Inspirés par leur passion de l’horlogerie, Ludwig Wurlitzer et Philipp Man fondent Chronext en 2013 – imaginée sur un coin de table pendant leurs études en Business Management au King’s College de Londres. Les 8 années qui suivent leur donneront raison. La pandémie digitalise la société en mode accélérée et leur entreprise prend des allures de success story. En 2020, annus horribilis pour l’industrie horlogère, la société dépassait ainsi pour la première fois les 100 millions de chiffre d’affaires, avec un « taux de croissance annuel composé de 46% entre 2018 et 2020 » indique-t-elle. Cette année, des mastodontes de l’industrie horlogère et du e-commerce rejoignent Chronext : Jacob Fonnesbech Aqraou, vétéran des achats en ligne venu d’e-Bay, devient président du conseil d’administration, par ailleurs rejoint par Norbert Platt, ex-CEO de Richemont, en tant que conseiller, et Hamdi Chatti, ancien responsable de la division horlogère Louis Vuitton. Mais quelle est donc la recette de Chronext, dont les ingrédients semblent si bien convenir à l’air du temps ?
Des digital natives amateurs de qualité « old school »…
Est-ce parce que les co-fondateurs de Chronext sont eux-mêmes passionnés d’horlogerie ? Toujours est-il que la qualité et l’authentification du « produit » est pour eux une préoccupation majeure. Pas question de risquer de proposer de la contrefaçon, ni de confier le contrôle à des sociétés annexes. Chaque modèle est scruté par l’un des horlogers de l’atelier de Cologne. Pas de lèse-majesté non plus : la patine des modèles vintage reste préservée, comme le veut la bienséance horlogère, alors que les montres contemporaines déjà portées bénéficient d’un polissage. Ainsi remises en état et authentifiées, les montres Certified Pre-Owned et vintage sont garantie Chronext pendant 2 ans – prête à rejoindre la plateforme de vente en ligne. Les montres neuves sont même doublement garanties : par la marque – puisque dans ce cas le boitier n’est pas ouvert lors du contrôle – ainsi que par Chronext, qui vérifie l’état neuf, la précision et l’étanchéité.
… avec des méthodes de vente hybrides, version « new school »!
Osez-vous l’achat en ligne, ou alors préférez-vous manipuler l’objet convoité, dûment conseillé ? Chronext a choisi de ne pas choisir. Si certains jeunes consommateurs achètent volontiers sur le net – avec livraison à la maison et droit de renvoi de la montre dans les 14 jours – d’autres clients préfèrent le « click & collect ». Un conseiller en horlogerie les reçoit alors dans l’une des lounges Chronext – à Berlin, Cologne, Paris, Londres ou ailleurs – avec possibilité d’essayer et de commenter (partie intégrante du processus d’achat !) avant de, souvent, succomber.
Mais d’où viennent-elles ?
Les stocks de Chronext recèlent environ 7 000 modèles de montres neuves ou second hand certifiées, de 49 marques. Les montres proviennent de particuliers, de détaillants ou de marques – soit vendues à Chronext, soit confiées pour la vente, mais toujours authentifiées et contrôlées. La plateforme bénéficie d’un impact européen et d’une base de données de clients mondiale, avec 8 sites web dédiés selon les marchés (Italie, Autriche, Suisse, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, et « monde » avec une extension « .com »). Dans un secteur où la concurrence est rude entre les différents canaux de distribution, Chronext, qui comptabilise plus de 100 000 clients depuis son lancement, reste discrète quant à ses partenaires au sein des marques ou parmi les détaillants.
Et qui sont-elles ?
Les plus jeunes consommateurs craquent pour le vintage ou le Certified Pre-Owned et ses prix attractifs – une Rolex Datejust peut en effet s’acquérir pour la moitié du prix du neuf ! S’y ajoutent l’aspect « durable » ainsi que plus « personnel », dont les jeunes générations raffolent. Chronext explique d’ailleurs s’attendre à ce que le second hand et le vintage concurrencent bientôt les ventes de modèles neufs à parts égales.
Chronext propose des modèles dès 1 000 euros, sans plafond, ce qui ouvre la porte à toutes les raretés. En 2014, une montre Patek Philippe se vendait ainsi 540 000 euros. Quid d’éditions limitées ou de partenariats affichés avec des marques ou des détaillants ? Ce n’est pas au programme, Chronext préférant encore une fois la discrétion – et le succès.
