer Patravi EvoTec de 2008

Dans les années 1990, un certain François-Paul Journe et un certain Denis Flageolet avaient créé un motoriste de prestige nommé THA dans le village jurassien de Sainte-Croix. Il a été repris en 2007 par le géant de la distribution horlogère Bucherer, basé à Lucerne. Gros client de THA, il avait décidé de se doter de mouvements en propre pour mieux vendre les montres portant son nom. En 2008, la manufacture présente un mouvement extraordinaire, le CFB A1000. Entre autres raffinements, il est modulable : sans en changer l'épaisseur ou la structure, on peut lui ajouter ou retirer des indications. Au choix, il affiche ou non jour, grande date, numéro de semaine, réserve de marche (max : 55 heures) et petite seconde à 6 heures.

Elle nous manque : la Carl F. Bucherer Patravi EvoTec de 2008

L'autre particularité était son principe de remontage automatique, par un anneau périphérique. Le principe existait déjà sur des modèles très rares, complexes et couteux. Là, on était autour des 7000 €... Carl F. Bucherer a démocratisé l'anneau de remontage, contourné la gêne occasionnée par un rotor en demi-cercle, évité les défauts inhérents à un micro-rotor, et libéré entièrement la vue sur ses mouvements à travers le fond saphir.

Elle nous manque : la Carl F. Bucherer Patravi EvoTec de 2008

En prime, ce fond dévoilait des finitions modernes, géométriques, aux pont anguleux, qui n'avaient rien de traditionnel. La Patravi EvoTec avait encore deux attributs inhabituels : des indications parfaitement asymétriques et un cadran bleu avant l'heure. C'était un objet précurseur, baroque, confortable, moderne, qui défiait les impressions et les conventions. Et cela ne court plus vraiment les poignets ces temps-ci.

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