Entretien avec Julien Tornare : partie 1

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In Conversation With Julien Tornare: Part 1 - Zenith
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Le CEO de Zenith se confie à propos de la nouvelle initiative DreamHers de la marque, de la catégorisation par genre en horlogerie et de la description de Zenith qu’il aime le moins

Zenith est au sommet de son art. Demandez à n’importe qui, des journalistes aux détaillants en passant par les observateurs de l’industrie. L’un des domaines dans lequel Zenith est aux avant-postes des marques traditionnellement orientées vers le public masculin est sa nouvelle approche du versant féminin de l’horlogerie, à la fois en termes de produits et de public. Récemment, le premier événement international célébrant son initiative DreamHers, lancée l’an dernier comme une campagne sur les réseaux sociaux pour mettre en valeur des femmes exceptionnelles dans leurs domaines et aujourd’hui plateforme à part entière, s’est tenu à Madrid. WorldTempus a eu la chance de rencontrer le leader de cette marque dynamique, le non moins dynamique Julien Tornare, et de discuter avec lui de l’avenir de Zenith.

C’est génial d’être ici à Madrid avec vous pour fêter le projet DreamHers. Puis-je vous demander pourquoi vous avez choisi Madrid ? Cette ville a-t-elle quelque chose de spécial qui, selon vous, pourrait vraiment faire écho au message que vous voulez transmettre ?
Et bien tout d’abord, nous voulions nous rendre dans le lieu d’origine de l’une des DreamHers. Nous savons aussi qu’il n’y a pas eu d’événements de ce type depuis longtemps, et nous voulions être dans un endroit sympa, avec une grande énergie. Madrid est une ville qui évolue en permanence et qui regarde vers l’avenir, c’est une ville qui change vite. Je discutais avec quelques locaux pendant le dîner hier soir et ils m’ont dit que si Madrid a longtemps été très espagnole, aujourd’hui c’est une ville très internationale. Alors nous avons senti que l’atmosphère était propice à un événement comme la célébration de l’initiative DreamHers, un sujet très actuel. Cela aurait pu être quelque part en Italie, cela aurait pu être à Paris, ou dans beaucoup d’autres endroits. Mais nous avons tous pensé que Madrid était la bonne destination pour nous cette fois-ci.

Du point de vue de Zenith, quel est le but ultime de l’initiative DreamHers ? C’est très bien de mettre en valeur ces femmes exceptionnelles qui font des choses exceptionnelles, bien sûr, mais pour la marque l’objectif sous-jacent est-il d’intéresser davantage de femmes à l’horlogerie mécanique ? Ou d’attirer plus de femmes vers la marque peut-être ?
Soyons très honnêtes et transparents. Nous sommes une entreprise qui vend des montres, pas une organisation altruiste. Ceci étant dit, nous voulons représenter l’évolution de la place des femmes dans la société à travers ce que nous faisons, du point de vue des montres. Vous connaissez bien l’horlogerie suisse, elle est très conservatrice à de nombreux égards. Certes elle évolue, mais elle est encore assez conservatrice. Donc l’idée que nous avons eue était de dire, d’accord, nous voulons rendre hommage à des femmes qui ont accompli des choses incroyables dans leur domaine. Nous voulons reconnaître et amplifier le fait que les femmes, un peu partout dans le monde, achètent par elle-même, elles achètent leurs propres montres, elles ne les reçoivent pas seulement en cadeaux.

Entretien avec Julien Tornare, 1ère partie

Dans le même ordre d’idées, il existe un débat sur ce qu’on appelle les montres pour hommes et les montres pour femmes, et sur la façon dont l’industrie continue d’essayer d’assigner certaines montres à certains genres.
Oui, exactement. Qui sommes-nous pour dire aux gens ceci est une montre pour hommes et celle-ci une montre pour femmes ? J’aimerais vraiment insister là-dessus. Nous ne faisons pas des montres pour hommes ou des montres pour femmes. Nous produisons de magnifiques montres que des hommes ou des femmes peuvent porter. C’est aussi simple que cela. C’est de cette façon que l’on peut aborder le sujet de l’égalité des genres du point de vue de l’horlogerie. Je discutais avec l’une de nos ambassadrices DreamHers, le docteur Laetitia Guarino, qui à 28 ans est chirurgienne, et elle me racontait à quel point son domaine est encore difficile pour une femme, et le nombre de fois où on lui demande encore si elle est l’infirmière au lieu du médecin. Le monde est rempli de suppositions de ce genre, et nous ne voulons plus de cela avec nos montres. Il y a quelques obstacles pratiques à surmonter dans le processus. Par exemple, notre responsable des réseaux sociaux me disait que cette segmentation est en partie due à la façon dont les gens cherchent les montres en ligne. Ils cherchent « montres pour hommes » ou « montres pour femmes ». Mais alors, ai-je dit, que se passe-t-il si nous retirons cette catégorisation de nos montres ? Est-ce que les consommateurs arrêteront de chercher des montres ? Non, ils commenceront simplement à le faire d’une autre façon. Je considère qu’il est de notre responsabilité de favoriser ce changement.

Entretien avec Julien Tornare, 1ère partie

Nous pouvons constater que cela commence déjà dans le monde. Une question que je pose toujours aux marques c’est si elles se considèrent comme des leaders sur le marché, si elles estiment que leur rôle n’est que de donner au marché ce qu’il veut ou, espérons-le, également d’élargir le marché et d’offrir davantage de choix aux consommateurs.
Au tout début de l’initiative DreamHers, je disais simplement à l’équipe que l’ascension des femmes dans la société était une bonne évolution. C’est ma conviction personnelle. Mais si je parle en tant que CEO, si nous affirmons être une marque novatrice du 21ème siècle, si nous voulons représenter l’avenir de l’horlogerie suisse, nous devons regarder au-delà de la montre elle-même. Nous devons penser à l’entreprise et à l’image que nous présentons. Nous devons aller de l’avant de cette façon, parce que c’est le futur. C’est simple. Nous devons aller plus vite sur ce sujet, certains pays sont à la traîne, d’autres sont en avance, donc si nous pouvons jouer un petit rôle, en tant que compagnie, pour stimuler ces idées et les rendre plus visibles, nous devrions le faire. Et en le faisant, nous protégeons aussi l’avenir de notre entreprise.

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