Pour tous les ors du monde

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For all the golds in the world - Innovation and Technique
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Vous pensez connaître l'or? Peut-être pas si bien que cela. Car ce qui compte, c'est aussi ce qui n'est pas or en lui.

L'or est la matière de référence des travailleurs de métal depuis 5000 av.jc. Jaune comme le soleil, il est hautement résistant à la corrosion et donc garde sa couleur indéfiniment. Il est aussi ductile et dense, c'est à dire malléable et lourd. Enfin, il acquiert une forte brillance au polissage. En horlogerie comme en joaillerie, l'or n’est pas utilisé dans sa forme pure, l'or 24 carats. Il est utilisé comme matière principale d'alliages dits 18 carats, où l'or pur représente 75% de la masse totale. Le dernier quart fait toute la différence, en termes de couleur entre autres propriétés.

Parlons d'abord de la couleur. L'or gris, aussi appelé blanc, utilise des métaux pâles, palladium et argent, pour obtenir sa teinte gris clair. Mais dans ce mélange, l’essentiel reste jaune. Alors presque tout le monde y ajoute un plaquage de rhodium pour être sûr que ce gris reste bien gris....excepté Chopard, qui utilise un alliage stabilisé par sa forte teneur en palladium.

Vous pensez connaître l'or?

Puis viennent les tons chauds, qui ouvrent le chapitre des N. Chaque N représente 5% des derniers 25% de l'alliage. Traditionnellement, ces N sont du cuivre pour la couleur, et de l'argent pour... le poids. L'or 1N n'existe pas vraiment, mais il serait jaune. L’or 2N est l'or jaune officiel. Le 3N incorpore un peu plus de cuivre, ce qui réchauffe la teinte. L'or 4N est l'or rose à proprement parler. Le 5N est parfois appelé or rouge, même s'il reste bien rosé.

Le cuivre est donc indispensable puisqu'il se charge de la couleur. Ce sont les autres N qui font la différence parce qu'il ne s’agit pas toujours d'argent. Par exemple, Rolex utilise du platine pour son or Everose. Le platine stabilise les couleurs sur la durée en augmentant la résistance à l'oxydation du cuivre, sans compter l'impression de prestige. Hublot utilise un principe similaire avec son King Gold. De son côté, Omega a préféré le palladium pour son Or Sedna.

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Mais un alliage ne se résume pas à ses composantes. D'autres facteurs contribuent à faire de la métallurgie un art, comme en témoigne IWC et son “Hard Gold”. En travaillant sur la granularité et les conditions de fonte, ils arrivent à le rendre 5 à 10 fois plus dur que les ors 18ct traditionnels. Au début des années 2010, A. Lange & Söhne et Chanel avaient lancé des initiatives similaires, respectivement sous les noms d'Or Miel et Or Beige, avant de les abandonner. L'or reste tendre et se prête donc au sablage, à la gravure et à tout ce qu'on peut imaginer entre deux. Par exemple l'or martelé qu'Audemars Piguet appelle “Frosted”.

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Enfin, restent ceux qui n’utilisent pas de métal pour les 25 derniers pourcent. En effet, ce n'est ni évident, ni réglementaire. L'or 18ct doit comporter 75% d'or en masse, le reste est innovation. Tout avait commencé avec Hublot et son Magic Gold, une structure poreuse en céramique dans laquelle était injecté l'or en fusion. Avantage, il possédait la résistance à l’abrasion de la céramique. Difficile à comprendre par le public, il était aussi pâle et tristounet, ce qui a réduit ses applications. D'autres n'ont pas encore jeté l'éponge, car une équipe de l’École Polytechnique Fédérale de Zurich travaille un 18ct à base de plastique recyclé. Bonne chance pour le vendre aux horlogers...

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