Il y a 40 ans : naissance de l’Admiral’s Cup moderne

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Admiral 42 © Corum
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La pièce aux 12 fanions est devenue l’un des piliers de la maison de La Chaux-de-Fonds. Mais qui sait, avant d’être une élégante montre de régate, que l’Admiral’s Cup était initialement une montre de salon ?

L’océan est un terrain de jeu sans limite pour les manufactures horlogères. Qu’il s’agisse de pièces de plongée promises aux grands fonds, de montres d’apparat qui ne quitteront pas les pontons de belles marinas, ou de créations sportives destinées à embarquer sur les bateaux de course, la mer est une source d’inspiration et d’inventivité prisée depuis plus d’un siècle. Omega, Panerai, Breguet, Rolex, Blancpain, Ulysse Nardin, RALF Tech, TAG Heuer, Breitling, ArtyA, Bell & Ross et tant d’autres ne s’y sont pas trompé. Corum non plus.

1960, premier jet

Toutefois, fidèle à son ADN profondément destructif, la marque frondeuse de la Chaux-de-Fonds a d’abord privilégié une esthétique radicalement à l’opposé de l’orientation sportive d’une montre maritime. La toute première itération de l’Admiral’s Cup, en 1960, est unique à deux égards : elle s’impose avant tout comme une pure montre urbaine et citadine, élégante, à destination des admirateurs de régate, mais absolument pas à leurs pratiquants. Ensuite, c’est une montre dont le design sera totalement abandonné quelque 20 ans plus tard.

1983, la renaissance

C’est donc en 1983 que commence réellement l’odyssée de l’Admiral’s Cup telle que nous la connaissons aujourd’hui. À la boîte carrée et en or succède une boîte avec lunette à 12 pans coupés, qui n’est pas sans rappeler la pan pie d’Omega, une Constellation née en 1952. Son boîtier suit la même géométrie, avec 12 discrets pans, doux et progressifs.

Admiral's Cup AC-One 45 Tides © Corum
Admiral's Cup AC-One 45 Tides © Corum

Sur son cadran, Corum a une idée forte : 12 fanions différents, symbolisant les index des 12 heures, en réalité des flammes nautiques empruntées au Code international des signaux maritimes en guise d’index. L’idée est nouvelle, colorée, et procure à l’Admiral’s Cup une identité reconnaissable au premier coup d’œil. On constate par ailleurs qu’aucune marque ne s’est depuis approprié cette héraldique, tant Corum l’a, dès ses débuts, frappé de son empreinte. Seule discrète référence peu ou prou similaire, peu connue des collectionneurs : le contrepoids de l’aiguille des secondes de la nouvelle Marine de Breguet est en forme de « B » tel qu’il est signifié en alphabet marin.

Longue carrière

Dire que l’Admiral’s Cup a beaucoup évolué en 40 ans de carrière serait un euphémisme. Mais la pièce revendique deux particularités. Déjà, sa pérennité. Malgré les soubresauts commerciaux de la maison, l’Admiral’s Cup n’a jamais quitté son catalogue. Enfin, les 12 fanions, signature esthétique de la collection, n’ont (presque) jamais été oubliés sur son cadran. Si l’on note quelques improbables et importables versions (principalement des modèles à quartz, squelette ou sertis), les fanions ont toujours été présents, fussent-ils réduits à leur plus simple expression (silhouette uniquement) ou aux endroits les plus reculés du cadran (réhaut uniquement). Une belle preuve de l’indépendance stylistique de Corum qui reste, par son histoire, l’une des maisons les plus créatives de l’horlogerie (Coin, Rolls-Royce, Feather, etc.).

Au cours des quatre décennies passées, Corum a exploré plusieurs variations de son Admiral’s Cup, tout en veillant à préserver sa fibre maritime. Déjà, la pièce a connu plusieurs noms : Admiral’s Cup, AC, Admiral, ou AC40 lorsqu’il s’agissait de souligner son diamètre, notamment en version Competition. Ce boîtier s’est d’ailleurs étendu à des ouvertures pour le moins généreuses, allant jusqu’aux 48 mm qui, comme toute montre « ultra oversized », est rapidement retombée sur le plancher océanique des montres englouties...et à oublier.

Admiral 45 Openworked Automatic Luminescent Carbon © Corum
Admiral 45 Openworked Automatic Luminescent Carbon © Corum

Essais de style

En revanche, les explorations de tons, complications et matériaux ont été bien plus fructueuses. Puisque l’on parle de régate, le chronographe s’est imposé avec évidence. En tant que montre sportive, la boîte acier sur bracelet caoutchouc a suivi le même chemin.

Plus rares, plus audacieux : le cadran en bois, rappelant avec ingéniosité les ponts en tek de beaux gréements. De très belles créations, parfois livrées avec boîte titane pour en souligner le caractère sportif. En parallèle, de rares AC-One avec boîte en bronze vieilli, comme l’on peut en trouver chez Bell & Ross ou Ferdinand Berthoud. Quelques versions se sont aussi essayées aux complications, notamment une rare Seafender de 47 mm, avec tourbillon et GMT, que l’on trouve aussi avec boîte et lunette serties. Plus récemment, un modèle « Legend » est apparu avec un remarquable cadran en marqueterie de nacre, un procédé rare et cohérent avec les aspirations maritimes de la pièce.

Par ailleurs, en 1992, le modèle 'Admiral's Cup Marées' est lancé. Doté du mouvement exclusif CORUM CO 277, il offre des informations clés telles que la lunaison et l'amplitude de la marée, l'heure de la marée ainsi qu'une estimation des hauteurs d'eau et de la force des courants. Le grand « refresh » suivant eut lieu en 2006, après qu’Antonio Calce (aujourd’hui CEO de Greubel Forsey) en eut pris la barre l’année précédente, en 2005. Plus récemment, ce sont de très avant-gardistes modèles en carbone luminescent qui ont vu le jour : l’Admiral’s Cup n’a pas fini de parcourir les océans.

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