Apprendre au crâne à dire l’heure

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Teaching the skull to tell the time - HYT
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La façon unique qu’a HYT d’afficher l’heure sur ses montres est déjà assez compliquée. Mais que se passe-t-il lorsque le capillaire circulaire prend une forme encore plus complexe ?

HYT a créé dans l’horlogerie une niche que personne n’aurait pu imaginer : afficher l’heure non pas au moyen d’aiguilles ou de disques, mais grâce au mouvement d’un fluide à l’intérieur d’un minuscule capillaire. Ce capillaire et les fluides qui s’y écoulent sont produits chez Preciflex à Neuchâtel, société sœur de HYT. Le but de cet article n’est pas de revenir sur le processus de fabrication délicat de ces deux composants cruciaux (pour plus de détails, vous pouvez consulter le reportage sur notre visite chez Preciflex), mais plutôt d’examiner les défis posés par le changement de forme du capillaire, du cercle régulier à la forme irrégulière d’un crâne. Cela rend-il inévitablement les choses beaucoup plus compliquées ?

Des turbulences dans une montre ?

Etrangement, la réponse est à la fois oui et non, comme le CEO de Preciflex Grégory Dourde l’a expliqué à WorldTempus. « Le ménisque est la frontière entre le liquide transparent et le liquide coloré. Il bouge dans une forme particulière lorsque nous avons une forme circulaire, comme dans les modèles H1. Mais lorsque l’on ajoute des angles, la forme du ménisque change, cela pose donc un problème. Imaginez que vous êtes en train de conduire une voiture et que vous essayez de prendre un virage sans freiner. Pensez aux forces auxquelles vous seriez soumis. Nous avons le même problème avec le liquide qui doit se frayer un chemin dans les courbes. Nous avons effectué beaucoup de tests pour vérifier que les angles que nous avions sur le crâne pouvaient être gérés à différentes températures (où le liquide aurait des viscosités différentes) sans aucune difficulté. Si la courbe était trop serrée, elle pouvait provoquer des turbulences et il y avait un risque que les liquides se mélangent. Nous avons dû contrôler tout cela avec le crâne. »

Une solution simple pour un problème complexe

Malgré les difficultés, la solution est d’une évidence presque aveuglante : le capillaire à l’intérieur du crâne a exactement la même longueur que sur les autres modèles HYT, ce qui signifie qu’il y a le même volume de liquide et qu’il bouge précisément à la même vitesse (bien que légèrement plus vite dans les coins). Cela signifie aussi, et c’est décisif, que HYT peut utiliser le même compensateur de température que pour tous ses autres modèles, sans quoi le système tout entier aurait dû être complètement reconçu.

La touche humaine, étonnamment importante

On pourrait imaginer que le capillaire en forme de crâne doit être produit à des tolérances très réduites, mais ce n’est pas le cas. En réalité, il est fabriqué par une combinaison de travail mécanique et manuel, comme l’explique Grégory Dourde : « Les coins sont formés à la main, mais le sommet du crâne, où il est rond, est fait par des machines que nous avons, pour certaines, développées nous- mêmes à l’interne. » Pourtant, c’est l’œil nu qui tient l’un des rôles les plus importants dans le contrôle qualité de ce garde-temps compliqué. « Nous avons deux sortes de tolérances, dit M. Dourde. Celles qui sont liées au fait que le capillaire est à l’intérieur d’une montre – tolérances horlogères – et la tolérance humaine. L’œil nu peut détecter immédiatement même la plus imperceptible des imperfections en symétrie. Donc un composant acceptable d’un point de vue purement technique peut ne pas passer une inspection visuelle. C’est encore plus évident lorsque le composant est inséré dans la montre terminée. »

Et l’avenir ?

HYT ne manque certainement pas d’idées. La société a enregistré de nombreux brevets pour ses innovations micro mécaniques en rapport avec le capillaire et le développement de fluides colorés. Plus récemment, elle a présenté une façon innovante d’illuminer ses montres sur le modèle H4 Metropolis. Mais ici le potentiel n’est pas nécessairement dans l’illumination mais dans la génération de courant. « Nous avons développé le module lumineux pour la Metropolis et nous avons pour lui un brevet en suspens. Puisque nous générons de l’électricité, nous étudions maintenant d’autres manières d’utiliser l’électricité produite par le même moyen dans d’autres applications », conclut Grégory Dourde.

 

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