On ne peut pas échapper aux évidences. Dans tout processus de sélection, ce sont les entités les plus visibles, les plus reconnues, les plus rassurantes aussi, qui sortent gagnantes. En cela, la sélection finale des candidats au Grand Prix d’Horlogerie de Genève, plus connu sous le nom de GPHG, ne fait pas exception. A ce stade, six montres sont retenues dans chacune des quinze catégories, parmi lesquelles les deux corps votants du Grand Prix devront choisir un vainqueur. Au total, les Oscars de l’horlogerie décerneront un total de vingt récompenses, une par catégorie et cinq prix spéciaux, dont la très convoitée Aiguille d’Or. Le premier de ces corps est l’Académie, un ensemble non coordonné de 676 membres, choisis parmi des acteurs de l’univers de l’horlogerie, partout dans le monde. Ils ne communiquent ni entre eux, ni avec le jury, ni avec l’organisation du concours. C’est leur vote qui a permis de passer de 254 garde-temps candidats à 90.
Echantillon
Après avoir été créée en 2020, l’Académie a été élargie pour atteindre sa taille actuelle. Elle est garante de l’indépendance de la pré-sélection, chaque membre étant seul face à son ordinateur pour opérer ses choix. Par sa taille et sa variété, elle bénéficie d’une aura de représentativité, mais aussi d’une humanité toute logique. En clair, chacun vote comme il veut, mais ce choix est orienté par la nature des montres considérées.
Electisme
Une des forces de la nouvelle formule du Grand Prix, voulue par le Président de la fondation qui le régit, Raymond Loretan, est son ouverture. Des marques de tous les pays, de toutes les tailles, de tous les niveaux de notoriété et d’expérience peuvent y participer. Et parmi celles-ci, elles n’ont jamais été aussi nombreuses à être débutantes, inconnues, ou alors connues seulement dans leur zone géographique d’origine. Le premier enseignement de cette édition 2022 est qu’elles ont du mal à passer le premier filtre de sélection et ce fait est on ne peut plus logique. Les grandes marques participantes sont globales, connues, ont un contact historique avec les membres de l’Académie, un passé. Elles représentent donc l’immense majorité des finalistes.
Forces en présence
Cela n’empêche pas quelques émergences, des phénomènes d’outsider même. Alors que les nominations font la part belle aux Audemars Piguet, Van Cleef & Arpels, Bvlgari ou Chopard, alors que des Parmigiani Fleurier ou Grand Seiko font état de leur importance, on continue à trouver des acteurs qui brillent par leur inventivité plus que par leur surface commerciale. La force du GPHG reste de continuer à donner une place à des Voutilainen, MB&F, Jacob & Co. ou encore Armin Strom. Dans ce concert de noms connus, il faut encore mentionner trois marques qui n’ont pas l’aura historique, même récente, de celles citées précédemment. DRT, Théo Auffret et Sylvain Pinaud, chacun à sa manière, sont la preuve que l’on peut encore passer le cap des présélections sans appartenir au sérail. Le GPHG tient encore sa promesse d’accélérateur de notoriété sans équivalent. Dans le cas particulier de la catégorie Horloge Mécanique, métier dont les acteurs sont mécaniquement peu connus, le phénomène est encore plus fort.
Phase finale
Le second corps votant du GPHG, son jury, se réunira dans les jours précédant la cérémonie de remise de prix, qui se tiendra le 10 novembre 2022, pour opérer son choix. D’ici là, les 90 finalistes feront le tour du monde, une exposition itinérante les faisant voyager de Genève à New Delhi, puis Casablanca avant leur retour au bercail. Pour mémoire, le groupe de trente membres dispose dans son ensemble des deux tiers des droits de vote, le tiers restant demeurant entre les mains de l’Académie.
En tant que lecteur de WorldTempus, nous avons le plaisir de vous offrir la version digitale de ce GMT à télécharger ainsi que le catalogue du GPHG 2022. Bonne lecture !
