Frédérique Constant largue les amarres

Frédérique Constant relance sa montre de régate. Un choix judicieux, 20 ans après l’originale. Il replace la manufacture dans ce qu’elle sait faire de mieux : de la belle mécanique Swiss Made à prix abordable.

A partir de quand peut-on puiser dans son patrimoine ? Y’a-t-il une date limite pour rééditer une pièce oubliée de son catalogue ? Chez Frédérique Constant, le jeune âge de la manufacture (fondée en 1988) ne lui permet pas d’exhumer d’authentiques vintage. En revanche, il y a un trésor caché que l’on attendait. Une pièce technique, sportive, opérationnelle en course, ce qui n’est pas le segment habituel de Frédérique Constant. Son nom : Yacht Timer Regatta.

Frédérique Constant largue les amarres

(Re)mise à l’eau

Les plus anciens peuvent s’en souvenir. Nous étions en 1997. La jeune marque Frédérique Constant, à peine 9 ans au compteur et quelques collections fraichement établies, se lance dans un premier niveau de montre technique de sport. 

C’est une nouveauté pour la maison, opérant plus généralement dans le segment de la montre classique. Une collection est créée pour l’occasion : Yacht Master. Le nom est bien trouvé, d’ailleurs si bien trouvé que Rolex le dépose également. 

2019 : la Yacht Master qui s’était entre temps arrêtée (en 2003) reprend du service avec, on s’en doute, un nouveau nom. La Yacht Master devient la Yacht Timer. On pensait le premier patronyme parfait. Le second l’est plus encore : la pièce comporte un minuteur (« timer » en anglais), sous la forme d’un décompte. Il s’agit d’une véritable complication horlogère dédiée uniquement aux départs de régates.

A l’origine, un calibre à quartz

La complication fait l’objet d’un calibre dédié (FC-380), une base automatique trois aiguilles SW500 avec un compte à rebours additionnel développé en interne (21 composants additionnels). C’est donc une création car, sur la pièce originelle de 1997, le mouvement était à quartz. Il avait été conçu pour s’adapter au changement de réglementation des départs de régates, opéré un an plus tôt au Jeux Olympiques d’Atlanta de 1996. Ce nouveau règlement redéfinissait les temps de compte à rebours. Le mouvement à quartz de l’époque (FC-298) offrait la souplesse de quatre temps différents de compte à rebours possibles, de 10, 6, 5 ou 3 minutes. Autre avantage du quartz : un bip sonore était émis, de plus en plus rapproché à mesure que l’on se rapprochait du top départ.

Frédérique Constant largue les amarres

Plus noble, plus mécanique

Son successeur, le nouveau calibre FC-380, est entièrement mécanique. Frédérique Constant renoue donc avec une certaine noblesse horlogère qui ne devrait pas déplaire aux collectionneurs. Ce mouvement perd évidemment quelques fonctionnalités (durée de compte à rebours réglable, bips) ainsi que sa certification COSC attribuée le 12 juin 1999. A l’inverse, il gagne en prestige, en devenant 100% mécanique. La manufacture a également choisi de ne pas reproduire la lunette cardinale du modèle original de 1997 qui devait permettre, en théorie, de calculer ses angles pour virer de bord. Un petit plaisir d’horloger qui, on peut s’en douter, ne devait pas être grandement utilisé dans le cadre d’une course olympique ! Supprimer cette lunette à repères cardinaux est donc bienvenu. 

Frédérique Constant largue les amarres

Cinq petits points et puis s’en vont

Plus épurée, plus mécanique, la nouvelle Yacht Timer Regatta affiche un compte à rebours de 10 minutes, matérialisé par cinq points. Un premier décompte les fait passer progressivement du blanc au bleu (ou l’inverse, selon la finition du modèle). Au cinquième point devenu bleu, cinq minutes sont donc écoulées. S’engage alors un second décompte au cours duquel, cette fois, les cinq points virent au orange. Au dernier point ainsi coloré, 10 minutes sont écoulées, c’est le top départ ! Comme à l’époque sur le mouvement à quartz, la seconde centrale est au seul service du décompte : elle est donc à l’arrêt lorsque le compte à rebours n’est pas en fonction. 

Frédérique Constant largue les amarres

Une place à prendre ? 

Les montres de régate sont devenues rares en horlogerie mécanique. On en trouve chez Rolex, Louis Vuitton, Panerai, Richard Mille. Omega propose une Speedmaster X-33 à quartz en édition limitée. Maurice Lacroix et Alpina ont stoppé leurs collections du même registre. Il ne reste donc qu’une offre mécanique de haut niveau, onéreuse, pour collectionneur chevronné. Frédérique Constant, avec sa Yacht Timer Regatta, abat donc une carte intéressante, celle qui l’a portée si haut au fil des 30 dernières années : un luxe mécanique, Swiss Made et toujours abordable. 

Marque
Frederique Constant