L’horlogerie au féminin

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Women in watchmaking - International Women’s Day
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L’horlogerie est souvent estampillée « monde d’homme ». Il n’empêche que les femmes y sont aussi (de plus en plus) présentes aux postes de dirigeants.

Il y a quelques années encore les femmes CEO de maison horlogères étaient très rares. Sans parler des femmes fondatrices de maison horlogères. Mais à côtés de celles qui bénéficient du statut d’héritières d’entreprises familiales, on a assisté depuis trois ou quatre ans à l’arrivée de femmes à la tête de manufactures. Le titre de CEO se féminiserait-il dans l’horlogerie ? Tour d’horizon des femmes dans l’horlogerie.

Les héritières

Elle porte l’un de noms les plus illustres de l’horlogerie suisse. Jasmine Audemars est l’arrière-petite-fille de Jules-Louis Audemars, co-fondateur en 1875 avec son ami Edward Auguste Piguet, de la maison horlogère Audemars Piguet. Elle est l’héritière par excellence, représentant la quatrième génération des fondateurs de l’entreprise du Brassus. Un rôle d’autant plus important qu’Audemars Piguet est la dernière manufacture qui soit encore aux mains de ses fondateurs. Mais si elle est née dans l’horlogerie, Jasmine Audemars choisira en 1968 une autre voie professionnelle, le journalisme où sa brillante carrière la mènera au poste de rédactrice en chef du « Journal de Genève ». Cependant, au début des années 1990, son père, Jacques-Louis Audemars, lui demande de reprendre la direction de la Manufacture. Commence alors la seconde vie professionnelle de Jasmine Audemars. Présidente du conseil d’administration d’Audemars Piguet depuis 1992 (et aussi Présidente du Conseil de la Fondation Audemars Piguet, qui contribue à la conservation des forêts dans le monde entier), son rôle consiste prioritairement à définir la stratégie du groupe et à s’appuyer sur des collaborateurs aptes à comprendre, préserver et développer l’ADN d’Audemars Piguet.

L’horlogerie au féminin

Nayla Hayek appartient également à une grande famille de l’horlogerie suisse, quoique très différente de celle d’Audemars Piguet. Elle est la fille de Nicolas G. Hayek, considéré comme le sauveur de l’horlogerie suisse et fondateur du Swatch Group, et la sœur aînée de Nick Hayek. Elle et son frère sont à la tête du Swatch Group, étant respectivement Présidente du Conseil d’administration et Président de la Direction générale du Groupe et membre du Conseil d’administration. Passionnée d’équitation, propriétaire d’un élevage de pur-sang, Nayla Hayek est également Présidente et CEO de Harry Winston, entré dans le giron du Swatch Group en 2013.

L’horlogerie au féminin

L’horlogerie suisse connaît un autre duo fraternel aux commandes d’une marque prestigieuse. Quand, en 1963, l’orfèvre et horloger allemand Karl Scheufele rachète l’entreprise Chopard, fondée dans les années 1880, il la sauve de l’oubli et en fait une maison internationale de joaillerie et horlogerie. Ses enfants, Karl Friedrich et Caroline, en sont aujourd’hui les co-présidents, respectivement responsable de l’horlogerie pour homme, et responsable des collections femme, du pôle bijoux et de la Haute Joaillerie. Formée à la joaillerie, passionnée de pierres précieuses, Caroline Scheufele est portée vers la création. Elle dessine à seize ans le Happy Diamond Clown et crée il y a vingt ans la collection horlogère féminine Happy Sport, qui combine audacieusement acier et diamants. Caroline est également à l’origine du partenariat qui lie Chopard au Festival de Cannes et dont le fruit est la Palme d’or, redessinée par Chopard, et à la collection de joaillerie éthique Green Carpet, réalisée avec de l’or et des pierres précieuses certifiés d’origine responsable. 

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Le 7 novembre 1962, Danielle Montandon (née Eberhard) et son mari André meurent dans un accident de la route. L’entreprise familiale Eberhard & Co., fondée à la Chaux-de-Fonds en 1887 par Georges-Lucien Eberhard est décapitée. Elle sera rachetée quelques années plus tard par Palmiro Monti, un investisseur et distributeur de la marque horlogère en Italie. Aujourd’hui, c’est sa fille, Barbara Monti, qui préside aux destinées d’Eberhard & Co., et sa famille en est l’actionnaire principal. Tout dernièrement, elle a pu réaliser l’un de ses souhaits les plus chers, réhabiliter le bâtiment historique d’Eberhard & Co à la Chaux-de-Fonds, qu’elle a connu enfant, et y déménager l’entreprise. 

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Co-fondatrice

Très rares sont les marques de haute horlogerie portant un nom féminin, et encore plus rares (voire unique ?) celle dont une femme est la co-fondatrice. Frédérique Constant combine les prénoms des arrière-grands-parents de leurs fondateurs, le couple Aletta et Peter Stas. Leur histoire incarne le slogan de leur manufacture, Live your passion. Elle travaillait dans l’immobilier et lui dans l’électroménager en Hollande lorsque leur passion commune pour l’horlogerie leur fit tout abandonner pour créer des garde-temps de luxe à prix raisonnables. Après le dessin des premières montres sur ordinateur et la recherche de fournisseurs en Suisse pour la création de Frédérique Constant en 1988, Aletta Stas est aujourd’hui en charge de la logistique et de la production. Elle partage avec son mari le design et la stratégie et tous deux siègent au conseil d’administration.

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Les (nouvelles) CEO

En novembre 2013, Aurélie Picaud est chef de produit chez Audemars Piguet lorsque Fabergé lui propose de développer sa division horlogère, en partant de zéro. S’appuyant sur les attributs fondamentaux de Fabergé – proportions, mélange des matières, couleurs, joaillerie, élément de surprise, technique, collaboration avec des maîtres-artisans – elle pose les jalons de la nouvelle collection, convainc Jean-Marc Wiederrecht de collaborer avec Fabergé et constitue ses équipes. Lady Compliquée Peacock, Visionnaire DTZ et Chronographe, Flirt, entre autres, ont depuis vu le jour et Fabergé a été primée deux fois aux GPHG lors de ses deux premières participations. 

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En mars 2017, Chabi Nouri remplace Philippe Leopold-Metzger à la tête de Piaget, après en avoir été la directrice marketing et communication pendant trois ans. L’une des premières femmes à la tête d’un joaillier, la jeune quadragénaire, licenciée en sciences économiques, met à profit son expérience chez Cartier pour redévelopper notamment la branche bijouterie et joaillerie de Piaget, mettre l’accent sur les lignes horlogères Altiplano, Possession ou Gala, et établir une stratégie de développement à travers le monde.

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Depuis le 1er mai 2018, une autre marque de Richemont, Jaeger-LeCoultre, a nommé une femme CEO. Issue du sérail, Catherine Rénier avait préalablement travaillé chez Cartier puis chez Van Cleef & Arpels. 

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La marque Emile Chouriet a également confié la direction de son site de Genève à une femme, Melinda Alessi (lire l’interview), depuis le départ à la retraite de son fondateur, Jean Depéry. 

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Et en fin d’année dernière, Céline Assimon a succédé à John Leitao au poste de CEO de de Grisogono. 

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