L-evolution Tourbillon Grande Date

Le cadran est-il réellement l'emplacement idéal pour toutes les indications ? Blancpain propose une solution unique et meilleure pour la réserve de marche.


Lettres du Brassus  - No 10 Jeffrey S. Kingston  



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Tradition ou logique? Au cours de l'histoire de la Haute Horlogerie, qui s'étend désormais sur près de trois siècles, certaines normes de construction ou, si vous préférez, certains usages ont progressivement évolué pour se cristalliser d'eux-mêmes. Et, parmi ceux-ci, aucun ne répond davantage à cette définition que l'habitude de disposer l'ensemble des indications de la montre sur le cadran. Un coup d'oeil sur le visage du gardetemps suffit pour lire l'indication souhaitée, indépendamment du nombre d'aiguilles ou de disques requis pour mener à bien la tâche d'afficher les complications logées sous la surface du cadran. Parfaitement dans la ligne de la tradition, sans l'ombre d'un doute. Mais, cet usage est-il toujours logique? 

Pour la plupart des indications, il n'est pas uniquement logique d'en déterminer l'emplacement sur le cadran, mais il serait tout simplement absurde de procéder différemment. Dans la réalité, selon le principe que certaines exceptions confirment systématiquement toute règle, un ou deux horlogers indépendants ont fabriqué des montres qui dissimulent l'affichage de l'heure en contraignant le propriétaire à se livrer à une complexe gymnastique pour rechercher cette information élémentaire ou, pire encore, ont conçu des garde-temps dépourvus de toute indication des heures et des minutes. Ainsi, une fois expédiées ces aberrations horlogères vers la poubelle la plus proche où elles méritent de séjourner de plein droit, les enseignements de la tradition à propos des affichages reposent sur une logique implacable.
Toutefois, pas dans tous les cas.

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Considérez l'indication de la réserve de marche. Sans aucun doute, c'est l'une des plus importantes complications de la Haute Horlogerie. La réserve de marche illustre le degré de remontage de la montre ou, pour le dire sous une forme plus pratique, la quantité d'énergie encore disponible dans le barillet avant qu'il ne soit entièrement désarmé et que les rouages ne s'immobilisent. Spécialement pour un garde-temps qui n'est pas porté jour après jour, elle remplit la mission vitale d'informer le propriétaire sur l'état de remontage de la montre et sert à attirer son attention sur un éventuel danger de cessation immédiate d'activité. Cependant, dès lors que la montre est attachée au poignet, en particulier pour un modèle automatique, y a-t-il une raison valable de disposer, sur le cadran, l'affichage relatif à l'armage du barillet ? En bonne logique, l'utilisateur a uniquement besoin de savoir s'il doit remonter la montre avant de la nouer au poignet, où le mécanisme de remontage automatique prendra le relais. De manière similaire, lorsque la montre est retirée de l'avant-bras, il est utile et logique de disposer d'une indication sur l'état de remontage afin de s'assurer qu'elle continuera de fonctionner jusqu'au prochain moment où son propriétaire prévoit de la porter.

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Après cet examen minutieux qui a permis de constater la manière dont est utilisée l'indication de la réserve de marche dans la pratique, il convient de se demander s'il est réellement judicieux ou, pour l'exprimer sans ambages, logique de placer cet affichage sur le cadran de la montre. Les instants où la consultation de cette indication est la plus importante sont ceux où la montre est mise ou enlevée. Aussi, même si les usages et la tradition prévoient de disposer l'indication de la réserve de marche sur le cadran, la logique appelle une autre solution. En effet, l'objectif essentiel de cette complication peut être entièrement rempli si l'affichage est situé sur le fond de la montre. Si tel est le cas, la complication peut disparaître du cadran afin d'accroître la lisibilité des autres affichages qui y figurent.

Telle est précisément la pensée qui a animé les constructeurs de la L-evolution Tourbillon Grande Date Réserve de Marche sur Masse Oscillante. Mais l'analyse de Blancpain ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Alors que les réflexions allaient bon train sur la nécessité de placer la réserve de marche sur le fond de la montre, des esprits ingénieux ont décelé une opportunité pour imaginer une solution qui n'avait encore jamais vu le jour. Pourquoi ne pas placer l'indication de la réserve de marche sur un élément du mouvement intimement lié à cet affichage, la masse oscillante ? Bien sûr, cette disposition semble logique : la réserve de marche illustre le niveau du remontage et la masse oscillante est le composant qui assume la fonction du remontage.

Toutefois, d'autres aspects devaient être pris en considération. Comme, par définition, la masse oscillante ne possède pas de position fixe et qu'elle décrit ses mouvements sur 360 degrés, tout affichage sur cet élément serait à la fois difficile et désagréable à consulter s'il était solidaire de la masse oscillante et, de ce fait, demeurerait dans une position fixe par rapport à la masse oscillante elle-même. Quel serait le plaisir de tenter de lire à grand-peine l'information relative à la réserve de marche si la masse oscillante se trouvait à l'envers et présentait une indication également inversée ? Les constructeurs de Blancpain ont donc décidé dès le début que l'indication de la réserve de marche devait elle-même pivoter pour conserver le cadran et son aiguille dans une position verticale en sorte d'en faciliter la consultation.

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La disposition en première mondiale de l'indication et de l'aiguille de la réserve de marche sur la masse oscillante a ainsi donné naissance à un système incomparablement plus complexe qu'un affichage traditionnel. Il est possible de distinguer quatre éléments principaux dans le dispositif novateur de Blancpain : I) un différentiel, II) le rouage de la réserve de marche, III) le rouage de l'affichage de la réserve de marche / d'annulation de la rotation de la masse oscillante et IV) un embrayage qui intervient lorsque la montre est entièrement remontée.

