2015, année du destin pour le marché vintage ?

Image
Is 2015 the Year of Destiny for the vintage watch market? - Vintage
4 minutes read
Quelques considérations sur le marché des montres d’occasion, ses défis et ses opportunités, à l’usage des collectionneurs. Le prix des montres vintage est-il à la hausse ou à la baisse ?

Fin 2014, on a pratiquement pu entendre les soupirs de soulagement des collectionneurs de montres, surtout de montres vintage. En dépit des remous politiques à l’internationale, de l’instabilité des marchés financiers et de la baisse des plus grands marchés de consommation du monde (et la liste pourrait continuer…),  le dynamisme du marché des montres vintage, et ses quelques ventes astronomiques, nous a impressionné. Les maisons d’enchères et les revendeurs ont enregistré des ventes record, la communauté des collectionneurs ne cesse de s’agrandir et la Henry Graves Supercomplication de Patek Philippe s’est vendue pour 24 millions de dollars,  un prix que seuls des œuvres impressionnistes,  des Ferrari vainqueur au Mans ou des diamants bleus avaient atteint jusqu’alors.

Que nous réserve 2015 ? Les affaires continueront-elles ? Quel impact les taux de change sans cesse fluctuants auront-ils sur les prix ? La valeur des pièces changera-t-elle lorsque certains marchés se montreront moins gourmands ? Comment l’offre évoluera-t-elle, si l’on considère que de plus en plus de revendeurs et de maisons d’enchères se battent pour une part du gâteau ? Et quelle est l’influence des médias digitaux ?  Essayons de reconstituer ensemble le puzzle !

 

PROPERTY OF A MIDWESTERN FAMILY Patek Philippe RETAILED BY GÜBELIN: A HIGHLY IMPORTANT AND PROBABLY UNIQUE YELLOW GOLD OPEN-FACED PERPETUAL CALENDAR SPLIT-SECONDS CHRONOGRAPH MINUTE REPEATING WATCH WITH MOON PHASES AND BLACK DIAL REF 658 MVT 860075 CASE 614429 MADE IN 1937 Estimation 200,000 — 400,000 USD Lot. Vendu 527,000 USD

Je pense pour ma part que 2015 sera une bonne année pour le marché des montres vintage, en premier lieu parce que la demande croît de jour en jour, partout dans le monde.  Comme l’art ou les voitures anciennes, les montres vintage sont désormais considérées comme l’ultime distinction de l’exclusivité qu’un homme (et une femme)  puisse s’offrir.

Et grâce aux connaissances acquises par les collectionneurs,  novices ou aguerris,  les acheteurs ont désormais davantage confiance et sont prêts à payer cher pour des pièces rares.  Manifestement l’argent ne manque pas dans le système-  merci la FED et la BCE ! On peut aujourd’hui d’un simple clic de souris savoir quelle montre a été restaurée, et quelle autre pas, qui a déboursé une somme record à une vente aux enchères, et quelle montre a été volée dernièrement et pourquoi.  Les médias digitaux sont-ils donc la nouvelle religion, dont les bloggeurs feraient office de messies pour les nouveaux venus ? Permettez-moi cette mise en garde :  sur les blogs, sur Instagram ou sur Facebook, - comme dans la vie réelle d’ailleurs -  ce n’est pas toujours celui qui parle le plus fort qui a raison.  En d’autres termes, travaillez et apprenez à reconnaître les vrais spécialistes des usurpateurs.

Cela signifie-t-il que les montres vintage vont augmenter de 5% ? De 10% ? Ou même davantage ?  Cela dépend en premier lieu de la montre, du modèle, et, très important, de son état.  Indépendamment de son prix absolu – que ce soit quelques milliers d’euros, de francs ou de dollars (quelle importance de toute façon aujourd’hui ?), ou même quelques millions, seules les pièces les plus rares et les plus originales seront les plus recherchées et, en conséquence, les plus âprement disputées.  Je suis certain cependant qu’un achat intelligent fait ce printemps vaudra 10% de plus à l’automne.  Et ceci partout dans le monde ? Eh bien, nous sommes là dépendants des marchés des devises,  puisqu’un achat éclairé en francs suisses peut s’avérer perdant cet automne si le franc gagne 10% ou plus sur cette période  par rapport à d’autres monnaies d’ancrage.

De fait, existe-t-il une devise clé sur le marché des montres vintage ? Oui et non.  Au contraire de l’or, du pétrole ou des diamants, le marché des montres d’occasion n’est pas déterminé par une seule monnaie, puisque ces montres viennent des quatre coins du monde. Il s’agit principalement de la zone euro et des Etats-Unis, ainsi que des pays rattachés au dollar américain (comme Hong Kong, par exemple).  Fort heureusement,  cela contribuera à la bonne stabilité des prix – pour tout le monde.

Et l’offre ? Y a-t-il assez de belles montres vintage sur le marché pour satisfaire la demande ? Disons d’abord que je ne me souviens pas avoir vu autant de négociants et de maisons d’enchères offrir leurs services aux collectionneurs et courir après les plus belles pièces pour leurs catalogues.  Est-ce une bonne chose pour le marché ? Je pense que oui,  dans la mesure où cela induit une saine concurrence entre les divers acteurs qui courtisent les collectionneurs et déploient tous les efforts pour décrocher le marché.  En quoi consistent ces eforts ?  Des catalogues somptueux,  des taux de commission-vendeurs compétitifs,  et des services spéciaux, pour n’en citer que quelques-uns.  Vont-ils tous passer l’année ? Sans doute pas,  mais ceux qui survivront auront creusé leur trou,  que ce soit celui des montres de sports,  de haut ou de bas de gamme, de montres vintage ou contemporaines…

 

Sothebys-catalog.jpg