Quand le caoutchouc vaut de l’or

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Rubber: worth its weight in gold? - Straps
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En vogue mais pas encore noble, le bracelet caoutchouc devient un élément à haute valeur ajoutée d’un garde-temps.

En joaillerie, il se dit que les diamants sont éternels. En horlogerie, l’on n’était pas loin de penser que les bracelet métalliques (or, acier, titane, platine, principalement) l’étaient également. Ce fut une erreur : depuis quelques années, le bracelet caoutchouc les bouscule. Il offre une telle valeur ajoutée qu’il égale son illustre prédécesseur. Par ses qualités de résistance, de longévité, mais aussi de créativité, de performance voire de coût de développement, le caoutchouc est en passe de s’anoblir.

Quand le caoutchouc vaut de l’or

Un marché, un acteur incontournable

Nul n’ignore dans le landernau horloger le rôle central joué par Biwi dans cette lente (r)évolution. L’entreprise de Glovelier (JU), familiale, a séduit les plus grands. On apprécie sa discrétion, ses clients aussi. On n’en saura pas plus sur les grandes marques qui se fournissent auprès d’elle – tout au plus Richard Mille qui en affiche depuis le début la fructueuse collaboration, notamment par la réalisation d’un bracelet en caoutchouc transparent qui prit, à lui seul, deux ans de développement.

Quand le caoutchouc vaut de l’or

Si le bracelet caoutchouc a aujourd’hui atteint un tel niveau de popularité et de technicité, c’est pour deux raisons : ce qu’il peut faire et ce que l’on peut lui adjoindre. Dans la première catégorie, se trouvent les formes, matières et couleurs, mais également les traitements anti bactériens donc anti odeurs. Tout, ou presque, est possible. 

Au registre de ce que l’on peut adjoindre au caoutchouc, la liste est là aussi presque sans fin. Chez Hysek, par exemple, la Kilada intègre à son bracelet caoutchouc un insert en « H », reprenant l’initiale de la marque. Il peut être réalisé en acier, en titane ou en or, selon les modèles.

Quand le caoutchouc vaut de l’or

Quand le bracelet met la gomme

L’autre grand ajout que l’on peut faire au caoutchouc est la gomme de pneu. La tendance couvre presque toutes les marques à tendance racing. Un pionnier ? Chopard. Le plus emblématique exemple est le bracelet avec le profil du pneu Dunlop des années 1960. Ce pneu était celui choisi par Karl Scheufele, père de Karl-Friedrich Scheufele pour ses voitures de collection. Il était considéré comme le meilleur pneu du marché à l’époque. La marque en a reproduit le profil à l’identique dès 1995 (collection Mille Miglia).

Quand le caoutchouc vaut de l’or

La maison sera suivie deux ans plus tard par une autre manufacture genevoise : Patek Philippe. C’est le fameux bracelet « Tropical », réalisé en 1997 exclusivement pour l’Aquanaut. Son développement a duré plus d’une année et sa fabrication nécessite de nombreuses opérations spécifiques ainsi que l’usage de plusieurs machines, parmi lesquelles une presse de 150 tonnes.

Quand le caoutchouc vaut de l’or

Roger Dubuis est la manifestation la plus récente de l’hybridation pneu – bracelet. Dans le cadre de son partenariat avec Pirelli, la manufacture a réalisé des bracelets issus de l’authentique gomme prélevée sur des pneus Pirelli ayant effectivement gagné en course. Chaque modèle de cette collection très exclusive est assorti aux fameux sept codes couleurs des Pirelli. La marque s’est même fendue d’une variation Sottozero, avec bracelet clouté, en référence au fameux pneu neige Pirelli.

Quand le caoutchouc vaut de l’or

Et demain ?

Le bracelet caoutchouc évolue vite mais, d’une éclosion relativement récente, il lui reste de multiples pistes à explorer. On pense à l’insertion de matière luminescente. La résistance est également sujette à progrès : elle est actuellement associée à une certaine épaisseur. L’idée serait un caoutchouc extra plat mais tout aussi résistant. Comme une montre, en somme ! Ceux de Richard Mille, par exemple, tiennent une traction de 20 kilos.

Quand le caoutchouc vaut de l’or

Enfin, nul doute que le bracelet suivra une autre grande tendance que la montre : la personnalisation. Il faudra alors se pencher sur des couleurs jusque-là non demandées par les marques (mais qui pourront l’être par les clients), des insertions de matières plus ou moins exotiques (du sable de St-Barthélémy, du cigare de la Havane, du pétrole des Emirats, au hasard), voire des formes auxquelles personne n’avait songé (et pourquoi pas un bracelet de force en caoutchouc ?). Un avenir très prometteur mais qui reste pour le moment intégralement externalisé : aucune marque n’intègre la production de ses propres bracelets caoutchouc. Leur importance croissante pourrait bien changer la donne et favoriser de prochaines fusions – acquisitions.