Electrophobie

Image
Electrophobia - Mechanical light
3 minutes read
Regard sur les nouvelles méthodes qui mettent en lumière les montres mécaniques traditionnelles.

Contrairement au tourbillon, au système de remontage automatique ou aux mécanismes à force constante, l’électricité n’a pas été inventée, puisqu’il s’agit d’un phénomène naturel. Cependant, plusieurs scientifiques ont contribué à dompter ses pouvoirs pour les appliquer à des éléments aussi divers que la simple ampoule électrique ou la détection des ondes gravitationnelles.
C’est à Thomas Edison que nous devons l’extrême simplicité de l’ampoule à incandescence, mais aussi bien d’autres objets qui ont modifié notre vie. Alors que l’ampoule à incandescence produit sa lumière à partir de chaleur, des avancées dans le domaine de l’électroluminescence - où la lumière est générée par le passage d’un courant électrique à travers un matériau - ont abouti à la technologie qui me permettait, quand j’étais enfant, d’allumer ma montre digitale en appuyant sur un bouton.

Mais, au coeur des vallées horlogères de la Suisse, où les traditions sont profondément ancrées, la simple présence du préfixe « électro » devant n’importe quel mot provoque une levée de boucliers. Là-bas, les ingénieurs adorent se lancer des défis de plus en plus improbables, et, sur le terrain des montres mécaniques traditionnelles, un des derniers challenges consistait à générer de la lumière sans l’aide d’une batterie.

Dans le cas des modèles HYT H4 Alinghi et Metropolis, l’option retenue était une mini dynamo (dissimulée entre 4h et 5h) rechargeable grâce à une couronne séparée. Une fois la dynamo chargée, une pression sur la couronne allume deux petits LED cachés derrière ce que HYT appelle le « rider tab » - l’emplacement où se situe le grand chiffre 6 qui dissimule le véritable cœur de tous les garde-temps HYT : le point de rencontre entre les deux soufflets et les capillaires qui, respectivement, génèrent et indiquent les heures, par cet affichage fluidique unique à HYT. Dans la H4 Metropolis, une édition limitée à 100 pièces, la lumière est bleue, alors que c’est un LED blanc qui illumine le fluide rouge des capillaires des 25 pièces de l’édition limitée H4 Alinghi.

HYT-H4

SuperLuminova, si obsolète…
L’approche choisie par Van Cleef & Arpels pour son modèle Midnight Lumineuse est complètement différente. Le développement de cette pièce a demandé plusieurs années de travail et la version finale ne fut validée par la marque que deux jours à peine avant l’ouverture du SIHH 2016. « Nous voulions créer une vraie lumière mécanique », explique Denis Giguet à WorldTempus, « sans utiliser d’électronique, pas même pour conduire l’électricité ». Le résultat est un système qui utilise des lames piézoélectriques, qu’une pression sur un poussoir met en mouvement. L’énergie s’accumule simplement en appuyant sur le bouton-poussoir et elle est utilisée pour polariser électriquement les lames bimétalliques piézoélectriques et produire une électricité qui est conduite vers des diodes LED le long de fils en or recouverts de nacre.

Van_Cleef_Arpels_Midnight-Nuit-Lumineuse

Pour cette pièce, une difficulté supplémentaire était posée : illuminer des diamants, qui, par nature, réfléchissent la lumière dans toutes les directions de leurs facettes (c’est après tout ce qui fait tout leur charme !). Van Cleef & Arpels envisage de déposer un brevet pour cette application qui n’en est encore qu’au stade de concept. Quant à la Midnight Lumineuse, elle ne sera probablement pas commercialisée dans un futur proche. « La première phase consistait à générer du courant », explique Denis Giguet. « Aujourd’hui, nous avons réussi à miniaturiser la technologie et nous pouvons l’utiliser. Mais ce n’est qu’un début et nous cherchons encore plusieurs manières de l’utiliser ».

Marques