LE DIFFÉRENTIEL

Le barillet d'une montre, qui se compose d'un axe, d'un ressort, d'un tambour et d'un couvercle, possède deux fonctions essentielles : il sert à stocker l'énergie issue du remontage et à la communiquer ultérieurement au rouage de la montre. Au cours de la première phase, le rochet solidaire de l'axe du barillet assure la jonction avec la couronne pour le remontage manuel ou la liaison avec la masse oscillante sur une montre automatique. Pour délivrer l'énergie au rouage de la montre, le tambour de barillet est relié au rouage par l'entremise d'une roue qui est fixée sur le barillet et transmet l'énergie, par des roues intermédiaires, jusqu'au balancier. Le système d'indication de la réserve de marche doit être connecté aux deux éléments principaux du barillet, le rochet (pour l'armage) et la roue de désarmage (pour le désarmage). Le motif en est évident : pour afficher le degré de remontage du barillet, l'aiguille de la réserve de marche ne doit pas uniquement prendre en compte le désarmage qui délivre l'énergie requise pour le fonctionnement de la montre, mais aussi son niveau de remontage, que cette opération soit effectuée par la masse oscillante ou par la couronne. Si vous avez le sens de la mécanique, la description d'un dispositif qui associe deux informations différentes en provenance de deux rouages vous suggère probablement l'utilisation d'un différentiel. C'est exactement ce que Blancpain a réalisé en recourant à un tel système pour combiner les indications relatives à l'armage et au désarmage du barillet.

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ROUAGE DE LA RÉSERVE DE MARCHE

Un pignon est fixé sur l'axe du différentiel. Ce pignon, A, tourne soit dans le sens horaire, soit dans le sens antihoraire, en fonction de l'armage ou du désarmage du barillet. Fondamentalement, le rouage pour la réserve de marche sert à transmettre la rotation du pignon A, qui est naturellement l'indication de la réserve de marche, à un emplacement déterminé sur la masse oscillante. Cette opération est réalisée par un ensemble de quatre roues. Le schéma ci-dessus illustre ce train de rouages. Le pignon A est relié à la roue B dont le grand diamètre permet d'amener l'information au centre du mouvement. La roue B est reliée à une roue C de double épaisseur qui est située au centre de rotation de la masse oscillante. Une roue supplémentaire est nécessaire pour inverser le sens de rotation et ce rôle est tenu par le pignon C2 qui est engagé avec la seconde moitié de la roue de centre C. Le pignon C2 est relié à la roue D, sur l'axe de laquelle est fixée l'aiguille de la réserve de marche.


ROUAGE DE L'AFFICHAGE DE LA RÉSERVE DE MARCHE / D'ANNULATION DE LA ROTATION DE LA MASSE OSCILLANTE

L'objectif du rouage de l'affichage de la réserve de marche / d'annulation de la rotation de la masse oscillante est de maintenir le cadran de la réserve de marche dans une orientation constante alors que la masse oscillante qui le supporte décrit des mouvements rotatifs. Cette opération est réalisée par un rouage qui commence par la roue fixe E. Dans ses mouvements rotatifs, la masse oscillante entraîne un pignon, F, qui est relié à la roue fixe. Ce pignon F agit comme un inverseur et, à son tour, engage la roue G sur laquelle est fixé le cadran de la réserve de marche. Ainsi, quand la masse oscillante tourne, le cadran de la réserve de marche tourne dans la direction opposée à la même vitesse afi n de conserver immuablement sa position.

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Il y a une subtilité additionnelle associée au maintien d'une orientation constante pour le cadran de la réserve de marche. Alors que la masse oscillante décrit des mouvements rotatifs, elle entraîne également la roue D sur laquelle est fixée l'aiguille de la réserve de marche. Ainsi, la rotation de la masse oscillante déplacerait l'aiguille elle-même dans la direction opposée alors que la roue D serait engagée avec la roue C qui, elle, ne tourne pas avec la masse oscillante. Cependant, même si l'aiguille de réserve de marche se déplace dans le sens opposé à la direction du mouvement de la masse oscillante, comme le cadran de la réserve de marche tourne dans la même direction que l'aiguille, l'indication de l'aiguille sur le cadran ne sera pas modifiée.

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L'EMBRAYAGE

La disposition de la réserve de marche sur la masse oscillante entraîne une complication supplémentaire. Les constructeurs de Blancpain devaient tenir compte du problème posé par un barillet entièrement remonté dans un mécanisme qui tourne avec la masse oscillante, même lorsque le ressort est complètement armé. Dans ce dernier cas, l'aiguille bute contre un arrêt, qui prend la forme de l'applique H, fixée sur le cadran. Toutefois, comme l'aiguille est reliée par son rouage au différentiel et que ce rouage continue de tourner avec la masse oscillante, Blancpain a conçu un système d'embrayage, I, pour déconnecter du rouage l'aiguille et la roue D qui lui est associée lorsque la montre est totalement remontée. Ce dispositif protège le mouvement de tout dommage car, s'il n'existait pas, le rouage de l'aiguille continuerait à tourner contre un mécanisme complètement remonté. Non seulement l'applique H fonctionne comme un arrêt pour l'aiguille lorsque le barillet est entièrement remonté, mais elle sert aussi à recouvrir la fi xation de la masse oscillante en créant l'illusion qu'elle évolue dans l'espace.

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La L-evolution Tourbillon Grande Date Réserve de Marche sur Masse Oscillante est proposée dans une version en or rouge et une version en or blanc.  

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