Investisseur et start-ups à Genève

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Investors and Startups in Geneva - Luxury Innovation Summit
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Pour sa quatrième édition, le sommet met l’accent sur la créativité, l’innovation et le développement durable, et renforce la qualité de son contenu et de ses intervenants

Qu’en retiennent principalement ces David et Goliath ?
Fondé par Deependra Pandey et organisé par son entreprise suisse Luxury Venture Group depuis 2019, le Luxury Innovation Summit fait la part belle aux entrepreneurs innovants dans le milieu du luxe, les aidant à convaincre des investisseurs susceptibles d’accompagner leur développement. Les projets favorisant la circularité et le développement durable sont particulièrement bienvenus. Intrinsèquement liés au sommet, les Luxury Innovation Awards récompensent les meilleurs projets dans cinq catégories. Très internationale, l’édition 2022 s’est tenue au Bâtiment des Forces Motrices de Genève les 19 et 20 octobre. GMT Publishing soutient depuis le début cette initiative en tant que partenaires média (avec son magazine GMT et WorldTempus), tout en apportant l’expertise de son équipe éditoriale pour animer des panels des discussions, et en invitant les membres de son Fine Watch Club à découvrir les pépites présentées durant l’événement. Nous en avons interrogé les principaux acteurs.

Investisseur et start-ups à Genève

L’interdépendance pour la lauréate Stéphanie Crespin (Reflaunt)
Gagnante de la catégorie Economie circulaire – Pre-loved, la fondatrice de Reflaunt (plateforme de mode circulaire) est coutumière de ce genre d’événements. « A chaque fois je souligne que c’est extrêmement important que les décideurs des grandes entreprises et ceux qui façonnent l’industrie du luxe invitent à la table de petits entrepreneurs comme nous. Sans cela nous restons inaudibles et n’exerçons aucune influence. Ici nous pouvons montrer aux grandes marques qu’il existe des solutions crédibles qui fonctionnent face à cette réelle problématique du climat et du besoin de circularité. Nous avons besoin des groupes et inversement. Ils fonctionnent de manière établie depuis longtemps et n’ont pas la même agilité pour s’adapter, itérer ou tester suffisamment rapidement face aux changements qui s’imposent. Nous sommes face à une crise environnementale qui requiert un changement radical à une vitesse élevée. Il s’agit d’un challenge énorme ». Elle conclue en affirmant : « je pense vraiment que les start-ups jouissent de cette habilité à imaginer des solutions déconnectées de tout héritage ou mode de pensée passé, et montrent la voie à ces Goliath pour se bouger et s’adapter » 

L’effort collectif selon Tirath Kamdar (eBay Luxury)
Pour le directeur général d’eBay Luxury venu de Californie, lui-même investisseur et créateur de start-ups, « nous sommes témoins d’une multitude d’initiatives dans le luxe, tournant essentiellement autour des innovations qui lui permettent de se développer, mais nous constatons aussi un besoin de coordination et de mise en relation. Au bout du compte il s’agit d’une communauté et d’un effort collectif, donc le principal intérêt de cet événement repose dans sa diversité et son état d’esprit. Souhaitons qu’il déclenche des collaborations entre les participants, que soit dans l’économie circulaire, la technologie blockchain, la traçabilité ou la transparence dans le développement durable, car il s’avère inéluctable pour le luxe d’intégrer ces dimensions ». Avec 138 millions d’acheteurs actifs dans le monde, eBay a un rôle à jouer selon Tirath Kamdar : « nous avons une grande responsabilité sur ce marché, d’autant que le luxe devient l’une de trois priorités globales de notre société. Nous voulons apporter confiance et transparence à propos des marques afin de les connecter à la prochaine génération de clients, et nous pensons qu’eBay peut leur transmettre un message dans le luxe. » 

Investisseur et start-ups à Genève

L’esprit d’entreprise selon Josh Pullan (Sotheby’s)
Sur l’un des plus grands stands de l’événement où l’on pouvait découvrir une sélection de montres à adjuger aux prochaines enchères, le directeur de la division luxe qui était intervenu lors du panel sur les tendances synthétisait ainsi son impression : « Je retiens la passion et l’esprit entrepreneurial qui ont animé toutes les présentations de projets, qu’il s’agisse de produits, de data ou de services. Ces entrepreneurs remplissent admirablement bien l’espace du luxe. La présence de Sotheby’s ici constitue une opportunité d’échanger avec la communauté du luxe, à travers toutes nos catégories (montres, joaillerie, spiritueux, maroquinerie). Sotheby’s a été fondé en 1744 mais nous sommes également portés par l’innovation et l’esprit d’entreprise. »

Le rôle de Genève selon Chabi Nouri (Mirabaud Asset Management)
Partenaire du fonds d’investissement luxe de la banque Mirabaud (sponsor de l’événement), l’ancienne CEO de Piaget déclare que c’est un plus pour Genève d’accueillir une telle plateforme, la ville étant très liée à l’industrie du luxe, et estime qu’elle devrait plus s’impliquer pour la faire connaitre à l’international. Elle tire plusieurs enseignements de cette édition. « Les personnes qui prennent encore des risques pour définir le monde de demain et l’impacter positivement sont admirables ! Nombreux à Genève, les investisseurs doivent s’en réjouir, notamment dans le milieu du luxe. ». A propos de l’audience et de la sélection des start-ups, elle loue leur dimension internationale et la qualité des projets : « ce sont des entreprises animées par un business model qui fonctionne Par ailleurs cet écosystème ne comprend pas uniquement des profils proposant des produits, mais aussi qui suivent la tendance du nouveau luxe de demain, avec des expériences, et la façon dont les clients s’engagent aujourd’hui. C’est la disruption que le luxe attend, plus que la digitalisation d’après moi : les clients choisissent leur approche de la marque et la manière de l’expérimenter, c’est un challenge disruptif pour notre industrie. Cet aspect et sa diversité étaient bien représenté ici, avec un bon niveau d’expérience dans le luxe. » De ce fait, Chabi Nouri souhaite aux organisateurs des retombées média internationales plus importantes et un liant plus fort avec les investisseurs. 

Investisseur et start-ups à Genève

L’incontournable circularité de Stanislas de Quercize (Luxury Innovation Summit)
Toujours hyperactif dans l’accompagnement de start-ups et siégeant au conseil d’administration de nombreuses grandes marques de luxe, l’ancien CEO de Van Cleef & Arpels et Président du Luxury Innovation Summit a donné le tempo tout le long de l’événement. A l’issue de la remise des prix, il se confie : « Cet événement nous rappelle que nous sommes tous en co-conquête d’un monde nouveau plutôt qu’en concurrence, et qu’il nous faut la bonne volonté des femmes, hommes, seniors, juniors, petite start-up et grands groupes et autres David et Goliath pour trouver des solutions et comment les appliquer. Or l’économie circulaire est essentielle dans cette matrice. » 

Le cercle vertueux de Deependra Pandey (Luxury Innovation Summit)
Sondé lors de la clôture du sommet, son fondateur observe un besoin des sociétés pour explorer la créativité et les innovations des jeunes entrepreneurs, qui eux-mêmes recherchent un événement leur permettant de se connecter avec des investisseurs. « D’un côté on apprend, de l’autre on noue des affaires. Notre démarche vise à créer une plateforme qui soutient les marques émergentes autant que celles qui existent. » Il entend dorénavant définir l’évolution du sommet pour 2023 et 2024, notamment en ajoutant une ou deux journées. 

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