Quand il s'agit d'indiquer un second fuseau horaire, les montres sont innombrables. Dès qu'il faut mettre une ville en face de cette heure d'ailleurs, tout se complique. Les heures du monde sont ainsi plutôt rares et pourtant, elles étaient en nombre plus important que d'habitude lors du dernier Salon International de la Haute Horlogerie, à Genève.
La thématique avait été pratiquement révélée par M. Kern, CEO d'IWC, lors de diverses interviews. On sait depuis quelques temps qu'il a fait l'acquisition des brevets de la défunte marque Vogard. Au lieu d'un système complexe d'interactions entre poussoirs et couronne, cette marque permettait un ajustement des fuseaux horaires par la lunette. IWC a donc appliqué la recette en l’enrichissant. En effet, la Montre d’Aviateur Timezoner Chronographe indique l'heure qu'il est dans un autre fuseau, et permet de l’ajuster en tournant la lunette (bien sécurisée, pas de danger de manipulation intempestive). Elle offre aussi un chronographe à l'aide d'un calibre de manufacture. Gros avantage, pour un tel cumul de complications et pour une marque qui raffole des grandes boîtes, la montre est étonnamment compacte.
Cela dit, IWC n'est pas la seule marque à utiliser ce principe si pratique. Richard Mille a ainsi lancé sa RM 63-02. Il s'agit en quelque sorte de la petite sœur de la RM 58-01 Tourbillon Worldtimer Jean Todt, un tourbillon de haute volée doublée d'une heure universelle activée par la lunette. La 63-02 est bien plus simple puisqu'elle n'a pas de tourbillon, juste un mouvement de manufacture Richard Mille (il y en a de plus en plus) doté d'une grade date. Dans le boîtier de forme ronde de 47 mm en titane, l'anneau des villes bleu a un look super sport qui colle avec les typographies squelette, elles-mêmes inspirées du design des composants du mouvement : du pur Richard Mille avec la praticité qui va avec.
Dans un registre encore plus graphique et bien plus abordable, Montblanc se joint à la danse. Sa collection 2016 gravite autour du concept de voyage transatlantique. La marque présentait pas moins de trois montres de voyageur. La première est la 4810 Orbis Terrarum, une déclinaison d'un modèle présenté en 2015. Le jeu de couleur et la boîte ont été revus, mais le concept est le même : représenter la terre à plat et les villes de référence des fuseaux horaires autour. Le mécanisme est actionné par un poussoir et la pièce est très abordable. Ce dernier point est encore assez vrai dans sa version montre de poche, bien plus imposante et aux indications plus fouillées. Par contre, la Tourbillon Cylindrique Pocket Watch 110 Years est un monstre de complications et d'artisanat d'art avec ses deux demi-globes terrestres en volume et son tourbillon aux finitions sublimes.
Le concept des deux demi-globes a également inspiré Bovet. La marque travaille depuis des années sur des montres à multiples fuseaux horaires et c'est tout naturellement qu'elle a avancé sur le sujet de la représentation de la planète terre. La Recital 18 Shooting Star est une pièce à grande complication tridimensionnelle. Un grand tourbillon, un cadran des heures sautantes excentré, une réserve de marche de cinq jours, une lune 3D telle que visible dans les deux hémisphères, des villes indiquées sur un rouleau à double face (11 villes sur le premier et un espace pour afficher les 12 autres, imprimées sur un second rouleau contenu dans le premier : malin!) et un système de mise à l'heure anti-manipulations malencontreuses. Mais c'est de profil que la pièce se révèle : la boîte est en pente, plus haute à midi (là où sont concentrées les indications) et plus fine à 6 heures (pour le tourbillon ultra épuré). Il fallait oser et au poignet, l'effet est réussi. Cela fait une nouveauté de plus qui tranche sur l'existant et qui dynamise l'affichage des heures mondiales.
