L’exclusivité récompensée

Image
A celebration of the exclusive - GPHG 2015
2 minutes read
Afin d’éviter toute réaction impulsive, nous nous sommes octroyé une petite semaine pour digérer le palmarès du Grand Prix d’Horlogerie 2015 et dresser le bilan de son impact sur l’industrie horlogère.

Les choix du jury se sont révélés cette année plus difficiles encore que d’habitude, en raison du nombre record de marques engagées. Comme de coutume, il y a eu quelques surprises, et quelques choix plus attendus. Le Prix Spécial du Jury par exemple, décerné à Micke Pintus, Yannick Pintus et Jean-Luc Perrin, les trois horlogers qui ont conçu la montre la plus compliquée du monde, la Vacheron Constantin Référence 57260, ne souffre aucune contestation, ni l’attribution du Prix de l’Exception Mécanique au spectaculaire Charming Bird de Jaquet Droz (voir le palmarès ici)

En y regardant de plus près, on remarque que les résultats privilégient les montres qui coûtent plus de 100'000 francs suisses et que peu de gens auront jamais l’occasion de voir, et encore moins de porter. Ainsi, si la lauréate de la catégorie « Montre pour Homme », la Voutilainen GMR, vaut 108'000 francs suisses, le vainqueur toutes catégories, le Tourbillon 24 Secondes Vision de Greubel Forsey, est en vente à 290,000 francs. Le Tourbillon des Tourbillons d’Antoine Preziuso, gagnant du Prix du Public mais aussi du Prix de l’Innovation, est encore plus cher avec ses 480'000 francs. A noter qu’il complète aussi un podium de tourbillons, puisque le Greubel Forsey était inscrit dans les « Tourbillons », et que c’est le deuxième classé, l’Anchor Tourbillon d’Ulysse Nardin, qui remporte cette catégorie.

Alain Berset, Stephen Forsey

Bien sûr, le top de l’horlogerie a un prix. Mais cette année, il semble dominer dans toutes les catégories, sauf quatre. Les exceptions sont les catégories « Montre Sport » (Pelagos de Tudor), « Calendrier » (Slim Quantième Perpétuel d’Hermès), « Chronographe » (Altiplano Chronographe de Piaget) et la seule section déterminée par le prix des pièces, la « Petite Aiguille », qui récompense un modèle de moins de 8000 francs. Pour la seconde fois en trois ans, le jury a élu dans cette catégorie une montre qui n’est ni suisse, ni allemande, ni même japonaise mais… autrichienne ! Si Habring2 était une combinaison de chiffres du loto, sûr que ce serait celle à jouer, puisque cette petite marque de Völkermarkt a non seulement passé quatre fois le cap des présélections au cours des cinq dernières éditions du GPHG, mais elle a surtout décroché trois fois le prix de sa catégorie, le premier en 2012, pour la « Montre Sport ». Son modèle Felix, équipé d’un mouvement manufacture, à 4450 francs suisses, représente sans conteste un excellent rapport qualité-prix. Mais s’en procurer un ne sera pas aisé, comparé, par exemple, à la North Flag de Tudor, inscrite dans la même catégorie (et qui possède elle aussi un mouvement manufacture), car Habring a prévu de n'en produire que 50 exemplaires cette année.