Omega Omega relance la course à la chronométrie

Avec son nouveau spiral Spirate, Omega se lance à l'abordage de la très haute précision et revendique une marche certifiée à 0 +2 secondes d'erreur par jour, un record

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Omega avait installé l’échelle, pour en gravir tous les échelons chronométriques. La marque biennoise réactive la concurrence sur le sujet en ajoutant un nouveau niveau de précision. La nouvelle Speedmaster Super Racing embarque un mouvement doté d'un nouveau spiral en silicium et son système de réglage fin, appelé Spirate (à prononcer à l'anglaise, spaille-reyte). Il permet à la montre, donc au mouvement emboîté, d'offrir une précision qui oscille entre 0 et +2 secondes d'erreur de marche quotidienne. Et immédiatement, il faut mettre ce résultat dans son contexte pour en mesurer l'ampleur. 

Speedmaster SuperRacing © Omega

Sur ce type de mouvements mécaniques, le certificat de chronomètre décerné à des mouvements par le COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres) s'obtient avec, pour simplifier, une erreur comprise entre -3 et +5 secondes par jour. Ce que l'on nomme aussi IT8 (intervalle de tolérance de 8 secondes). Il s'agit d'un niveau que de nombreuses marques atteignent. Un cran plus haut, Omega a lancé une autre certification, plus restrictive, Master Chronometer. Développée avec et décernée par l’institut METAS (une entité administrative qui ne répond qu'à l'état suisse), elle demande entre autres mesures une erreur de marche de 0 à +5 secondes par jour à un mouvement emboîté. Longines a lancé l'année dernière un modèle UltraChron qui se vante de régler à -2 +2 secondes. Il a clairement en ligne de mire la certification interne que Rolex a systématisé sur son immense production, le Superlative Chronometer. Il retient lui aussi cet écart de marche de -2 à +2 pour un mouvement monté dans sa boite.

© Omega

Omega vient donc couronner cette pyramide avec une division par deux de la marge d'erreur chronométrique et se place ainsi à un niveau exceptionnel. Au maximum de son imprécision, la Speedmaster Super Racing n'accumulerait pas plus d'une minute de décalage par rapport à l'heure officielle chaque mois. Un taux d'erreur de moins d'1 sur 50 000.

Pour être précis, Spirate se superpose à Master Chronometer, qui porte sur un éventail de critères plus vaste que la seule mesure de la précision de marche. Mais puisqu'Omega a étendu la certification Master Chronometer à la majeure partie de son offre, on imagine mal que cette nouvelle norme s'y intègre totalement.

© Omega

Ce n'est pas tant que le système Spirate ne s'y prête pas. En effet, il repose sur une nouvelle forme de spiral réglant, aux extrémités travaillées selon une géométrie très avancée, qui est un axe de progrès sur la précision depuis des siècles. Certes, il a consisté longtemps à travailler des spiraux métalliques. Mais il s'avère qu'en plus de ses qualités intrinsèques, le silicium offre lui aussi des possibilités intéressantes de mise en forme pour atteindre des résultats exceptionnels. Seulement il ne se déforme pas, et donc n'offre pas de possibilités de réglage individuel comme son homologue métallique. Il est cassant et donc on ne peut pas choisir sa longueur d'accroche. Spirate repose donc sur un appendice final qui autorise un réglage de longueur d'une grande finesse. Les horlogers régleurs ont donc les moyens de l'ajuster pour obtenir les meilleurs résultats. Une possibilité que n'offrait pas le spiral en silicium jusqu'ici. Spirate est donc bien parti pour représenter un niveau supérieur de précision, étendu mais non systématique au sein d’Omega. 

Speedmaster SuperRacing © Omega

Puisque le Spirate est lancé sur un modèle Speedmaster Super Racing à l'apparence très technique, on peut supposer que ce spiral sera réservé, en tout cas au début, à des applications très sport. En effet, la Super Racing se présente sous la forme d'un chronographe Speedmaster assez classique, à ceci près que sa nature particulière est signalée par un cadran en nid d'abeille, des typographies jaunes sur fond noir très course et une aiguille de petite seconde hachurée noir et jaune. Pour mémoire, lorsque la marque avait présenté son premier modèle à haute résistance anti-magnétique, précurseur du Master Chronometer, il y a dix ans exactement, sa trotteuse centrale présentait le même code couleur. A noter que le calibre 9920 est un 9900, bien établi, dont l'organe réglant a été changé. 

Le sujet a déjà été abordé dans ces colonnes à plusieurs reprises : rien ne dit que les acheteurs soient preneurs, voire comprennent tous les enjeux, d'un chronomètre. Le terme rassure, tout générique qu'il est, parce qu'il circule depuis des décennies et représente un pilier de la qualité horlogère suisse. Mais tout ce qui va plus loin que la « certification chronomètre », c'est à dire celle du COSC, présente un intérêt modéré, voire inexistant, pour les acheteurs. Qu’Omega pousse cette logique si loin ne va pas donc émouvoir les foules. 

Mais l'enjeu est ailleurs. Il est historique, et à plus d'un titre. D'abord parce qu’Omega cherche à établir son leadership sur le marché horloger de multiples manières, techniques, d'image autant que sociétales. Ensuite parce que les brevets qui encadrent l'utilisation du silicium dans son application horlogère viennent de tomber dans le domaine public. Tout le monde peut désormais s'en emparer, à condition d'y mettre les moyens. Mais pour les détenteurs originels de la licence d'exploitation de ce matériau, dont le Swatch Group fait partie, il est temps de muscler son expertise et d'entamer une phase de différenciation. Cette approche est elle aussi historique pour Omega, qui avait dès 1999 adopté l'échappement co-axial pour monter en qualité et se distinguer. 

Enfin, dans la culture d'Omega, une maison axée sur la recherche, la performance est là. La précision de marche est le cœur de tous les sujets, la résultante de tout l'écosystème de la montre, sa conception, ses matériaux, sa fabrication, son assemblage, son réglage, son usage. Il s'agit du résultat qui se trouve sous le grand entonnoir dans lequel se déversent tous les paramètres de l’horlogerie. Force est de constater que cette fois, le distillat qui s'en écoule est d'une pureté quasiment parfaite.