Grandeur en cadence : partie 1

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Diameters Waxing and Waning over Two Decades: Part 1  - 20 Years of Watchmaking
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Le diamètre d’une montre, une donnée 100% objective ? Pas tant que cela. Ce qui paraissait grand en 2000 semble modéré 20 ans plus tard. Sans compter les artifices techniques des horlogers pour favoriser l’illusion d’un cadran plus ou moins ouvert*

In 1920, le diamètre d’une montre était habituellement entre 24 mm et 28 mm. En 2020, il se situe entre 39 mm et 42 mm. La montre-bracelet voit-elle son diamètre augmenter au fil des décennies ? Certainement pas ! Cette progression apparemment constante ne l’est pas. Au fil des modes et des exigences de certains marchés, le diamètre généralement constaté d’un boîtier s’adapte. Les deux décennies écoulées en sont les témoins.

Grandeur en cadence : partie 1

Une déconnexion entre diamètre et mouvement

Les montres masculines ont de longue date vu leur diamètre s’indexer sur celui du calibre qui les animait. En passant le cap des années 2000, cette donnée technique s’est avérée secondaire. Le fameux calibre ETA 7750, probablement le chronographe le plus répandu, fait 30 mm de diamètre. Et pourtant, il équipe le plus souvent des pièces qui font 10 mm de plus. Il appartient au cercle d’emboîtage de relier calibre et boîte, en faisant en sorte que le premier ne flotte pas au sein du second.

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Il en va de même pour les Cal. 2824 ou 2892 (25,6 mm), là encore répandus par millions d’unités, sans même compter les variations proposées par Sellita (SW 200, 25,6 mm également) ou, dans une moindre mesure, les calibres similaires proposés par LVMH ou Richemont.

Aujourd’hui, dans bien des cas, la taille du calibre et celle de son boîtier sont donc dissociées. Pour une marque, choisir le bon diamètre est donc avant tout une histoire de positionnement et de lisibilité. Eric Giroud, designer horloger (Harry Winston, MB&F, Mido, Boucheron, Tissot, Van Cleef & Arpels), ne manque d’ailleurs pas de souligner que « les montres les moins chères sont souvent les plus grosses ».

Une histoire de taille… et de prix

En termes de positionnement, il appartient au diamètre d’une montre de refléter l’identité de la marque. Dans les années 2000 à 2020, quelles que furent les fluctuations de la mode et des tendances, quelques maisons institutionnelles se sont gardées de faire varier leurs modèles : Rolex, Patek Philippe, Breguet, Chopard pour l’essentiel de la collection L.U.C, parmi quelques rares autres. Pour elles, pour la cohérence de leur identité, il n’y a guère de salut ailleurs que dans la plage 39-41 mm.

Grandeur en cadence : partie 1

La révolution du  «oversized»

A l’inverse, certaines maisons ont construit leur identité avec des diamètres délibérément «oversized». Il en va ainsi de Hublot, dont la Big Bang a trouvé son régime de croisière à 45 mm. L’essentiel de la collection Portugieser d’IWC se situe entre 42 et 45 mm. L’Excalibur de Roger Dubuis est connue pour son diamètre principal de 45 mm. Au début des années 2000, Franck Muller proposait déjà 7 ou 8 tailles de son format fétiche, le tonneau. Et l’Officine Panerai reste principalement identifiée par ses larges boîtiers. « Il y a 20 ans, Panerai a clairement posé les bases de la montre grand format », poursuit le designer Eric Giroud. Une Submersible n’existe pas en dessous de 42 mm, une Luminor monte jusqu’à 50 mm. Pourquoi ?

Grandeur en cadence : partie 1

*À l’occasion du 20ème anniversaire de GMT Magazine et de WorldTempus, nous nous sommes lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années en horlogerie dans The Millennium Watch Book, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais, avec une remise de 10% en utilisant le code WT2021