Banc d'essai avec la De Bethune DB Eight

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DB Eight © De Bethune
Sous la loupe de Christophe Persoz

On se souvient encore de la naissance de la marque en 2002, deux ans seulement après le lancement de votre magazine préféré. L’un des premiers modèles signé De Bethune avait alors fait l’objet de cette rubrique. Au-delà d’une qualité d’exécution remarquable, on se souvient d’avoir été marqué par une identité stylistique déjà très affirmée et un sens de l’innovation orienté efficience plutôt qu’os- tentation. En près d’un quart de siècle, la marque n’a cessé de se développer avec intelligence, dans sa stratégie comme dans ses collections. C’est donc avec une grande joie que nous avons testé cette DB Eight afin d’établir pragmatiquement un bilan de parcours de la marque et du travail de son horloger-fondateur Denis Flageollet.

DB Eight © De Bethune
DB Eight © De Bethune 

L’HABILLAGE :

La marque a su rapidement imposer des codes identitaires forts, qui lui ont depuis permis d’explorer de nombreuses directions sans jamais s’égarer. Cette DB Eight présente une sobriété et un certain style classique qui évoquerait presque un retour aux sources. Son boîtier en titane (42,4mm de diamètre et 9,2mm d’épaisseur) est d’une élégance aérienne. Les cornes en forme d’ogives, signature de la marque, apportent une note de modernité. Leur intégration à la bande de carrure est une réussite absolue, techniquement et esthétiquement. Mais ce sont bien le cadran et les aiguilles de cette DB Eight qui font le plus briller les yeux. Le guillochage du cadran est d’une délicatesse envoûtante. Le choix et le dimensionnement de la typographie sont des plus nobles et la pose de la décalque relève de la prouesse chirurgicale. Les longues et fines aiguilles en titane bleui s’harmonisent à l’ensemble et offrent à ce chronographe mono-poussoir une lisibilité exemplaire et une véritable fonctionnalité.

DB Eight © De Bethune
DB Eight © De Bethune 

LE MOUVEMENT :

On a déjà évoqué ici maintes fois la difficulté de développer un mouvement chronographe, quelles qu’en soient les fonctions et la gamme. Le calibre de cette DB Eight est à remontage manuel et oscille à 28’800 A/h. Il s’agit d’un chronographe mono-poussoir (à la couronne) dont la roue à colonne pivotée entre-pierres capte beaucoup d’attention. Le mouvement est régulé par l’efficace tandem balancier-spiral que Denis Flageollet ne cesse de perfectionner avec intelligence. Le travail sur la répartition des masses du balancier, avec sa serge en titane et ses masses en or, sur son aérodynamisme ou celui du spiral, de sa courbe terminale et de son attache, est remarquable et démontre une saine pugnacité technique de long terme. En vingt ans, la chronométrie selon De Bethune a prouvé son efficacité et sa fiabilité et chaque innovation semble réfléchie et mesurée. Les lignes nous manquent pour détailler la fantastique intégration volumétrique du mécanisme de chronographe à l’ensemble du mouvement et la qualité des terminaisons et de la décoration. Il s’agit du trente et unième calibre réalisé par la manufacture de L’Auberson qui emploie, selon son site, moins de cinquante collaborateurs. Parvenir à proposer un calibre aussi abouti dans sa construction, son design, sa chronométrie et ses terminaisons en dit long sur le niveau de compétences des équipes de la marque.

DB Eight © De Bethune
DB Eight © De Bethune 

LES TESTS :

Au porté, la DB Eight se révèle une merveille de légèreté et d’ergonomie. Il a été troublant de constater à quel point on peut parfois réellement oublier qu’on la porte. Le remontage est doux. Une bride glissante évite les surtensions du ressort, un choix judicieux qui aurait peut-être justifié un discret indicateur de réserve de marche (côté mouvement ?). L’autonomie de 60 heures révèle un bilan énergétique remarquable et l’efficience de l’organe régulateur. La chronométrie atteste par les chiffres de la pertinence du travail de De Bethune et de sa véritable efficacité.

EN CONCLUSION :

On a travaillé assurément beaucoup et très dur à L’Auberson pour parvenir à présenter 31 calibres de cette importance en vingt-deux ans. Celui de la DB Eight est un jalon de plus dans cette quête d’excellence et mérite les honneurs à une heure où l’industrialisation et un marketing démesuré ternissent certaines images.

La voie choisie par Denis Flageollet et son équipe depuis 2002 est manifestement la bonne. La discrétion et l’humilité de l’homme n’ont d’égal qu’un talent assurément ni assez connu ni estimé à sa juste valeur. La DB Eight est le dernier aboutissement d’une vision à long terme focalisée sur une efficacité techniquement démontrée et mesurable. Pragmatique ! On attend avec impatience les prochains jalons, leurs améliorations et leurs innovations.

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