Les 12 Chronos Phares : Partie 1

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Twelve Landmark Chronographs: Part 1  - 20 Years of Watchmaking
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C’est probablement la complication la plus répandue après la date – également l’une des plus techniques et évolutives. A lui seul, le chronographe mériterait un ouvrage dédié ! Nous avons ici sélectionné les plus importants développements des 20 dernières années, accompagnés d’une sélection de 12 modèles incontournables*

Changement de paternité

De quand date le premier chronographe de l’histoire ? La réponse la plus acceptée est 1821. Nicolas Rieussec développa cette année-là un instrument capable de mesurer de brefs intervalles de temps, sans afficher l’heure. En 1822, il reçut un brevet de cinq ans pour l’exploitation de son chronographe à seconde.

C’est cette découverte que Montblanc reprit à son compte en 2008, en créant un chronographe éponyme directement inspiré de celui de Rieussec. Il est animé d’un calibre équipé de deux disques tournants. Le calibre MB R100 est toujours produit, depuis complété par de multiples complications (date, second fuseau, etc.).

Le Chronographe

En 2013, un atelier indépendant, Louis Moinet, attire sur lui tous les projecteurs. Son fondateur et CEO, Jean-Marie Schaller, vient de mettre la main sur une pièce qui conduira à la réécriture de tous les manuels d’histoire horlogère. Son nom? Le «Compteur de Tierces ». Cette pièce d’une valeur inestimable fut retrouvée dans une vente aux enchères en 2012. Première surprise : sa datation très précise par poinçon. Commencé en 1815, il est terminé en 1816. Deuxième surprise : le Compteur de Tierces est encore parfaitement fonctionnel. Troisième surprise : l’instrument inventé par Louis Moinet offre une précision au 1/60e de seconde, soit 216’000 alternances par heure. Non seulement Louis Moinet a donc indiscutablement inventé le chronographe mais il est, dans le même temps, le père fondateur de la haute fréquence.

La révolution Agenhor

L’horloger Jean-Marc Wiederrecht a un point de vue très tranché sur le chronographe contemporain: des compteurs illisibles, petits, mal placés et, au final, une complication qui n’est pas valorisée à son juste niveau. Entre 2007 et 2020, il va y apporter sa propre solution – pour ne pas dire sa solution ultime : l’AgenGraphe.

C’est un mouvement avec un trou. «Un donut », sourit aujourd’hui l’intéressé. Toute la partie horaire du calibre est lovée dans sa circonférence. Au milieu, un espace circulaire vide. Là, Agenhor a eu la géniale idée de placer un module de chronographe, en position centrale. Cette place de choix permet d’avoir un chronographe à affichage central, similaire au mouvement de la Rotonde de Cartier Chronographe Central sortie en 2009. L’heure devient secondaire, indiquée en périphérie de cadran. Le chronographe trône, avec ses trois aiguilles centrées : heures, minutes, secondes. Pour admirer cette merveille mécanique (près de 500 composants, 67 rubis), la masse oscillante est placée sous le cadran: l’AgenGraphe a donc les avantages d’un mouvement automatique (plus de 50 heures de réserve de marche) avec ceux d’un mouvement mécanique (visibilité intégrale du mouvement par le fond saphir). Qui plus est, les minutes et heures passent désormais d’un saut net et précis.

Le Chronographe

Pour admirer cette merveille mécanique (près de 500 composants, 67 rubis), la masse oscillante est placée sous le cadran : l’AgenGraphe a donc les avantages d’un mouvement automatique (plus de 50 heures de réserve de marche) avec ceux d’un mouvement mécanique (visibilité intégrale du mouvement par le fond saphir). C’est une première. Qui plus est, les secondes, minutes et heures passent désormais d’un saut net et précis.

TAG Heuer, à la vitesse de la lumière

Elle est l’une des marques qui a le plus travaillé le chronographe entre 2011 et 2016, et de très loin. L’homme à l’avant-poste de ces innovations : Guy Sémon. Sémon est dans son élément: il a rejoint TAG Heuer en 2008 en tant que vice-président des sciences et de l’ingénierie, ainsi que responsable de la recherche et du développement, après avoir travaillé avec eux en tant que consultant externe pour le projet Monaco V4.

Le Chronographe

Repenser le chronographe des années 2000

La «haute fréquence » et la division de la seconde en base 10 vont devenir les fils conducteurs de son travail. En 2009, il pose les fondations de la chaîne duale, développée en interne chez TAG Heuer. Il supprime l’embrayage et équipe ses montres de deux chaînes cinématiques complètes, un système que la marque avait déjà exploré depuis 2005 dans les chronographes modulaires Carrera Calibre 360. La première décompte les heures, minutes, secondes et reste cadencée à 4 Hz. La seconde est dédiée au chronographe et est cadencée à 50 Hz. Ainsi est né le Mikrograph en 2011: une montre, deux mouvements indépendants. Celui du chronographe affiche une grande aiguille des secondes qui fait un tour de cadran en une seconde. Sa lecture du 1/100e de seconde est donc directe. Il en sera fait environ 500 exemplaires.

