Tout d'abord, Londres, lieu symbolique de l'horlogerie, où se trouve le méridien de Greenwich. Le glorieux patrimoine horloger de la Grande-Bretagne a servi de toile de fond à la première édition du Horology Forum (2018), une émanation de la Dubai Watch Week. La suivante s'est tenue virtuellement, ostensiblement en raison de la pandémie du coronavirus, mais aussi pour souligner le pouvoir des plateformes en ligne dans le monde de l'horlogerie d’aujourd'hui.
Enfin, New York a accueilli la troisième édition globale (et la deuxième édition en direct) du Horology Forum. Le temps semble fonctionner différemment ici, dans la ville qui porte le nom d'une unité chronométrique. C'est une ville qui porte son âge avec légèreté : aucune autre ville avec une histoire comparable ne peut prétendre à un tel niveau d'énergie et de vitalité humaine. Aucune autre ville n'est aussi intensément américaine et simultanément internationale. Dans son roman d’apprentissage de 1939, The Web and the Rock, l'auteur américain Thomas Wolfe observait qu’on "appartient à New York instantanément. On y appartient autant en cinq minutes qu'en cinq ans".
Il y a cinq ans, le voyage du Horology Forum à New York commençait, lors de la clôture de la Dubai Watch Week 2017, lorsque Hind Seddiqi, directrice générale de la Dubai Watch Week, révélait que l'événement ferait une pause l'année suivante. À sa place, l'équipe organisatrice a laissé entendre de manière alléchante que quelque chose d'autre était prévu pour 2018. En l'espace de cinq minutes, l'atmosphère dans la salle était passée d'une déception contenue à une anticipation bouillonnante.
Je m'en souviens parce que j'étais là. J'ai toujours cru en ce que la Dubai Watch Week tente de faire, car nous avons la même finalité : élargir les discussions mondiales sur les montres, faire découvrir cette passion rare à davantage de personnes et œuvrer pour la pertinence et la croissance à long terme de l'horlogerie. Ce "quelque chose d'autre" auquel ils faisait allusion s'est avéré être le Horology Forum - le format le plus populaire de la Dubai Watch Week, qui consiste en des panels de discussions avec des CEO, des experts du secteur et des provocateurs - exporté dans d'autres villes.
À New York, le Horology Forum 2022 a pris la forme d'une explosion et d'une affirmation de soi, caractéristiques de la ville hôte. En plus des tables rondes toujours appréciées, un format de débat a été introduit, opposant les orateurs les uns aux autres dans un duel d'art oratoire. Les cadres de l'industrie horlogère ne sont généralement pas connus pour leur éloquence sous pression, mais le spectacle de Tim Mosso (l'encyclopédie horlogère résidente de WatchBox) et de Fiona Kruger (designer écossaise à l'esprit vif et fondatrice de sa marque éponyme) s'affrontant verbalement sur le thème des entreprises horlogères familiales a prouvé que le public était prêt à voir la passion et la conviction réelles prendre le devant de la scène dans les conversations horlogères.
Les tables rondes ont continué à ancrer le programme d'activités, et tout comme à Londres, où l'horlogerie britannique avait été mise en avant lors du Horology Forum 2018, l'horlogerie américaine était sous les feux de la rampe lors du Horology Forum 2022. Des micro-marques telles que Brew Watch Co. étaient représentées, ainsi que des marques situées à l'extrémité supérieure de la pyramide, telles que le génie californien de la finition des mouvements J.N. Shapiro. Ami de longue date de la Dubai Watch Week, Aldis Hodge, star de cinéma et horloger autodidacte, a apporté son histoire unique, donnant au public une perspective différente sur le lancement d'une marque de montres en tant qu'outsider du secteur.
À la fin de la conférence, nous avons sauté sur l'occasion de parler avec Hind Seddiqi de la situation du Horology Forum de New York, de l'état de l'horlogerie américaine et de la véritable motivation derrière la création de la Dubai Watch Week.
Le Horology Forum déménage à New York ! C'est une nouvelle ville pour vous et vous avez ajouté de nouveaux ingrédients dans la préparation, en introduisant des masterclasses et des débats dans le programme.
C'était quelque chose que nous pensions que le public new-yorkais apprécierait, vous savez. Nous ne voulions pas faire exactement ce que nous faisions à Londres. Le public est plus rapide ici et nous avons pensé qu'il était important d'inclure plus de variété. Le format du débat est quelque chose que nous voulions faire depuis longtemps, d'ailleurs. Et nous savions que si nous devions le faire, il fallait que ce soit ici, à New York. Et je dois dire que les intervenants ont été très courageux d'accepter ce nouveau format. Les débats ont vraiment été mes sessions préférées.
Et n'avez-vous jamais envisagé de leur donner des sujets faciles ou des questions faciles ? Ou bien avez-vous directement répondu aux questions difficiles ?
C'est ce que nous voulions. Nous voulions les frapper avec des questions difficiles, les laisser se confronter les uns aux autres. En ce moment, nous sommes tous trop polis, un peu inquiets d'offenser les gens. Mais je pense que si les spectateurs comprennent l'objectif du débat, ils verront qu'il s'agit simplement d'un échange d'opinions robuste, qui ne vise pas à offenser qui que ce soit.
Était-il toujours important pour vous de vous concentrer sur l'horlogerie américaine ici ? Avez-vous dû vous documenter ou vous éduquer avant de vous engager dans cette voie, car dans ce secteur, nous sommes certainement moins familiers avec l'horlogerie américaine qu'avec son homologue suisse.
Oui, nous voulions savoir ce qui se passait ici. Y avait-t-il des horlogers américains qui contribuaient à l'histoire ici et dont nous n'avions pas entendu parler ? Existait-il encore des horlogers américains ou des marques de montres américaines qui se cachent secrètement quelque part en attendant de renaître ? Nous avions fait quelques recherches, nous avions demandé à nos amis des médias américains. Nous voulions savoir pourquoi il n'y avait pas plus d'horlogers américains, même si l'économie était suffisamment forte pour les soutenir. Il y a de l'innovation ici, un grand nombre d'ingénieurs talentueux, un marché de consommation fort, alors pourquoi l'industrie horlogère n'est-elle pas plus présente ici ?
Avez-vous trouvé une réponse à cette question ?
Non, pas vraiment. Mais j'espère que nous pourrons lancer des discussions, proposer des idées et inciter les gens à en parler dans l'espoir de faire avancer les choses. J'espère que quelque chose ressortira de notre séjour ici.
L'une des meilleures choses au sujet de la Dubai Watch Week est de voir quelqu'un découvrir l'horlogerie pour la première fois et de voir la passion prendre vie en lui.
C'est exactement ce que nous voulons, et c'est exactement comme ça que la Dubai Watch Week est née. Nous [Ahmed Seddiqi & Sons] avions l'habitude d'emmener des clients en Suisse, de visiter des marques et des manufactures, et nous les voyions s'enflammer pour l'horlogerie comme ils ne l'avaient jamais fait auparavant. C'est un sentiment de dépendance ! Et assez rapidement, nous avons senti que ça ne suffisait pas de voir une poignée de personnes vivre ça à chaque fois. Nous en voulions plus. Nous voulions multiplier cet effet. Et c'est ainsi que l'on a obtenu la Dubai Watch Week.
