Les montres Bac+7

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Watches are not rocket science. Or are they? - Complication watches
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Vous n'avez pas de doctorat ? Dommage, parce que ce niveau de qualification est devenu nécessaire pour comprendre comment lire certaines montres.

Elles sont livrées avec des manuels d'utilisation épais comme des annuaires. Ou pire, fins comme des magazines du mois d’août. Et pourtant, ces explications ne suffisent pas. Certaines montres contemporaines sont devenues si sophistiquées qu'il faut un stage de deux jours pour comprendre comment les lire et comment les régler. A force de multiplier les indications, à force de sophistiquer les concepts, des montres extraordinairement abouties finissent par susciter l'incompréhension la plus totale.

Ce n'est pas forcément leur concept qui est insondable. Souvent, ce dernier est expliqué avec des mots simples, allusifs, poétiques même. Mais pour ce qui est de la compréhension au quotidien... Prenez la Dressage L’heure masquée d'Hermès. En temps normal, elle affiche la minute et seulement la minute. Dans un guichet, on peut lire GMT. Est-ce donc la minute de ce GMT qui est affichée ? Non. En appuyant sur un poussoir, elle affiche l'heure et dans ce guichet, un second fuseau horaire. Mais cela n'a rien de logique et surtout, lorsque l'on regarde cette montre, elle induit en erreur. Il faut donc avoir en permanence en tête le principe qui l'a faite naître : un rapport de second degré avec le temps, un méta discours sur l'horlogerie. L'aurez-vous à l'esprit, réveillé à deux heures du matin ou après trois verres de vin?

Les montres Bac+7

La palme de la complexité revient certainement aux montres astronomiques. On n'en a jamais vu autant et elles sont entrées dans une surenchère de réalisme. Elles veulent représenter la lune, le ciel, les étoiles, les orbites de la manière la plus précise possible. Mais les questions d'heure civile, solaire, sidérale, martienne sont des problématiques d'astronomes, de chercheurs. Les cycles temporels liés aux objets célestes, terre y compris, sont tous différents, souvent irréguliers et bourrés d'exceptions. Il est donc logique qu'on s’y perde quand on ne travaille pas en observatoire. Surtout que les indications se multipliant, on peine à bien lire. Avec 19 cycles dont 16 sur un cadran de 36 mm de diamètre, une montre extraordinaire comme la Celestia Astronomical Grand Complication 3600 de Vacheron Constantin prouve que le mieux est l'ennemi du lisible. Cette pièce unique dispose de trois semaines de réserve de marche et c'est tant mieux. Parce que la re-régler après qu'elle se soit arrêtée exigera la consultation d'un astrophysicien.

Les montres Bac+7

Dernière spécialité à aborder avec quelques années d'université dans son bagage, les montres de pilote. Rappelons qu'un pilote, de chasse ou de ligne, est avant tout un ingénieur, qui doit être capable de réaliser des opérations mathématiques absentes de notre quotidien. Calculer un azimut, une vitesse de descente en fonction de la densité de l'air, une consommation de carburant en fonction de l’altitude n'est pas à la portée de tous. Or les instruments qui équipent les cockpits, comme les règles à calcul E-6B, sont complexes. Alors quand Richard Mille a essayé de loger un chronographe flyback compte à rebours, un second fuseau horaire UTC et une règle à calcul professionnelle sur sa montre RM039, la marque a abouti à l'une des montres les plus abouties mais illisibles de l'histoire. Entre son réhaut et sa lunette, cet objet extraordinaire possède 10 échelles différentes, plus 8 aiguilles et 3 disques le tout avec vue panoramique sur un squelettage microscopique. Un casse-tête.

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