Chronographe puissance 1000

Le Mikrotimer Flying 1000 suit deux ans plus tard, en 2011. De la haute fréquence (50 Hz), TAG Heuer passe à la très haute fréquence : 500 Hz. La pièce permet donc de mesurer le 1/1000ème de seconde. Pour y parvenir, TAG Heuer a dû concevoir un lanceur de balancier. Le Mikrotimer Flying 1000 sera réalisé à quelques dizaines d’exemplaires.

De l’ancre à la poutre

Dès l’année suivante, Guy Sémon repousse ses propres limites. De 500 Hz, il passe à 1000 Hz. C’est le Mikrogirder. La pièce reprend son principe de chaîne duale mais, cette fois, la partie chronographe cadencée à 1000 Hz mesure les 5/10000ème de seconde. Pour y parvenir, Guy Sémon a travaillé sur un système de poutre vibrante. La pièce reçoit l’Aiguille d’Or 2012, la plus haute distinction du GPHG.

Le premier tourbillon haute fréquence pour chronographe

Toujours en 2012, Guy Sémon s’attaque au balancier. Le Mikrotourbillon S repose toujours sur une chaîne duale. Elle est ici équipée de deux tourbillons semi-volants. Le premier (horaire) est à 4 Hz, le second (celui du chronographe) est à 50 Hz, soit 12 révolutions par minute. Le Mikrotourbillon S ne sera édité qu’à trois exemplaires.

Attraction mécanique… et magnétique

En 2013, TAG Heuer poursuit son travail sur l’échappement pour créer le balancier magnétique. C’est le Mikropendulum. La pièce repose toujours sur une chaîne duale. La partie horaire est de conception traditionnelle, à 4 Hz. La partie chronographe est cadencée à 50 Hz et comporte un balancier muni d’un rotor et d’un stator.

Piaget et Bvlgari, le manifeste du chronographe extra-plat

Le chronographe est perçu comme un instrument sportif, donc robuste, épais, voire massif. L’extra-plat, comme un raffinement de salon, l’apanage de collectionneurs aux petits soins pour leurs garde-temps. Deux mondes qui s’affrontent, l’outdoor contre l’indoor, le moderne contre la tradition, la précision contre la préciosité.

La réconciliation est engagée en 2015 par Piaget, avec l’Altiplano Chronographe. La pièce, manuelle, se love dans un boîtier de 41 mm, à l’épaisseur de seulement 8,24 mm. Le mouvement, seul, ne mesure que 4,65 mm d’épaisseur. La pièce remporte le Prix de la Montre Chronographe au GPHG (Grand Prix de l’Horlogerie de Genève).

Quatre ans plus tard, en 2019, l’histoire se répète : le même GPHG décerne le même prix à une pièce similaire, l’Octo Finissimo Chronographe GMT de Bulgari. C’est une collection contemporaine, disruptive. Et une collection habituée aux records, puisque l’Octo Finissimo cumule 6 records du monde de finesse en 6 ans, le dernier en 2020 avec l’Octo Finissimo Tourbillon Chronographe Squelette Automatique.

Le chrono vintage, totem des années 2000 - 2020

En 2014, Breitling a fêté les 30 ans de l’une de ses pièces historiques : le Chronomat. Avec elle, la marque a rejoint la tendance de l’industrie vers le vintage – ou l’art de produire des rééditions de modèles historiques. Toutes les marques orientées grand public ont succombé à la tendance, s’inspirant des pièces des années 1950 et 60, parlantes pour tous les collectionneurs qui y voient les témoins de leur propre passé.

Le Chronographe

Ou d’un passé fantasmé, pour les jeunes publics qui y voient l’âge d’or du design horloger de leurs parents. Là, on trouve Jaeger-LeCoultre avec la réédition de sa Polaris de 1968, Vacheron Constantin avec sa FiftySix ou encore Tudor avec ses Heritage Chrono. À leurs côtés, quelques marques s’investissent dans le chronographe vintage sport, notamment Alpina. 2019 fut un cru exceptionnel, avec les 50 ans simultanés de la première El Primero de Zenith, de la première Monaco de TAG Heuer (en son temps simplement «Heuer ») et de la «Moonwatch» d’Omega, la Speedmaster ayant participé à l’alunissage du 21 juillet 1969.

Le Chronographe

*À l’occasion du 20ème anniversaire de GMT Magazine et de WorldTempus, nous nous sommes lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années en horlogerie dans The Millennium Watch Book, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais, avec une remise de 10% en utilisant le code WT2021.

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