La famille Scheufele: durabilité sur tous les fronts

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The Scheufele family: sustainability on all fronts - 15 years of great content
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La famille Scheufele, qui a racheté Chopard en 1963, était citée il y a quatorze ans dans la liste des 300 plus riches de Suisse du magazine Bilan. L’an dernier, elle y figurait toujours, un peu plus riche.

Faire partie de la liste des 300 personnes les plus riches de Suisse n’est pas chose aisée. Pendant des années, l’homme le plus riche du pays était Ingvar Kamprad, le fondateur du géant des meubles en kit Ikea, dont la fortune personnelle était estimée à environ 45 milliards de francs mais qui était connu pour son austérité, conduisant sa vieille Volvo dans les rues de Lausanne et faisant ses courses dans les supermarchés discount. Mais il a récemment quitté la Suisse et a cédé la première place à…la famille Kamprad !

Selon Bilan, il y a 122 milliardaires en Suisse, pour figurer au début de la liste il faut donc avoir amassé une fortune considérable avec son propre business (presque 70% des gens apparaissant sur cette liste sont des entrepreneurs) ou en hériter de sa famille. Environ 20% de la liste est constituée d’héritiers des plus grandes entreprises de Suisse, comme les familles Hoffmann et Oeri, qui pointent à la troisième place avec une fortune de 25 milliards de francs grâce aux parts qu’elles détiennent dans le géant pharmaceutique Roche, dont le nouveau siège bâlois est l’immeuble le plus haut de Suisse, éclipsant la tour de l’hôtel Ramada voisin au sein du centre des expositions qui accueille Baselworld.

Les co-présidents de Chopard, Caroline et Karl-Friedrich Scheufele étaient parmi les 300 plus riches en 2002. Mais comment leurs fortunes ont-elles évolué durant les 14 dernières années ? Grâce aux partenariats de longue date de Chopard avec le Festival de Cannes et la course Mille Miglia, qui reflètent les passions des deux co-présidents, la marque a gagné des adeptes aussi durables que l’or d’extraction équitable qu’elle utilise pour ses bijoux et ses montres. Dans la liste de l’édition 2015, Bilan estimait que Chopard, qui emploie quelque 2'000 personnes, vend environ 80'000 montres et 75'000 bijoux par année pour un chiffre d’affaires estimé par la banque Vontobel à 570 millions de francs suisses.

Chopard-Caroline-Karl-Friedrich-Scheufele

Entre 1,5 et 2 milliards de francs suisses, la fortune de la famille Scheufele a légèrement augmenté au cours des 14 dernières années et demeure stable. Mais ce ne sont pas les seuls entrepreneurs du monde de l’horlogerie à pointer sur cette liste, certains sont connus, d’autres moins…

Famille Hayek (5-6 milliards de francs suisses)
La fortune de la famille à l’origine du plus grand groupe horloger du monde reste stable malgré les difficultés associées à la force du franc suisse, qui pourraient affecter l’objectif du Swatch Group d’atteindre un chiffre d’affaires de 10 milliards de francs cette année.

Laurence Graff (4-5 milliards de francs suisses)
L’actionnaire majoritaire de Graff Diamonds dirige les activités joaillières et horlogères de la société depuis sa résidence de Gstaad. En 2014, la compagnie a dépassé la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires et l’an dernier elle a présenté la montre la plus chère à Baselworld, la Graff Fascination sertie de 153 carats de diamants : à 40 millions de francs suisses, elle représente un pour cent de la fortune personnelle de Laurence Graff.

Famille Mouawad  (3-4 milliards de francs suisses)
Active dans la joaillerie, l’horlogerie et l’immobilier, la famille Mouawad a vu sa fortune augmenter d’un confortable milliard de francs suisses l’an dernier, selon Bilan. Mouawad a commencé à produire ses propres mouvements il y a deux ans et a développé les boutiques de vente à son nom lors des deux dernières années.

Famille Stern (3-4 milliards de francs suisses)
L’an dernier la première pierre d’un nouveau bâtiment Patek Philippe a été posée à Plan-les-Ouates, bâtiment entièrement autofinancé par la marque. Le fait que le coût estimé soit de 500 millions de francs suisses illustre la santé financière de l’entreprise et par conséquent de ses propriétaires indépendants.

Famille Audemars (800-900 millions de francs)
Après 140 ans d’existence, Audemars Piguet est l’une des rares marques horlogères indépendantes encore en mains de la famille fondatrice. Il n’est donc pas étonnant que la famille ait engrangé une fortune considérable au fil des années.

Carlo Crocco (300-400 millions de francs suisses)
Les premiers modèles Hublot portaient l’inscription « MDM » sur leur cadran, abréviation de « main dans la main ». C’est le nom de la fondation de Carlo Crocco, le fondateur de la marque, qui partage maintenant son temps entre le travail pour sa fondation et une autre association caritative suisse.

Familles Bernheim et Weil (100-200 millions de francs suisses)
En tant que directeur général de l’entreprise familiale Raymond Weil depuis l’an dernier, Elie Bernheim a supervisé le lancement d’un certain nombre de partenariats avec le monde de la musique si cher au cœur de la famille, le plus récent étant un extraordinaire accord avec les Beatles. Avec son frère Pierre, Elie dirige également deux restaurants à Genève, notamment le Café des Banques, célèbre pour les immenses bocaux de bonbons placés sur la table après le repas.

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Jean-Claude Biver (100-200 millions de francs suisses)
Après avoir acheté Blancpain pour seulement 22'000 francs suisses et l’avoir revendu 10 ans plus tard au Swatch Group pour 60 millions, puis pris une participation de 20% dans Hublot vendu ensuite pour une somme de 500 millions de francs suisses à LVMH selon certaines sources, Jean-Claude Biver est à l’évidence le maître du redressement.

Viviane de Witt (100-200 millions de francs suisses)
Collectionneuse d’art depuis l’enfance, il se trouve que Viviane de Witt est également une descendante directe de Jérôme Bonaparte, le frère aîné de Napoléon. Elle est directrice générale de la marque horlogère DeWitt, pour laquelle son mari crée des complications horlogères mécaniques originales et ludiques.

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Famille Macaluso (100-200 millions de francs suisses)
Même si la marque Girard-Perregaux, vieille de 225 ans, a été vendue au groupe français Kering, Stefano Macaluso est encore activement impliqué dans le design des montres de la marque.

Franck Muller (100-200 millions de francs suisses)
Diplômé de l’école d’horlogerie de Genève, Franck Muller peut se targuer d’avoir à son actif pas moins de 36 premières mondiales et brevets, ainsi qu’une montre avec 36 (hasard ?) complications. Il n’est plus actif au niveau opérationnel mais garde un bureau au siège du groupe Franck Muller à Genève.

Mise en garde
Les lecteurs les plus attentifs auront peut-être remarqué les différences assez importantes entre les chiffres donnés plus haut pour les fortunes individuelles des membres de la liste des 300 plus riches de Suisse. Compiler de telles listes, résultant d’un mélange de sources concernant les fortunes tant de compagnies publiques que d’entreprises et de fondations privées et familiales, sans compter les nombreuses estimations, est évidemment difficile. D’où des évaluations avec une marge d’erreur de 100% pour ceux dont les fortunes se montent à 100 et 200 millions de francs suisses et une énorme différence d’un milliard de francs suisses entre les chiffres les plus élevés et les plus bas pour les ultra-riches barons de l’horlogerie.