Matériaux structures et esthétique d'une révolution : Partie 2

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A Revolution in Structures and Ethos: Part 2  - 20 Years of Watchmaking
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En vingt ans, le catalogue des matières à disposition des horlogers a quasiment décuplé en taille. Boîtes, mouvements, bracelets, cadrans, tous les composants ont bénéficié d’innovations, souvent importées depuis des domaines lointains. Au-delà de la question de leur utilité, ces matériaux inédits en horlogerie ont contribué à bouleverser le paysage de la montre contemporaine*

Puces

Le tableau des innovations en matériaux ne serait pas complet sans le silicium. Il s’agit du même matériau que celui utilisé dans les microprocesseurs, où il a démontré sa capacité à être formé à l’échelle nanométrique. Il est fabriqué selon une technologie de fabrication en salle blanche dont une filiale d’Ulysse Nardin, Sigatec, est une pionnière. Les composants sont dessinés puis le matériau en excédent est dissout, laissant apparaître une pièce façonnée à volonté et avec de multiples niveaux. Amagnétique, léger, flexible, avec des proprietés de faible friction, il est également souple et insensible aux variations de température s’il est recouvert d’une couche de dioxyde de silicium. Un brevet en ce sens appartient au CSEM, incontournable institut de recherche, auquel ont souscrit Patek Philippe, Rolex et le Swatch Group. Ils ont ainsi accès à des spiraux, ancres, roues d’échappement aux géométries propriétaires, parés de toutes les vertus, à part un façonnage artisanal. Sur la base d’un alliage nickel-phosphore, une technologie proche, le LIGA, permet l’impression en 3D de composants aux architectures très complexes et d’un seul tenant.

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Pierres

En dehors de ces méthodes complexes, la montre a su retrouver le goût de matières naturelles. Les cadrans en pierres dures avaient été délaissés avant que Piaget ne renoue avec son héritage des années 1960 et n’offre, avec Audemars Piguet et Jaquet Droz, une seconde jeunesse aux onyx, lapis-lazuli, malachite ou œil-de-tigre.

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C’est également pour leur diversité que les montres serties se sont intéressées aux pierres de couleur. Dans le sillage de leur généralisation en joaillerie, les horlogers ont commencé à incruster des cadrans et des boîtes avec l’améthyste, les tourmalines Paraíba, les grenats, les spinelles et surtout, des saphirs de toutes les teintes de l’arc-en-ciel. Il faut dire que cette gemme s’est révélée d’une variété étonnante, et encore plus dans sa version synthétique.

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Pureté

Le cristal de corindon, nom scientifique du verre saphir, est dans un état de pureté absolue, complètement transparent contrairement au saphir-gemme. Il a servi aux verres de montres dès les années 1980, puis s’est étendu aux fonds, devenus d’incontournables fenêtres sur le mouvement. Son extrême dureté le protège contre quasiment toutes les rayures. Dès les années 1990, Alain Silberstein et Vincent Calabrese avaient réalisé quelques boîtes entièrement transparentes et Audemars Piguet et Christophe Claret, des platines et des ponts dans ce matériau.

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Mais il a fallu attendre Richard Mille et sa RM 056 à la boîte d’une complexité folle, sans opacité, un modèle au tarif exorbitant, pour que le plein potentiel de ce cristal soit atteint. Dès lors, la boîte en saphir massif est devenue le sommet de la sophistication, de la technicité et du luxe, surtout quand elle a commencé à se teinter. Abritant des mouvements parmi les plus complexes qui soient, cet écrin a conquis le statut le plus noble de toute l’horlogerie.

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Discours

Si toutes ces approches ont rencontré un tel succès, ce n’est pas à cause de leur technicité. La meilleure des matières n’est rien si on ne la fait sortir de l’ombre, sans la désirabilité d’une esthétique unique. C’est avec un discours de performance mais surtout de style qu’un matériau nouveau émerge.

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La montée en force de la narration de marque et la toute puissance du visuel se sont cumulées pour faire sortir de leurs petites boîtes la céramique, le saphir, le PVD et le silicium. Car la technique pour la technique, déconnectée de ces réalités, n’est qu’une impasse.

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*À l’occasion du 20ème anniversaire de GMT Magazine et de WorldTempus, nous nous sommes lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années en horlogerie dans The Millennium Watch Book, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais, avec une remise de 10% en utilisant le code WT2021

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