Cette année, la Grande Maison soutient le travail de la jeune et talentueuse cinéaste suisse, Eileen Hofer. Passionnée par le cinéma depuis toujours, elle décide de s’y consacrer dès 2008 en réalisant plusieurs courts et longs métrages. Ils sont présentés dans des festivals de films internationaux tels que Rotterdam, Soleure, Locarno, Karlovy Vary… et glanent des dizaines de prix. Ses voyages et ses rencontres deviennent pour elle une école de vie, une école de cinéma.
Le projet d’exposition « Tomorrow the birds will sing » est né au détour des voyages d’Eileen Hofer aux quatre coins du monde. Que ce soit sur un navire le long de la rivière Yangtsé en Chine, lors d’une nuit étoilée aux abords du cratère de Ngorongoro en Tanzanie ou lors d’une fête familiale dans la banlieue de Baku, Eileen Hofer s’est rendue compte que Charlot déclenchait partout des émotions unanimes. Un comique à la portée universelle qui transmet des valeurs intemporelles.
Avec Chaplin, Eileen a appris à pleurer, à rire, à soupirer. Elle a appris la beauté du geste, le sens et la précision du mot même silencieux. Avec Chaplin, elle a appris la bienveillance mais surtout à croire en elle et en chacun. Avec Chaplin, elle a appris à vivre le moment présent, à voire le verre à moitié plein, à partager, à inventer, à créer, à relativiser et à trouver le beau dans l’absurde. Avec Chaplin, elle a vu l’enfant naître et le projecteur d’une salle de théâtre s'assombrir sur un visage ridé. Chaplin se moque de la médiocrité sans pour autant lui en vouloir. Tire sa révérence avec tristesse mais sans désespoir. Les salles sont tantôt pleines, tantôt vides et résonnent comme le parcours de nos vies.
Dernièrement, au cœur des Caraïbes, dans une de ces vieilles bâtisses coloniales désossées et délavées de la vieille Havane, la sérieuse gamine en tutu qu’elle filmait se met soudain à piaffer devant une pirouette du Vagabond avant de retourner avec assiduité et concentration à ses exercices. Destinée à dépasser ses limites pour devenir un jour danseuse étoile, cette fillette a été contaminée par la joie de Chaplin, l’instant d’un égarement.
« Tomorrow the birds will sing » consiste en une installation de vidéos filmées dans des intérieurs de la Havane où la jeune cinéaste a tourné deux de ses films «Horizontes » et « Nuestro Mar ». Ce dernier est par ailleurs présenté dans le cadre de cette exposition. On s’immisce ainsi, par le biais des séquences, dans la vie quotidienne de jumelles, d’adolescents, de parents, d’un vieillard avec son chat et d’un fantôme lancinant sur une chaise à bascule. Tous regardent leur vie défiler en noir et blanc à la télévision.
Ce beau projet artistique mis en scène dans les combles du Manoir de Ban sera à découvrir à partir du 17 juillet, pour une durée d’un mois. Les visiteurs pourront ainsi se plonger dans une ambiance cubaine, aimée et bien connue de Charlie Chaplin. Un clin d’oeil à cette île des Caraïbes où l’artiste a laissé son empreinte.
