Interview de Patrick Hoffmann

Patrick Hoffmann, nouveau CEO d'Ulysse Nardin, évoque sa mission et la volonté d'indépendance de la société.


Bilan - 11 mai 2011

Michel Jeannot


Après le décès subit de son président et CEO Rolf Schnyder le mois dernier, Ulysse Nardin, l'un des rares joyaux horlogers encore indépendants, s'est donné une nouvelle organisation. La veuve Chai Schnyder a pris la présidence du conseil d'administration et Patrick Hoffmann en est devenu le président. Les actionnaires minoritaires historiques – dont la famille de Dieter Meier, musicien du groupe Yello – poursuivent l'aventure entamée en 1983 aux côtés de Rolf Schnyder.

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Michel Jeannot:  Comment succéder à un patron et actionnaire majoritaire qui a, depuis près de trente ans, fait renaître la marque et en a fait la société innovante et indépendante que l'on sait?
Patrick Hoffmann:  Rolf Schnyder était très charismatique et nous lui laissions volontiers le devant de la scène. Mais l'équipe qui travaillait à ses côtés n'a pas changé. Les cinq personnes qui composent aujourd'hui la direction d'Ulysse Nardin – Susanne Hurni à la communication, Pierre Gygax en tant que COO, Patrice Carrel le CFO et Lucas Humair à la manufacture - sont toutes dans la société depuis au minimum douze ans. Douze années que nous travaillons ensemble, c'est dire qu'il faut, certes, parer à l'absence de Rolf Schnyder, mais il y a une vraie continuité.

Le risque de la continuité n'est-il pas l'immobilisme?
L'une des marques de fabrique d'Ulysse Nardin est sa capacité d'innovation. Cela est largement reconnu. Donc continuité rime chez nous avec évolution. Nous allons donc continuer à faire évoluer la société. Dans cette perspective, la direction a pris la semaine dernière la décision d'enclencher des processus de R&D dont les résultats ne verront pas le jour avant 2015. L'innovation, chez nous, est une évidence autant qu'une nécessité.

En quoi?
La clé de l'indépendance réside dans la profitabilité. Vous devez être profitables pour être en mesure d'investir toujours dans la R&D et dans le développement global de votre société. Ulysse Nardin est une société saine qui n'a jamais eu recours aux banques pour assurer son développement. Cela doit se poursuivre.

Quel sera votre plus grand défi ces prochains mois?
Incontestablement, le défi majeur résidera dans la production et dans notre capacité à répondre à la demande.

Prévoyez-vous une extension au Locle ou à La Chaux-de-Fonds?
Nous avons été prévoyants, donc nous disposons des surfaces nécessaires. Mais il est vrai que nous intégrons sans cesse de nouveaux métiers et équipements, et que nous serons très vite à l'étroit.

Ludwig Oechslin, inventeur multitalent et actuel directeur du MIH, a souvent été associé à Ulysse Nardin. Allez-vous poursuivre cette collaboration?

En termes de mouvements horlogers, nous avons dans les tiroirs des projets pour les six prochaines années. Et je peux annoncer que plusieurs d'entre eux porteront la signature de Ludwig Oechslin ou qu'il sera associé à leurs développements.

Ulysse Nardin, c'est aussi un esprit particulier…
J'en suis persuadé. Avec Rolf Schnyder, Ulysse Nardin a fait la démonstration qu'il est possible de vendre des montres de prestige sans snobisme, d'être rigoureux sans se prendre au sérieux. Si nous maintenons la marque dans cet état d'esprit, nous aurons déjà fait un bout du chemin.

 

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