Un nautile au creux du rochet

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The Mystery of the Shell on the Dial - Bianchet
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L'horlogerie est parfois surprenante. Bienvenue en conchyliologie horlogère, ou l'art de coquillage dans un barillet

Le nombre d’or est une réalité mathématique qui produit invariablement des proportions appréciées de tous. La plupart des marques horlogère l’utilise, consciemment ou non, à l’échelle de toute la montre ou de l’un de ses composants. La question, finalement, n’est pas de savoir si l’on utilise le nombre d’or, mais pourquoi on l’utilise. 

Une histoire de famille

Chez Bianchet, la réponse se trouve peut-être dans l’ADN du couple formé par Rodolfo et Emmanuelle Festa Bianchet. Rodolfo est né au sein d’une famille présente depuis 1885 dans la laine et le cachemire, puis a commencé dans le négoce horloger. Emmanuelle a débuté sa carrière dans la mode, en parallèle d’une passion nourrie pour la musique classique (Conservatoire de piano) et la peinture, qu’elle exerce tous deux encore aujourd’hui. La fusion de ces passions, associée à la volonté de revenir en terres alpines pour manufacturer de beaux objets, s’est naturellement incarnée dans l’horlogerie. Emmanuelle a dessiné sa première montre en 2016, une pièce destinée à la plongée.

Un nautile au creux du rochet

Beau et fort à la fois !

Le projet de premier tourbillon conçu par Bianchet est résolument sportif. Or le sport – et donc la performance – n’est pas toujours compatible avec la perfection esthétique. Ce qui prime pour la résistance et l’endurance n’est pas nécessairement ce qui charme l’œil... 

L’enjeu de cette première pièce est donc de concilier le beau et le fort, l’agréable à la pupille et le performant au poignet. Le cap de cet improbable chemin de crête est un nombre, le nombre d’or : 1,618. Pour mieux marquer la fusion recherchée entre la technique et l’esthétique, ce « 1,618 » deviendra également le nom du tourbillon maison, baptisé Tourbillon B1.618 Openwork. 

Un nautile au creux du rochet

Au-delà du boîtier

Dans la perspective des travaux du mathématicien Fibonacci (qui a théorisé le nombre d’or), la courbe s’est imposée à toute l’architecture de la montre. La première d’entre elles est celle du boîtier : un tonneau avec un profil doux et galbé, symétrique, qui épouse parfaitement le poignet. Nouveau ? Non. Mais là n’est pas la singularité du Tourbillon B1.618 Openwork. Elle se cache dans son mouvement. 

Pour la voir, il faut d’abord savoir : d’une part, comment se matérialise la suite de Fibonacci, d’autre part comment fonctionne une montre mécanique. C’est à ce prix que l’on comprendra leur proximité. Car la suite en question, lorsque l’on transpose son algèbre en géométrie, dessine peu ou prou un coquillage – un mollusque céphalopode appelé nautile, pour les amateurs de curiosités océaniques. 

Ce coquillage se déroule sur lui-même depuis un axe central, suivant des courbes toujours distantes des mêmes proportions (1,618, justement). Or, en horlogerie, quel est l’organe qui se déroule sur lui-même à partir d’un axe central ? Le barillet ! 

Un nautile au creux du rochet

C’est donc de lui que toute la géométrie du Tourbillon B1.618 Openwork découle. C’est le Point Zéro de la montre, niché sous la roue dentée fixée sur son arbre, appelée « rochet ». Tout est organisé autour de ce rochet de barillet : non seulement ses propres spires mais, au-delà, et comme s’ils en étaient les prolongements naturels, les ponts du reste du mouvement. 

C’est ce qui produit cette géométrie si singulière en courbes entrelacées. Elle ne pouvait être révélée que par une architecture squelette. Ce qui pose d’ailleurs la question de l’avenir de ce calibre : si sa raison d’être est de se montrer intégralement, ne verra-t-on jamais de B1.618 avec cadran ? Les paris sont ouverts. La chasse aux coquillages aussi ! 

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