C'est quoi, un module ?

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So what is a module, exactly? - Movement
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Dans le jargon de la construction mouvement, on parle de construction modulaire ou, à l'inverse, de construction intégrée. Plongée dans les strates du calibre.

A la lecture des fiches techniques, on tombe parfois sur ce mot étrange : module. Vague, neutre, il désigne une infinité de choses. Le format d'un cigare, un vaisseau spatial, et en l'occurrence, en horlogerie, une plaque de complication. Pas plus avancés ? Très bien. Parlons un peu de mouvement.

Un mouvement est comme un gâteau de mariage. Il peut avoir plusieurs étages. Au minimum, il possède les fonctions basiques qu'on demande à un moteur d'horlogerie. Il donne l'heure, la minute et, même s'il ne l'affiche pas forcément, la seconde. Pour ce faire, il s'appuie sur des organes qui agissent ensemble comme un système. Une source d'énergie (le barillet), un système de comptage du temps (balancier/spiral et échappement), une transmission (les rouages) et une interface avec le porteur (l'affichage). On l'appelle communément mouvement de base, parfois même tracteur.

C'est quoi, un module ?

Or un calibre peut offrir bien d'autres indications que celles-ci. En comptant sommairement, on dépasse vite les cent complications et combinaisons. Comment sont-elles calculées ? Il y a deux approches. La première est de partir d'un mouvement de base et d'y greffer un bloc séparé, autonome, dédié à une ou plusieurs fonctions. C'est le module en question. On l’appelle plaque de complication parce qu'il a une forme de plaquette ronde. Mais il n'est pas autonome. Il vient prendre son énergie et la mesure du temps sur le mouvement de base, qui le porte, l'alimente, d'où le terme de tracteur.

L'avantage du module est qu'on peut le produire séparément ; le greffer sur différents mouvements et qu'il est bien plus simple qu'un calibre de base. Et donc plutôt économique. Il enrichit des calibres de fonction utiles comme second fuseau horaire, grande date, réserve de marche ou phases de lune. Il est même incontournable lorsqu'il s'agit d'affichages exotiques, comme l'heure vagabonde ou les fonctions rétrogrades. L'inconvénient est qu'il se superpose au mouvement et quand il a des excroissances, elles sont décalées en hauteur. Exemple type, avec un module de chronographe (chez Audemars Piguet ou Girard-Perregaux), les poussoirs ne sont pas au même niveau que la couronne. Pire, la date, qui appartient souvent au mouvement de base, se retrouve affichée au fond d'un puits.

C'est quoi, un module ?

L'autre approche est le mouvement intégré. Sur une même platine, dans un ensemble qu'on ne peut dissocier, toutes les complications interagissent sous le même toit. Cette construction est plus noble, et fonctionnellement, a un avantage précieux. Elle fait gagner de l'épaisseur. En effet, une construction intégrée peut loger des fonctions dans le plan latéral et non pas vertical. C'est par exemple le cas du calibre 113 d'Oris, qui ajoute jour, date, mois et numéro de semaine sans changer de hauteur par rapport au calibre 110.

Reste une troisième approche, plus rare, plus exclusive. La construction semi-intégrée consiste à greffer des organes sur un moteur de base. Au lieu de posséder leur propre platine, qui est gourmande en épaisseur, ces complications fonctionnent dans des espaces percés dans un mouvement existant. Le gain en hauteur est important, celui en complexité aussi. Mais il est la seule approche pour éviter de développer un mouvement entier pour chaque combinaison de complications. C'est pour cela que Patek Philippe et A. Lange & Söhne s'en servent pour leurs grandes complications.

C'est quoi, un module ?

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