On apprécie le résultat, mais sans vraiment connaître le procédé de fabrication. Lorsque Montblanc a dévoilé sa collection de montres 1858 Iced Sea, l’enthousiasme a été à la hauteur d’une confection...dont on ignorait tout, ou presque. Comment la manufacture était-elle parvenue à reproduire avec tant de fidélité l’éclat glacier sur un aplat de cadran ?
Inspiration naturelle
Le défi n’a pas été simple. Ce qui fait la singularité d’un glacier, c’est sa profondeur, la manière dont la lumière se diffracte à son encontre, comment elle parvient parfois à pénétrer en son sein, ainsi que l’irrégularité de la glace parfois compacte et homogène, mais parfois irrégulière et fracturée. Un véritable casse-tête stylistique façonné pendant des siècles, une sculpture naturelle érigée par des forces géologiques incommensurables. Et des designers un peu fous qui voulaient en reproduire le résultat sur un cadran d’à peine 0,5 mm de hauteur !
Gratté boisé
Les artisans de Montblanc ont essayé plusieurs techniques, avant de retrouver une forme ancienne de décoration sur cadran, appelée « gratté boisé », qu’ils sont parvenus à reproduire à grande échelle. Il s’agit d’effectuer à la surface d’un cadran en laiton de très fines rayures qui vont altérer la manière dont la lumière s’y réfléchit. Le gratté boisé permet à la fois de creuser la matière mais également, par cette action, de venir modifier la brillance du laiton, qui passe de poli miroir à mat sur la seule trace grattée. Il y a donc un double effet visuel, avec une lumière qui entre en profondeur sur le cadran mais aussi qui y est absorbée sur les traits grattés, alors qu’elle reste réfléchie sur tout le reste de la surface polie laissée intègre.
Haut en couleur
La seconde étape est celle du vernis coloré qui vient recouvrir ce travail, avec une double contrainte : appliquer une couche suffisamment épaisse pour le protéger, mais suffisamment fine pour ne pas venir « écraser » les reliefs et reflets créés par le gratté boisé. Un équilibre délicat à atteindre, d’autant plus que Montblanc a choisi de teindre ce vernis de trois couleurs différentes : noir, bleu ou vert.
Le choix des teintes a été inspiré par la nature et les différentes couleurs de glacier que l'on peut trouver dans les régions les plus froides de la planète. La glace noire se produit lorsque la glace n'a pas d'inclusions ou de bulles d'air et absorbe donc suffisamment de lumière pour apparaître noire ; la glace verte se trouve en Antarctique et résulte de la présence d'algues des neiges microscopiques ; et la glace bleue se trouve dans la mer de glace du Mont-Blanc et est créée par l'inclusion de bulles d'air dans la glace.
Ces trois teintes restituent donc celles que l’on trouve originellement en milieu naturel. Mais, fondamentalement, toutes les options sont ouvertes : rouge, gris, violet, jaune, orange, etc. La collection 1858 Iced Sea s’y prêterait plutôt bien, elle qui dispose nativement d’un bracelet interchangeable et d’une lunette en céramique qui, elle aussi, pourrait potentiellement s’habiller d’une grande variété de couleurs. Il en irait de même pour le bracelet caoutchouc. Sans même évoquer la possibilité de bracelets en toile qui, pour le moment, sont réservés à la collection 1858 Geosphere, ni les bracelets en cuir patiné de la 1858 Automatic.
Une seule série limitée
De nombreux partenaires et collectionneurs sont donc à l’affût, voire en demande, de séries limitées. Montblanc, pour le moment, ne donne pas suite. Sauf pour quelques rares collectionneurs triés sur le volet, pour lesquels une série limitée de 23 pièces verra le jour à Watches and Wonders Genève 2023, éditée en collaboration avec The Fine Watch Club. Une occasion unique à suivre de près sur laquelle nous reviendrons très prochainement.
Découvrez en avant-première la collaboration Montblanc x Fine Watch Club
