L’horloger a côtoyé la fine fleur du monde de l’art lors de chacun des événements principaux de la foire - New York, Séoul et Londres, et Los Angeles à venir en février 2023 – tandis qu’une collaboration spéciale avec l’artiste Pablo Bronstein assemblait le tout grâce à une fantastique œuvre d’art unificatrice.
Les synergies entre horlogerie et art contemporain se sont renforcées, et on comprend facilement pourquoi. Il y a des parallèles évidents comme la structure, l’architecture et l’esthétique bien sûr, mais aussi l’histoire et le temps. Mais pour Breguet, les liens de l’horlogerie avec l’art contemporain, dit le CEO Lionel a Marca, sont beaucoup plus spécifiques à la marque. « Les artistes contemporains sont avant-gardistes, ils montrent une tendance », explique-t-il. « Cela incarne l’esprit d’Abraham-Louis Breguet qui, même s’il était doté d’un sens technique, avait également un penchant artistique. A l’époque, il a suscité un véritable bouleversement en matière d’innovation technique et esthétique dans l’industrie horlogère. »
Selon Lionel a Marca, un élément humain fort est un lien supplémentaire. « Que vous parliez de peinture, d’une œuvre d’art ou de la finition d’une montre, l’être humain intervient », dit-il. « Voilà le véritable art. »
Cela explique pourquoi M. a Marca s’est assuré qu’il y ait sur chaque stand Breguet à Frieze une machine à guillocher historique, très appréciée des visiteurs. « Il y avait de très longues queues de personnes qui voulaient essayer et faire un peu de guillochage eux-mêmes », raconte Lionel a Marca. Cet artisanat horloger très ancien occupe une place de choix au sein de la Maison qui a notamment restauré une trentaine de tours à guillocher durant son histoire et qui emploie aujourd’hui trois personnes qui s’occupent exclusivement de réparer les vieilles machines à guillocher. Cette décoration est la signature suprême de Breguet, elle orne presque toutes ses montres, pas seulement les cadrans mais aussi les boîtiers, les rotors et les platines.
A Frieze, cet art ancien du guillochage contrastait avec les œuvres contemporaines de Pablo Bronstein, installées comme du papier peint sur les différents stands de Breguet. L’artiste né en Argentine et basé à Londres est connu pour son obsession de l’architecture, notamment les dessins d’architecture français du 18ème siècle qu’il réimagine sous forme fantastique et fantaisiste. Son papier peint pour Breguet emmène les spectateurs dans un tourbillon de machines surréalistes à l’allure futuriste et de science-fiction mais aussi rétro et ancienne. « C’est comme imaginer être à l’intérieur de l’une de ces constructions, où tout est une machine, une machine décorative mais une machine quand même », explique Bronstein, qui a notamment relié l’industrialisation du papier peint au 18ème siècle à la systémisation moderne du temps et du chronométrage. « Arriver à une réunion à l’heure était un symbole de la société moderne », explique-t-il. « Tout ceci correspond à la façon dont nous commençons à produire et mécaniser la société. »
Les différentes foires ont aussi permis à Bronstein de raconter une histoire retraçant l’ascension et la chute de la machine. New York ouvre le bal avec des proportions nettes et classiques où des choses comme une guillotine ou une perceuse sont des représentations littérales, tandis que les roues et les engrenages abondent. « Tout est magnifiquement préservé dans l’espace et tout est propre », décrit Bronstein. A Séoul, les machines sont à leur zénith, dialoguant entre elles et fonctionnant à plein rendement. A Londres, le chaos s’est installé. « C’est l’effondrement des machines, c’est la guerre civile, la pagaille », dit Bronstein. « Et à Los Angeles ce sera postapocalyptique. »
Cela intriguera sans doute les amateurs d’art – et d’horlogerie – mais ce que les aficionados ne trouveront pas c’est une montre réalisée en collaboration pour marquer le partenariat avec Frieze. Comme toujours, l’art doit parler pour lui-même, que ce soit Bronstein, Frieze ou une montre Breguet. « Chacun mène sa propre vie et nous ne voulons pas mélanger les trois », dit M. a Marca. « Ils demeurent des entités séparées, des visions distinctes tout en partageant certaines valeurs, mais pas à travers un produit commun. Il est important que l’artiste s’exprime vis-à-vis de Breguet, mais pas de consacrer une montre qui symboliserait un partenariat. Je ne crois pas à cela. »
Affirmation digne d’un artiste avec une vision singulière authentique.
