
Métiers d'Art Coup de jeune sur les métiers d’art
« Métiers d’Art ». L’appellation, en soi, recèle presque autant de magie que de poussière. Hélas, d’ailleurs, car en réalité, ils se renouvellent constamment. Watches and Wonders l’a encore magnifiquement prouvé
L’imagination a-t-elle des limites ? L’art est-il un langage ? Notre culture nous appartient-elle ?
Il ne s’agit pas des épreuves de philosophie de fin d’année. Nous n’avons pas eu quatre heures pour y répondre, mais quatre jours pour constater, au contraire, que le débat ne se pose pas vraiment lorsque l’on parle d’horlogerie. L’imagination est sans limite et chaque marque possède une grammaire artistique qui lui est propre. Et qui se renouvelle en permanence.
La bataille n’était pourtant pas gagnée. Voilà 250 ans que les meilleurs artisans du monde s’acharnent sur un malheureux cadran de 2 cm2 qui a presque tout vu passer : gravure, sculpture, peinture, marqueterie de pierre, de cuir, plumasserie, sertissage, et quelques dizaines d’autres. Une créativité à bout de souffle ?
Heureusement, non, et la dernière édition en date de Watches and Wonders l’a prouvé avec un indéniable panache. Les idées fusent, les matériaux s’y plient de bonne grâce. Les techniques se renouvellent...et l’on doit admettre l’inadmissible : nous sommes loin, très loin, d’avoir fait le tour des métiers d’art horloger.
1678 billes chez Hermès
Dans ce bouillonnement de bonnes idées, il y a les acteurs incontournables et les bonnes surprises. Dans la première catégorie se trouve, comme presque toujours, la maison Hermès. Autour de son animal fétiche, le sellier a conçu la Slim d’Hermès Cheval de légende. Il n’y a en réalité pas un, mais deux modèles.
Pour concevoir le premier, l’artisan creuse au laser de minuscules cavités sur une surface en or préalablement émaillée et polie à la main. Il y dépose une à une 1 678 billes en or rose, avant de les cuire au four pour les figer dans l’émail. Une étape particulièrement sensible : quelques secondes de trop ou de moins compromettraient le succès de l’ouvrage. La seconde création, constituée de perles d’émail bleuté, suit le même procédé, mais les grains bleus sont formés de cristaux d’émaux broyés, rigoureusement calibrés et sélectionnés. Ces 1 678 billes d’émail sont ensuite humectées et appliquées au pinceau, avant d’être fixées elles aussi par cuisson au four.

Slim d’Hermès Cheval de légende © Hermès
Puzzle à Saint-Blaise
Dans la seconde catégorie, Louis Moinet. L’atelier indépendant de Saint-Blaise (NE) a créé la surprise avec un très inattendu triptyque réalisé en...puzzle. L’idée est exactement celle du jeu éponyme. Il s’agit d’une micro collection capsule de trois pièces uniques, avec pour thème le lion, le léopard et l’éléphant. Elle représente en micro-peinture ces trois sujets sur un véritable puzzle de 81 pièces en métal, parfaitement assemblées puis peintes. Unique et ludique.

Savanna © Louis Moinet
Attention ça pique !
Chez Chanel, la Montre Mademoiselle Privé Pique-Aiguilles Décor Dentelle a surpris. C’est une dentelle de camélias, née de l’association de trois savoir-faire : en premier lieu, la technique de la gravure manuelle a été adoptée pour texturer la surface en or du cadran. Un émail « Grand Feu » translucide a ensuite été déposé pour l’illuminer. Enfin, une superposition de fines décalques dévoile une dentelle de camélias. Le tout est ponctué de perles et de cinq diamants. Pas vraiment portable (55 mm de diamètre), mais qu’importe : l’art pour l’art. Et Chanel y excelle.

Mademoiselle Privé Pique-Aiguilles Décor Dentelle © Chanel
Une vache et des émojis
Enfin, dernière tendance des métiers d’art : prendre le contrepied du cérémonial, du sérieux. S’amuser, surprendre, jouer le décalage. Plusieurs marques s’y sont essayé lors de Watches and Wonders (on pense à la ProPilot X Kermit Edition signée Oris), mais deux ont réellement emprunté un chemin artistique pour le dévoyer vers le jeu et l’émotion.
La première : Rolex, avec l’Oyster Perpetual Day-Date 36, dans une étonnante déclinaison où les jours sont remplacés par des émotions, la date par des émojis, le cadran par de l’émail champlevé ultra coloré. Une proposition très inattendue de la part de Rolex, qui investit ainsi les métiers d’art de manière rafraîchissante et impertinente.

Oyster Perpetual Day-Date 36 © Rolex
Enfin, dans un registre plus bucolique : la dernière Claude Meylan, dont le cadran en trois niveaux, sculptés puis peints, représente une vache, les alpages et une coccinelle au premier plan. Un travail soigné qui, lui aussi, détourne les très sérieux métiers d’art vers des horizons ludiques et modernes. Helvet Kitsch !

La montre vache de Claude Meylan © Claude Meylan
Les marques
De son parcours, Gabrielle Chanel s’est forgé une force, un caractère et une puissante volonté d’indépendance. Avant-gardiste, décalée et en perpétuelle innovation, la Maison CHANEL a su traverser...
En savoir plus >Les mouvements mécaniques authentiques et très fiables sont à la base du travail de Claude Meylan, permettant l’ouverture de la montre et à celui qui la porte de plonger dans son microcosme et de...
En savoir plus >« La Montre Hermès » adopte une philosophie hédoniste qui valorise la création de garde-temps contemporains et épurés.
En savoir plus >La Maison Louis Moinet est née de la passion d’un homme qui se retrouve aujourd’hui dans chacune de ses créations. Elle conduit le concept d’exclusivité à son paroxysme en ne développant que des...
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