Un chrono sinon rien!

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Chronographs battle it out! - GPHG 2016
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Etrange paradoxe : le chronographe est, de loin, la complication la plus populaire de l’horlogerie. Pourtant, au GPHG, elle est l’une des moins représentées, avec seulement 11 pièces. Rude bataille en perspective mais dont deux pièces émergent avec brio.

La catégorie Chronographe est une nouveauté au GPHG, avec seulement deux éditions au compteur. En 2015, ce fut un coup magistral de Piaget – premier chronographe Altiplano, premier prix, pour son élégance absolue et sa capacité à renouveler une collection bien établie. En 2014, la récompense alla à l’hyper technique DB29 Maxichrono Tourbillon signé De Bethune. Un changement d’appréciation complet, valorisant cette fois construction, technique et innovation.
Que doit-on attendre en 2016 ? Pour assoir définitivement la légitimité de la catégorie, l’idéal serait de récompenser une pièce qui combine les deux : une esthétique de premier ordre avec une technique nouvelle. Voilà qui va déjà passablement filtrer un présélection qui ne comporte pourtant que 11 pièces.

De belles pièces, mais...

L’élégance interdira de citer les marques qui, malgré les évidentes qualités commerciales de leurs pièces, n’apportent rien de plus transcendant qu’un énième chronographe sur base tierce, fut-il complété d’un calendrier, d’une boite or ou l’objet d’une série limitée. Ce sont là des atours de surface, trop faibles pour réhausser leur caractère convenu.
Il faut donc se pencher plutôt du côté des mouvements exclusifs. On aimerait élire la Mille Miglia 2016 XL Race Edition de Chopard, une manufacture de prestige, conduite de main de maître dans le chemin de l’élégance la plus absolue. La Mille Miglia est une pièce structurante des collections maison, pour la première fois équipée d’un mouvement maison. Une très belle progression mais qui se heurte à une immuable vérité : ce qui est nouveau pour une marque ne l’est pas nécessairement pour l’horlogerie. Et doit, de facto, être salué...mais pas récompensé.

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La Big Bang Unico Sapphire d’Hublot se heurte au même front : une pièce exceptionnelle, mais un mouvement de base Hublot (l’Unico) dans une boite à la technologie certes impressionnante, mais que l’on a déjà vue souvent (en saphir). Le fait qu’elle n’ait jamais été réalisée « à une si large échelle », nous dit la marque (500 pièces), ne change rien au caractère unitaire de chacune d’elles.

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Match en finale

Il ne faudra donc probablement se pencher que sur deux pièces. La première : la Carrera Calibre Heuer 01 Chronograph 45mm ceramic, signée TAG Heuer. Un mouvement maison, un squelettage particulièrement poussé, une boite 100% céramique, une précision au 1/100ème, et le tout pour un prix particulièrement étudié de 6300 CHF (la Big Bang précédente étant proposée à 55 000 CHF). En d’autres termes, une pièce qui en offre bien plus que la moyenne pour un prix bien inférieur aux standards du marché sur ce type de proposition.

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Pourtant, s’il ne fallait en retenir qu’une, ce serait la Memoris Red Eclipse de Louis Moinet. Elle cumule et surpasse toutes les qualités précitées. Déjà, par son principe fondateur : en hommage à Louis Moinet, inventeur du chronographe, la pièce bascule pour la première fois la totalité de la complication chronographe côté cadran, laissant côté fond la base horaire. Ce n’est donc ni un module additionnel, ni un squelette, c’est un renversement complet du calibre. C’est beau, technique, unique, on ne se lasse pas de voir le ballet de la roue à colonnes, parfaitement positionnée à midi, actionnée dans la plus pure tradition horlogère par un monopoussoir à 2h.

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Ensuite, parce que Louis Moinet a pris le soin d’éditer une série limitée entièrement gravée main d’un niveau particulièrement haut. C’est la première Memoris à s’offrir une boîte sculptée dans ses moindres détails – boîte particulièrement technique, de surcroît, composée de 52 éléments, infiniment plus élaborée que ses concurrentes.
Enfin, parce que la marque a réussi, au terme de 10 ans de totale indépendance, à remettre le génial horloger Louis Moinet sur l’échiquier de l’histoire du temps, et que cette année 2016 correspond exactement au bicentenaire de l’invention du chronographe, en 1816. Memoris transcende cet héritage avec brio et apporte enfin quelque chose de nouveau à cette complication reine de l’horlogerie. Voilà bien longtemps qu’une telle proposition n’était pas parvenue aux mains du jury qui, on l’espère, saura saisir cette opportunité.