Sexy Tortue !

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Tantalising Tortue  - Claude Meylan
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La maison farouchement indépendante poursuit l’exploration de sa boîte « Tortue », au sein de laquelle elle orchestre un épatant mariage de matière et de vide. Des pièces ludiques, uniques, déroutantes mais terriblement attachantes

L’exercice de style horloger comporte deux difficultés. La première : se fixer une ligne directrice esthétique et s’y tenir. La seconde : savoir s’en dégager à temps, avant qu’elle ne devienne une prison créative.

sexy Tortue !

La maison Claude Meylan parvient progressivement à sortir de ce piège. Depuis de nombreuses années, elle s’est spécialisée dans l’art du squelette. L’exercice peut rapidement tourner autant en rond que la boîte dans lequel il s’enferme. 

Mais la marque a vu juste en déclinant son identité sur bien d’autres variables. Déjà, une boîte qui n’est pas nécessairement ronde, mais tonneau, appelée « Tortue ». Ensuite, un squelettage qui s’applique parfois aux composants, parfois au cadran, parfois les deux. 

Qui plus est, ce n’est pas une simple éviction de matière, mais un véritable travail stylistique sur la géométrie des ponts, de la platine. Chez Claude Meylan, le squelettage est autant une opération technique qu’une technique décorative et, aujourd’hui, une véritable signature esthétique. La marque joue autant avec la matière résiduelle qu’avec le vide qu’elle laisse. 

Les deux révélations que la marque effectue lors de cette semaine horlogère sont l’illustration de ces deux approches : la première comme une opération technique, la seconde comme une sculpture du vide.

Une Tortue qui a du chien

Au premier registre, c’est une Tortue « La vie en rose » qui apparaît. Ou disparaît ? Car du cadran et du mouvement de cette nouvelle création, il ne reste plus grand-chose ! Dans une construction rayonnante, la pièce affiche une multitude de ponts qui fixe chacun des organes de la montre : mise à l’heure et remontage, train de rouages, échappement, barillet. Certains ponts sont doublés : un volume inférieur argenté, et un volume supérieur de couleur or, associé à la teinte naturelle du mouvement. Au milieu : deux aiguilles de type cathédrale, empreintes de matière luminescente. À midi, l’échappement, dans une position assez peu conventionnelle. L’ensemble est assez baroque, surprenant, foisonnant. Masculin ? Féminin ? L’époque s’en moque. Claude Meylan également. 

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Tortue cloutée

La seconde composition présentée par la marque joue sur un autre registre : l’art du vide. Le mouvement est structuré de manière complètement différente : cadran horaire décentré à midi, en équilibre avec le micro rotor à 6h, complété par le balancier à 9h. C’est une composition en apparence plus simple, mais elle ne l’est pas. Elle se fraie un chemin entre deux décorations (cotes de Genève, clou de Paris), entre deux tons (or et argent), entre plein et vide, entre aplats et précipices abruptes, entre tradition et modernité. Chacune de ces dimensions se complète, se répond, sans nuire à la cohérence et l’homogénéité du tout. Comme la précédente Tortue, cette pièce intitulée « Tortue Lady Clous de Paris » est divertissante, au sens le plus étymologique du terme : ce qui nous sort du chemin. Lequel ? Celui de la composition traditionnelle, des vis bleuies, de la masse oscillante en fond de calibre, de l’heure centrale. Et c’est toujours une bonne chose, pour un collectionneur, de sortir de sa zone de confort.

sexy Tortue !

Dans cette Tortue, l’on peut donc tout questionner : pourquoi une trotteuse rouge ? Et un « XII » rouge aussi ? Pourquoi avoir découpé l’emplacement du 9 au profit d’un mobile ? L’on aurait encore davantage de questions en se délectant de ce que laisse apercevoir le fond saphir, avec des ponts évidés dont le motif rappelle ceux que l’on aperçoit côté cadran. Une pièce ludique, joyeuse, pétillante. Une pièce de caractère, comme celles à qui elle se destine. 

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