Boom des montres connectées et morosité économique

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Smartwatch boom and economic gloom - Horological highlights of 2015
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Notre rédacteur en chef revient sur une année horlogère riche en événements.

L’un des plus grands bouleversements que l’industrie horlogère ait connu en 2015 s’est produit en début d’année, en plein milieu d’un des plus importants salons de l’année. Le SIHH venait à peine d’ouvrir ses portes que la Banque Nationale Suisse annonçait l’abandon du taux plancher qui maintenait artificiellement le taux de change entre le franc suisse et l’euro à CHF 1.20. D’un seul coup, le franc suisse plongea pour atteindre la quasi parité avec l’euro – une dévaluation de près de 20% qui rendait les exportations suisses plus chères. L’industrie horlogère suisse réagit rapidement et de différentes façons. L’un des premiers à riposter fut le CEO de Bulgari, Jean-Christophe Babin, qui annonça l’ajustement immédiat à l’ancien taux des prix pratiqués dans les points de vente suisses.

Depuis, le sujet a été un peu oublié et même à Baselworld 2015, il est passé au second plan derrière l’autre thème majeur de l’année: les montres connectées. Pour l’horlogerie suisse, c’est Frédérique Constant qui la première s’est lancée dans la bataille, en septembre 2014 déjà, soit à peine une semaine après la présentation par Apple de la montre qui allait faire trembler l’industrie suisse, si l’on en croit du moins Johnny Ive, le gourou du design de la marque. Montblanc lui emboîta le pas en début d’année avec son e-strap qui permet d’ajouter des fonctionnalités “intelligentes” à n’importe quel garde-temps traditionnel, que ce soit un Montblanc ou non. D’autres grandes marques suivirent à Baselworld, notamment Bulgari avec ses montres connectées à un bunker militaire caché dans les Alpes suisses, Gucci, via sa collaboration avec le musician Will.i.am - qui doit encore voir le jour - et TAG Heuer via son association avec Intel et Google, loin de son terriroire de prédilection. Fruit de cette collaboration, la Carrera Connected n’a vu le jour qu’en novembre dernier, pourtant son succès a surpris jusqu’au CEO Jean-Claude Biver, pourtant réputé peu réservé.

Frederique Constant Horological Smartwatch FC-285V5B4

De fait, cette annonce d’une montre connectée version TAG Heuer n’en était qu’une parmi la longue liste que compose la campagne marketing de Jean-Claude Biver. Bundesliga, VIP féminins, Carrera Panamericana, ambassadeurs, skis – tous se retrouvent sous le slogan “#DontCrackUnderPressure” relayé par les médias sociaux. Pour clore l’année en beauté, la marque a signé un partenariat avec le Red Bull Racing, mettant ainsi fin à une collaboration longue de 30 ans avec l’écurie de Formule 1 MacLaren. Ce nouveau partenariat donne même à TAG Heuer des droits d’appellation sur le Red Bull Racing 2016 – TAG Heur RB12, un accord qui remonte à l’époque où les moteurs MacLaren étaient aussi brandés TAG Heuer.

TAG Heuer RED BULL RACING

Ce qui, en janvier n’était encore qu’un simple« bip » monétaire enfla graduellement pour devenir une véritable crise économique pour l’industrie horlogère. Les terribles attaques terroristes de novembre ont poussé les clients chinois amateurs de luxe à annuler en série leurs voyages en Europe, ajoutant encore aux difficultés du marché domestique et à la défection des riches touristes russes, dissuadés de se rendre à l’étranger. Conséquence logique, les exportations horlogères suisses ont subi un déclin encore plus prononcé dans les derniers mois de l’année.

Que réserve 2016 à l’industrie horlogère ? Découvrez-le dans notre article prévisionnel à paraître le 4 janvier prochain.