Interview d'Oliver Ebstein

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Interview with Oliver Ebstein - Chronoswiss
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Le rédacteur en chef de WorldTempus Paul O’Neil s’est entretenu avec Oliver Ebstein sur le récent déménagement de Chronoswiss en Suisse, ses nouveaux modèles aux prix attractifs et son orientation stratégique pour le futur.

L’an dernier, vous avez installé vos locaux à Lucerne dans le cadre d’un grand retour en Suisse. Comment les choses ont-elles évolué depuis ?
Nos locaux de Lucerne sont aussi notre siège. Nous avons eu la chance de tout pouvoir regrouper, administration et production se trouvent côte à côte. Le secteur de la production relève aussi d’un nouveau concept, car c’est une usine que l’on peut visiter librement. Nous avons ouvert nos nouveaux locaux en août dernier, ce n’est donc pas très vieux et cela prend un certain temps pour attirer les visiteurs dont nous avons besoin, mais nous y travaillons. Nous sommes situés au centre de Lucerne, ce qui est intéressant pour nous du point de vue du marketing car nous avons des visiteurs tous les jours. Nous commençons à être connus comme le lieu où se rendre pour voir comment les montres sont fabriquées. Des gens nous appellent pour réserver des visites.

On dit que Lucerne est la ville la plus importante au monde pour la vente de montres et que peut-être 90% des montres vendues le sont aux touristes. Même si vous n’êtes pas dans cette ville depuis très longtemps, avez-vous remarqué des évolutions sur le marché du tourisme, au vu des changements dans la situation politique mondiale ?
Nous n’avons pas de statistiques qui nous permettent de comparer avec les années précédentes, évidemment, mais beaucoup de gens se plaignent de la situation en Chine. Je crois qu’une grande partie des montres qui entrent en Chine sont achetées hors du pays. J’ai constaté que nous vendions un peu plus aux Chinois, mais ce n’est pas notre objectif principal. Comme je l’ai dit, nos locaux à Lucerne sont plutôt une usine que l’on visite. Nous vendons nos montres à d’autres bijoutiers de Lucerne et constatons par leurs commandes que les ventes augmentent un peu. Donc on peut dire que les ventes aux touristes compensent le manque de ventes dans leurs pays.

Votre clientèle de base provient du monde germanophone et vous souhaitez l’élargir ainsi que toucher un public plus jeune. Quelle est votre stratégie pour y parvenir ?
Notre  partenariat avec Die Fantastische Vier (un groupe de rap allemand) est un premier exemple, même si les gens qui se rendent à leurs concerts ont entre 25 et 55 ans. De nombreux collectionneurs connaissent l’histoire de la marque et toutes nos collections, mais même si la collection Timemaster existe depuis longtemps, elle ne s’est jamais réellement positionnée comme la première pièce qu’achète un amateur de montres. En ce qui nous concerne, en Europe en particulier, nous achetons ce genre de montre sportive comme première montre. Mais en Asie les gens recherchent davantage une montre classique comme première montre. Donc l’idée était de produire une Timemaster d’un style classique et c’est la première fois que nous offrons une pièce de cette collection au-dessous de 3'000 francs suisses, 2'850 pour être exact.

Quelle est l’importance de la barrière des 3'000 francs que vous mentionnez ?
Les nouveaux développements de la Timemaster sont un début, mais comme vous le dites, le chiffre 3'000 est en effet une barrière. La plupart de nos composants viennent de Suisse et nombre de marques qui réduisent leurs prix maintenant continuent à produire les mêmes montres. En tant que client, si je vois la même montre que j’ai achetée l’année dernière dans une vitrine à un prix 30% inférieur, je vais commencer à me demander si la marque à laquelle je l’ai achetée a été honnête avec ses clients durant les dix dernières années. Pour la nouvelle Timemaster je crois que c’est un prix juste pour quelqu’un qui achète sa première montre mécanique Swiss made. Nous envisageons d’avoir un modèle dans la série classique aux alentours des 3'000 francs également l’an prochain.

Pouvez-vous nous donner votre sentiment personnel sur l’édition de Baselworld de cette année ?
J’ai entendu beaucoup de choses sur les stratégies de prix chez différentes marques et vu plusieurs pièces très médiatisées, comme toujours. Je crois que les affaires ont un peu diminué, les gens se plaignent de la Chine. L’Apple Watch est aussi sur toutes les lèvres, mais c’est quelque chose dont nous n’avons même pas encore discuté. Et pourtant de nombreuses marques essaient au moins de communiquer qu’elles font quelque chose dans cette direction.

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