« Rupture de stock ». La mention revient sans cesse, entêtante. La Polo Vintage 67 de Ralph Lauren est devenue, en 6 mois, la montre que tout le monde veut, et que personne ne trouve. Allez comprendre : les lubies des collectionneurs sont parfois mystérieuses. D’ailleurs, entre Ralph Lauren et ces collectionneurs, la vie n’a pas été toujours rose.
Débuts compliqués
Lorsque la marque se propose d’entrer en horlogerie il y a près de 15 ans, ce n’est pas vraiment avec humilité. « Nous visons le très haut de gamme (...) dans un choix de matériaux qui se limite à l'or et au platine. On pourrait résumer en disant que nos montres concentrent ce qu'il y a de meilleur », explique sans ambages le CEO de l’époque. L’accueil à son premier SIHH est...glacial. En horlogerie, Ralph Lauren est un colosse aux pieds d’argile, qui a tout à prouver – ce que ne manqueront pas de lui rappeler certaines maisons adjacentes à son stand de Palexpo. La posture était malheureusement trop effrontée, à son détriment. Or non seulement les gammes RL étaient d’excellente facture, mais également en parfaite cohérence avec l’univers de la marque. Il reste d’ailleurs toujours compliqué de trouver un tourbillon RL d’occasion, plus de 10 ans plus tard.
Qu’à cela ne tienne : Ralph Lauren quitte le SIHH et se concentre de nouveau sur ses créations iconiques plus accessibles : Polo Bear, Stirrup. L’accent est mis sur la créativité, moins sur la mécanique. Jusqu’à aujourd’hui.
Retour en grâce
Car en 2022 un homme, Guillaume Têtu, relance discrètement une pièce de très belle facture. La leçon a été apprise : une pièce abordable, mais à haute valeur ajoutée, marquée de cet esprit western cher à RL, avec une mécanique appréciée des collectionneurs. Son nom : Polo Vintage 67. Un concentré RL en 40 mm pour seulement 9 mm d’épaisseur.
C’est une taille de guêpe, des proportions justes, un boîtier unisexe mais, en même temps, la proposition d’un bracelet de force en cuir brun qui peut, au besoin, raffermir son identité masculine. La finition est exemplaire, en boîtier poli façon « gun metal », chiffres arabes en volume laqué, comme le sont les aiguilles, une minuterie « sector dial » et une petite seconde finement guillochée.
Belle mécanique
Pourtant, l’essentiel est ailleurs. Au dos, le collectionneur reconnaît la belle facture La Joux-Perret. Ce choix est décisif. Déjà, il surclasse les solutions tierces (ETA, Sellita, parmi d’autres) dont les amateurs ne sont pas les premiers clients, au bénéfice de mouvement plus pointus. Ensuite, ce LJP7380 est parfaitement décoré (cotes de Genève, ponts anglés), tout en restant sobre. Il offre 90 heures de marche, une autonomie rare. Enfin, Ralph Lauren l’a voulu manuel. Ce choix permet de se dispenser de masse oscillante et donc d’en admirer la beauté. De surcroît, c’est un parti pris technique en phase avec l’esprit années 20-30 de la Polo Vintage et de montres qui, à l’époque, se remontaient uniquement à la main.
Opportunément, cette Polo Vintage 67 vient combler un vide, entre les petites Polo Bear du grand public, à côté des pièces de style équestre, et loin derrière la collection Western, gravée à la main, qui s’échangent à dix fois son prix.
Ralph Lauren en a lancé, en catimini, une première salve de quelques centaines de pièces, toutes réservées aux boutiques RL et écoulées en quelques semaines. Un réassort a depuis été passé, toujours avec le concours de La Joux-Perret dont les beaux mouvements se font désirer. À moins de 2500 euros, le plus dur sera d’en trouver une.
