L'art de la fusion au féminin

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A feminine art of fusion - Hublot
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Lancement de la Big Bang Integral, d'un modèle Gold Crystal, nouvelles versions serties Rainbow: l'actualité de Hublot est chargée lors de la LVMH Watch Week. Son CEO répond à nos questions sur les montres pour dames et aussi pour hommes.

Quelle est votre approche de l’horlogerie féminine ?

Nous vendons environ 20 % de nos pièces aux dames alors que nous n'avons pas de gamme dédiée. J'aimerais bien que ce soit 30 ou 40, mais nous avons construit notre marque sur une forte identité et celle-ci est masculine, par son concept, par les matières... Alors nous avons réussi à féminiser nos collections en appliquant notre concept de l'art de la fusion, à travers des matières et les couleurs qui nous apportent du succès. Nous avons fait du jean, des montres en broderie, du multicolore, du sertissage...dans le cadre de nos gammes existantes.

L'art de la fusion au fémininCréerez-vous une ligne dédiée aux femmes ?

Non. On amènera la femme à nos produits à travers leur féminisation. Nous nous adressons à des femmes qui ont déjà eu une autre expérience horlogère et qui ont un coup de cœur parce que nos produits ne se retrouvent pas ailleurs. Il faudrait raconter une histoire et soutenir une ligne féminine à travers une égérie par exemple. Mais nous n'avons pas choisi d'égérie féminine, un top model incroyable ou une actrice.

Comment est véhiculé votre message auprès de ce public?

Nous avons des amies de la marque. Nous privilégions des femmes qui ont accompli quelque chose d’exceptionnel dans leur vie. Ce sont surtout des sportives comme la footballeuse américaine Alex Morgan, la sprinteuse anglaise Dina Asher-Smith, l'athlète néerlandaise Dafne Schippers et des tenniswomen comme Simona Halep et Elina Svitolina. On ne fait pas de publicité avec elles mais nous faisons des relais sur les réseaux sociaux et des événements.

Y a-t-il un pays, un marché où Hublot a plus de succès avec les femmes?

Nous avons un marché particulier qui est la Russie, où nous sommes à 45% féminin. Ce qui inclut bien sûr les hommes qui achètent pour offrir aux dames et aussi les femmes qui y ont une maturité avancée, qui sont sophistiquées et qui achètent pour elles-mêmes. La série limitée Sang Bleu turquoise de 50 exemplaires que nous avons fait pour elles est partie très vite.

Mais Hublot a quelque chose de spécial à dire en horlogerie, n'est-ce pas?

Après les sertis rainbow, les montres multicolores, les broderies, nous avons fait des boîtes en saphir rose, bleu et transparent dans la collection One Click,  et nous avons vendu déjà 300 exemplaires en tout. Donc les femmes arrivent à s'approprier le saphir en tant que matière précieuse plutôt que technique. On a quelques femmes entrepreneures qui nous ont acheté ces versions saphir, aux tarifs élevés, ce qui prouve que les femmes qui réussissent viennent à nous.

L'art de la fusion au fémininEst-ce que Hublot vend des complications aux dames?

Nous avions fait une exploration avec une ligne de tourbillons dédiés aux dames. Mais je m’étais dit que nous préférerions amener de la valeur à travers les matières plutôt que la mécanique. Mais nous pouvons changer... De plus, nous sommes une marque différente sur le sujet des complications. Un  tourbillon tout seul ne nous correspond pas tout à fait. Et dédier aux femmes des complications plus Hublot, comme la MP-11 et ses 14 jours de réserve de marche, ne fonctionnerait pas.

L'art de la fusion au fémininMême si ces complications sont serties très haut de gamme?

Elles partent chez les hommes. Dans notre métier, les montres serties baguette au delà de 500 000 € sont pour les hommes, à 95%. Les dames vont plutôt vers des montres toutes pavées mais avec des pierres rondes.

Quelle serait la gamme la plus adaptée à cette clientèle ?

La ligne qui est parfaite pour les dames est la One Click. Avec son système d'attaches interchangeables, c'est un modèle polyvalent, qu'on peut faire vivre à travers une série de bracelets : en version manchette, en daim, avec de la fourrure, du mouton retourné, sympa pour l'hiver.

A propos de la Big Bang Integral, aviez vous besoin de lancer ce produit alors que la concurrence n'a jamais été aussi forte sur le segment des montres bracelet acier?

C'est là où il y a des challenges qu'il faut tenter l'expérience. Le bracelet en métal est un exercice complexe parce que la marge de manœuvre créative est étroite. Et cela fait trois ans qu'on y travaille. Mais Hublot est arrivé à une maturité, à une taille, à une force de marque où on peut tenter une expérience bracelet. Et on a voulu le faire de manière cohérente : nous sommes partis du bracelet et nous avons adapté la boîte en fonction. De plus, c'est un relais de croissance qualitative. Nous sommes à une taille où nous ne pouvons pas significativement étendre notre production. Mais nous avons le potentiel d'exister sur ce segment avec ce qui est en fait un complément de gamme. Parce que notre bracelet de base restera le caoutchouc.

L'art de la fusion au fémininVous êtes à l'étroit ?

Notre zone manufacture, les deux bâtiments, sont occupés. Et j'envisage d'en créer un troisième dédié à la fabrication de matières comme la céramique. Pas forcément pour y rapatrier toute la production de composants que nous consommons. Par exemple les pièces noires sont assez standard et nous en utilisons de très grosses quantités. Ce sera plutôt sur des modèles spécifiques, à haute valeur ajoutée, comme pour Ferrari ou notre céramique rouge. Mais ce sont de gros investissements et qui demandent aussi beaucoup de savoir-faire.

L'art de la fusion au fémininPuisque vous parlez de Ferrari, allez-vous suivre la démarche qu'ils viennent d'entamer en créant la Roma, qui constitue un retour aux belles GT ?

Nous avons déjà lancé la ligne Classic Fusion Ferrari GT, qui a été conçue par le constructeur. C'est l'interprétation de Flavio Manzoni, le directeur artistique de Ferrari. Elle est élégante, soyeuse, et elle correspond à un esprit GT.

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