Interview d’Antoine Pin

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Interview with Antoine Pin - Bulgari
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A l’occasion de la LVMH Watch Week 2021, le directeur de la Division Horlogère de Bulgari donne sa vision des nouveautés

Honneur aux dames, quelle nouvelle montre retenez-vous avant tout parmi vos trois collections féminines ?
Avec la nouvelle Serpenti Spiga, notre collection féminine iconique franchit une nouvelle étape dans l’affirmation de la montre joaillière. La structure tubulaire du bracelet ne permettait pas jusqu’à présent de le sertir, mais nos artisans ont imaginé un procédé y remédiant. Grâce à 40 petits liens enfilés autour de la lame du ressort, les maillons sont maintenus et posés les uns à côtés des autres et la queue soudée, ce qui procure assez d’espace au sertissage tout en conservant la flexibilité de la construction. L’art joaillier se déroule naturellement sur tout le bracelet. Ce n’est pas forcément le produit le plus spectaculaire de ce millésime féminin joaillier, mais le plus important, car nous allons au bout de l’exercice de la montre de joaillerie tout en nous ouvrant des perspectives à long terme, tant ses possibilités de développement s’avèrent nombreuses.

Interview d’Antoine Pin

En ce qui concerne les collections Divas' Dream et Lucea, en quoi se distinguent particulièrement les nouveaux modèles de la collection 2021 ?
La Divas' Dream Peacock représente pour moi un appel aux sens, on se régale en travaillant sur ce genre de produit. Nous côtoyons les paons depuis des millénaires dans la région romaine. En tant que joaillier nous aspirons à exprimer la beauté de la nature, et leurs plumes sont fascinantes. Elles tombent naturellement du paon et leur utilisation est parfaitement éthique. Libre alors à nos artisans de les travailler en marqueterie, ou en inserts comme sur la Diva Dream Peacock Tourbillon. Nous présentons une trilogie, équipée de trois calibres maisons différents et de complexité variable, où l’harmonie entre la boite et le mouvement s’avère remarquablement aboutie. Plusieurs semaines sont nécessaires pour réaliser les cadrans, et seules quelques dizaines de ces modèles seront vendus chaque année. Je suis fier de cette symbiose entre notre identité joaillière et notre savoir-faire horloger, qui ne cesse de se renforcer.

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La Lvcea reste donc le produit d’entrée de gamme ?
Oui, mais paradoxalement c’est sans doute celui sur lequel le travail le plus poussé a été réalisé! Nous avons réinventé le cadran nacré avec de la marqueterie, où cent micro éléments de nacre coupés et assemblés créent un cadran en trois dimensions. Adjoindre les métiers d’art à des montres entre cinq et dix mille francs relève de l’exploit. Là aussi, nos montres véhiculent le message selon lequel Bulgari est le joaillier romain du temps. Le design stylistique italien doit se refléter aussi fortement chez l’homme que la femme. Nous avons réduit le nombre de références afin d’affirmer cette différence, et nous sommes remis en question pour accroitre la valeur ajoutée de nos produits. Il a fallu beaucoup réfléchir et se montrer créatif afin d’offrir à nos clients une valeur ajoutée très haute.

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Votre collection phare Octo Finissimo s’enrichit cette fois d’un chronographe GMT en acier, qu’apporte-t-il ?
Avec l’Octo Finissimo en titane que les collectionneurs adorent, Bvlgari s’est doté d’une pièce très conceptuelle : monochromatique, ultraplate, 100% titane, absolue. Mais l’amateur qui a l’habitude d’avoir du poids et du volume au poignet peut se sentir désemparé par sa légèreté et la trouver trop extrême. Le nouveau chronographe GMT en acier lui permet d’entrer dans un univers qu’il comprend mieux, et de la porter au quotidien car elle correspond aux standards de l’horlogerie fine (couleur, étanchéité à 100m, couronne vissée). C’est un segment qui a déclenché une forte accélération des ventes.

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Bulgari lance aussi une grande complication : l’Octo Roma Carillon Tourbillon, au design très contemporain et sobre, est-ce une forme de litote ?
Cette pièce reste très expressive tout en suivant notre style italien, et traduit notre volonté d’ancrer la haute horlogerie dans le monde moderne. Souvent on observe un petit côté désuet sur les répétitions minutes, que nous souhaitions faire évoluer. Nous avons concentré nos efforts sur une expression stylistique plus agressive que sur ce type de montres en général, et sur la qualité de la transmission du son. Nous avons utilisé la base de la grande sonnerie Octo tout en fixant le timbre sur la boite, et non pas sur le mouvement. Visant la meilleure performance acoustique possible, la boîte a été évidée pour limiter les volumes de titane et ne pas bloquer la propagation du son, et se distingue par une structure en nid d’abeille.

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Durant votre présentation LVMH Watch Week vous avez aussi annoncé vouloir mettre en avant l’expertise de Bulgari (décoration, miniaturisation, sertissage), comment ?
Tout d’abord dans les collections, notamment la Diva Peacock, mais aussi par le biais de films mettant en scène nos artisans. Nous leur avons rendu hommage en leur demandant de parler d’eux-mêmes et de leurs métiers. Ils sont passionnants et transmettent beaucoup d’émotion, tout en témoignant à quel point la nature manufacturière de Bvlgari est solide. Je suis fier de ce film et de nos artisans, qu’il s’agisse du designer ou du polisseur, qui évoque son métier avec tellement d’intensité qu’il donne l’impression que le sort du monde en dépend, c’est magnifique.

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Vous dirigez Bulgari Horlogerie depuis fin 2019 dans les conditions que l’on connait, êtes-vous confiant pour 2021 ?
Ceux qui connaissent ma mentalité savent que je vois toujours le verre à moitié plein. Je retiens de 2020 que nous avons su nous adapter. On traite d’autant mieux ce genre de situation quand on les aborde de manière positive. C’est un moteur pour nous, notre énergie est communicative, la passion et l’envie nous animent, nous sommes prêts pour 2021.

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