Le premier chronographe de l'histoire

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The first ever chronograph - Louis Moinet
Les Ateliers Louis Moinet dévoilent aujourd'hui le premier chronographe jamais conçu. Datant de 1816, il offre une précision hors-norme.

Le suspens était entier. Jean-Marie Schaller, CEO et fondateur des Ateliers Louis Moinet, avait gardé le secret de sa découverte jusqu'à 21 mars 2013, à 13 heures précises. On savait l'homme taraudé par une mission qu'il s'était lui-même fixé : remettre le nom de l'horloger Louis Moinet (1768-1853) au panthéon de l'horlogerie. « Nos recherches indiquaient toutes qu'il était probablement l'un des horlogers les plus doués de tous les temps », rappelle Jean-Marie Schaller. « Il nous manquait simplement une découverte pour en attester ». Cette découverte, c'est au sein d'une famille princière européenne qu'elle se fera. C'est là en effet que le chronographe y est resté caché pendant un siècle et demi. Récemment mis en vente et estimé entre 3'000 et 4'000 francs, il a finalement été adjugé à 50'000 francs.
 

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Cette découverte a aujourd'hui un nom : le premier chronographe jamais inventé. De nombreuses maisons se sont longtemps disputées cette paternité. Un relatif consensus l'établit à 1844 sous un brevet d'Adolphe Nicole. Les Ateliers Louis Moinet présentent aujourd'hui une pièce de...1816. La découverte, absolument majeure pour l'histoire de l'horlogerie, va probablement conduire à la réécriture de la quasi-totalité des manuels et traités d'histoire horlogère.

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Fin de l'histoire ? Loin s'en faut. Cette pièce inestimable, non contente de coiffer au poteau de près de 30 ans ce que l'on croyait être le premier véritable chronographe de l'horlogerie, démontre également des propriétés mécaniques hors du commun.

Louis Moinet, homme d'art et de sciences, aimait à se livrer à l'observation astronomique. Cette science a toujours soutenu la connaissance horlogère. Pour autant, le XIXème siècle fut un tournant majeur dans la mesure où les progrès techniques qui l'accompagnaient offraient la possibilité de mesures mécaniques de plus en plus précises.
 

 

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Comme beaucoup de ses confrères, Louis Moinet travaillait aussi à cette quête de précision. Sauf que lui y parvint : son chronographe de 1816 offre une précision au 1/60ème de seconde, soit 216.000 alternances par heures !
Pour recadrer les choses, en 1820, soit après l'invention de Louis Moinet, on réussit péniblement à mesurer le 1/5ème de seconde, dans certains cas le 1/10ème. Il faudra attendre 1916 (un siècle plus tard !) pour qu'un certain Heuer, l'homme derrière ce qui allait devenir TAG Heuer, dépasse cette fréquence et atteigne 360.000 alternances par heure. La pièce des Ateliers Louis Moinet s'impose donc aujourd'hui non seulement comme le premier chronographe de l'horlogerie, avec 30 ans d'avance, mais également comme le premier instrument horloger haute fréquence avec, cette fois, près d'un siècle d'avance !

« Cette mesure au 1/60ème était supposée. Nous en trouvions trace dans le Traité d'horlogerie auquel Louis Moinet a consacré 20 ans de sa vie et qui fut la référence technique horlogère pendant des décennies », rappelle Jean-Marie Schaller. « La plupart des experts la devinait derrière ce que Louis Moinet y appelait un « compte tierce », ce que l'on pourrait aujourd'hui appeler « compteur de tierces », c'est-à-dire la mesure d'une seconde divisée par 60. Nous n'avions toutefois jamais pu mettre la main sur une pièce qui permettait de rendre réelle ce qui n'était alors, pour tous, qu'une exploration purement théorique. Aujourd'hui, cette pièce, nous l'avons ».

Dotée de deux poussoirs à midi pour son déclenchement et son arrêt, ainsi que pour sa remise à zéro, le chronographe de Louis Moinet a une esthétique d'une modernité stupéfiante. Il offre déjà une forme ronde avec grande aiguille centrale et compteurs intégrés. Techniquement, la pièce offre une réserve de marche d'environ 30 heures, toutefois non testée pour ne pas l'endommager. Il était néanmoins indispensable à Louis Moinet de pouvoir s'en servir le temps d'une révolution astronomique, soit 24 heures. Enfin, sa datation, sur laquelle vont se jeter ses potentiels détracteurs, ne fait aucun doute : elle comporte quatre poinçons qui attestent sans équivoque de la date à laquelle fut commencée la pièce (1815) puis terminée (1816).

Jean-Marie Schaller en a toujours eu la conviction : « Louis Moinet était l'un des plus grands horlogers de tous les temps ». Il l'a toujours dit et c'est ce qui a motivé sa création des Ateliers du même nom. Aujourd'hui, il le prouve. Dans l'immédiat, il ne reste plus qu'à réécrire l'histoire du chronographe...
 

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